La dernière bande est un texte de théâtre en un acte écrit en anglais sous le titre de Krapp’s Last Tape et créé au Royal Court Theatre de Londres en 1958. Samuel Beckett adapta la pièce en français. Elle fut représentée pour la première fois en France au théâtre Récamier à Paris en 1960 dans une mise en scène de Roger Blin avec R.J. Chauffard dans le rôle de Krapp.
Le vieux Krapp (Serge Merlin) assis seul dans sa chambre. Au crépuscule de sa vie, s’apprêtant à enregistrer ses souvenirs de l’année écoulée comme il a l’habitude de le faire à chacun de ses anniversaires, il écoute un enregistrement qu’il a réalisé trente ans plus tôt où il témoignait d’un fulgurant moment de bonheur. S’engage alors un dialogue entre le vieillard et le Krapp d’hier, l’homme jeune encore plein d’espoir.
Un grand texte qui revisite la fuite du temps à travers les va-et-vient de la mémoire entre présent et passé, entre la force du souvenir heureux et la solitude finale au cœur des ténèbres.
Alain Françon met en scène Serge Merlin pour la troisième fois après Extinction de Thomas Bernhard et Fin de partie de Samuel Beckett.
« Se voir dans un miroir, voilà une confrontation immédiate avec soi-même relativement banale et, d'ordinaire, assez fugace. Le protagoniste de La dernière bande va se livrer à une confrontation avec lui-même autrement troublante. « Viens d'écouter ce pauvre petit crétin pour qui je me prenais il y a trente ans, difficile de croire que j'aie jamais été con à ce point-là. » Chaque année, le jour de son anniversaire, Krapp enregistre un compte rendu détaillé de son état et de ses agissements durant l'année écoulée. Chaque fois, il écoute l'une ou l'autre des bandes enregistrées des dizaines d'années auparavant, et il la commente. C'est dans cet éternel retour à son passé que réside maintenant sa seule lumière. Krapp, qui jadis déclarait ne plus rien vouloir de ce qu'il avait vécu, ne peut aujourd'hui exister que s'il parvient à être de nouveau ce qu'il fut : « Sois de nouveau, sois de nouveau. » Il lui faut surtout être encore celui qui, « quand il y avait encore une chance de bonheur », a vécu un instant d'amour. »
Les éditions de minuit
« Serge Merlin, comédien absolu conduit en grand maître d’armes son duel avec son magnétophone… Il est l’humanité en un. Le prodigieux comédien maintient la flamme jusqu’à l’extinction finale… Françon et Merlin ont réussi à nous faire toucher sa profondeur et sa poésie désespérée. » Les Echos
« Le travail ici est sur le rythme, les suspens, les silences. La voix de l’interprète, sa manière de bouger, ce qu’il y a de fragile et de menaçant, en même temps dans ce personnage, Serge Merlin le fait sien de toutes ses fibres. Très sobrement. Un grand récital, pudique, beau. » Le Figaro
« La mise en scène épurée et subtile d'Alain Françon joue sur les ombres et les lumières. (...) Le voir [Serge Merlin] et entendre ces remuements de l'âme et du corps assez « volcaniques » a quelque chose de prodigieux. Et pourtant, son interprétation très expressionniste du texte ne nous convainc pas. Trop chargée peut-être. » Sylviane Bernard-Gresh, Télérama TT
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