L'histoire
Un veilleur de nuit, une lanterne à la main se rend au Vatican pour aller
dire au Pape ce qu'il a sur le cur. Pour suivre son voyage, on voit aussi un
évêque qui est saoul, un chien assis sur son cul, un catholique pratiquant, un romain
avec des pièces au fond du pantalon, Quenelle de Jouvenel Bertrand et Monsieur Claude
Führer le grand pétopiomane, Mussolini, des femmes à barbes imberbes, le printemps un
oiseau dans sa main, un chat au secours de l'oiseau blessé. L'oiseau raconte au veilleur
de nuit son vol au-dessus de l'Espagne en guerre contre le fascisme. Le veilleur partira
pour l'Espagne, au secours de la révolution en danger
Le contexte
Prévert a écrit un texte poétique, presque surréaliste, et pourtant bien ancré dans
la réalité sociale contemporaine. Au moment où il écrit ce texte, dans le courant de
l'année 1936, le Front populaire gouverne en France. En Espagne, où la guerre civile a
éclaté, les forces de gauche sont sérieusement menacées. Dans ce conflit, les
nationalistes n'ont pas la sympathie de l'artiste et, en juillet 36, il signe un
télégramme adressé à la Maison du peuple de Madrid :
" Saluons fraternellement héroïques combattants pour la liberté espagnole.
Espérons fermement victoire finale du peuple espagnole contre criminelle tentative des
aventuriers.
Vive l'Espagne populaire, gardienne de la culture et des traditions auxquelles un indestructible attachement nous lie." La signature de Prévert figure parmi celles de Gide, Nizan, P-J. Jouve, Tzara, Picasso, Aragon...
La Crosse en l'air est un plaidoyer pour l'Espagne libre, et en même temps, développe de façon virtuose tous les sentiments qui domineront l'uvre de l'artiste le long de sa vie : la défense des opprimés, l'anticléricalisme, l'antimilitarisme, la liberté, la révolte, et l'espoir. Comme Prévert aimait à le dire : "Il faudrait essayer ne serait-ce que pour donner l'exemple", la Crosse en l'air ravit de bonheur par l'humour, la tendresse et l'espoir qu'il dégage.
Le Pape : "Poussière tout n'est que poussière et tout retournera en poussière Tais-toi dit le veilleur tu parles comme un aspirateur" C'est sans doute le texte le plus virulent de Jacques Prévert, par les sentiments anticléricaux qui y sont exprimer.
"Attention camarades, attention,
Mourir pour la patrie, c'est mourir pour Renault,
Pour Renault, pour le pape, pour Chiappe,
Pour les marchants de viande, pour les marchant de canon.
Ici les enfants jouent avec la tuberculose dans le ruisseau..."
C'est l'avertissement que l'on pouvait entendre dans les rues de Paris, dans les usines en grève, au milieu des fêtes ouvrières et des manifestations populaires en 1932. Vive la Presse, écrite par Jacques Prévert, fut la première pièce jouée par le groupe Octobre.
C'est claire, la volonté du groupe n'était pas uniquement de faire du théâtre entre amis. Ils voulaient jouer de véritables pièces d'agit-prop. La monté du fascisme en Europe, le chômage, le bilan de la guerre de 14-18... mais aussi la constitution d'un front populaire et l'espoir en l'Union Soviétique motivent la troupe à chercher un auteur qui leur écrira des textes sur l'actualité. Ils demandent au directeur de L'Humanité, Paul Vaillant-Couturier, qui les oriente vers Jacques Prévert. Le groupe était formé.
"C'est le moment de faire son théâtre soi-même", avait prévenu Prévert.
De 1932 à 1936 il va écrire pour le groupe des textes, des sketchs, des chansons et des pièces de théâtre... pour chaque événement politique, à chaque circonstance. Et s'ils sont en prise avec l'actualité et ferme dans leurs engagements, les spectacles du groupe sont d'abord populaire, débordant d'extravagance, de jeux de mots, d'humour, de surréalisme et de poésie.
Prévert, bien souvent, écrivait les textes la veille afin de le présenter le lendemain aux ouvriers en grève. Chaque membre se prend au jeu, Prévert écrit et les rôles sont tenus par les acteurs du groupe.
C'est alors quatre années de camaraderie, de fraternité, d'effervescence que connaissent les gens d'Octobre, de 1932 à 1936.
"Le Tableau des Merveilles" sera leur dernière pièce. Le Front populaire élu ne répondant pas aux espérances, la guerre d'Espagne qui éclate, autant de sujets de discordes au sein du groupe : ils préfèrent se saborder avant de se fâcher.
Prévert dira plus tard : "J'ai abandonné au moment des accords Laval. C'était le moment où, dans les milieux ouvriers, il devenait de bon ton de remplacer l'Internationale par la Marseillaise. Cela ne me plaisait pas, parce que La Marseillaise je la connaissais depuis que j'étais tout petit, je l'avais vue à toutes les sauces. Et j'aimais bien l'Internationale. Alors cela s'est arrêté là."
Parmi les membres du Groupe Octobre : Jacques Prévert, Raymond Bussière, Paul Grimault, Lou Tchimoukov, Margo Capelier, Brunius, Roger Blin, Sylvia Bataille, Maurice Baquet, Marcel Duhamel, Pierre Prévert, Guy Decombe, Jean-Louis Barrault, Jeanette et Lazare Fuschmann, Suzanne Montel, Yves Allégret, Fabien Loris, Mouloudji, Jean Paul Le Chanois...
Les textes écrits et les films réalisés sous Octobre : l'avènement d'Hitler (1933), la Bataille de Fontenoy, Voyage surprise, l'affaire est dans le sac
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.