Pendant quarante ans, Svetlana Alexievitch a parcouru ce pays qu’on appelait l’URSS et enregistré des centaines de témoignages pour écrire ce qu’elle appelle des « romans de voix », œuvres polyphoniques, chorales, symphoniques, faites de ces confessions, tout ce dont la grande histoire ne tient jamais compte, l’histoire laissée de côté.
« Ce qui m’intéresse, écrit-elle, c’est le petit homme, le grand petit homme car la souffrance le grandit. Dans mes livres, il raconte lui-même sa petite histoire, et en même temps, il raconte la grande histoire. »
D’une personne à l’autre, de voix en voix, elle a écrit cinq livres qui n’en font qu’un seul, un livre sur l’histoire d’une utopie, le socialisme. Son dernier roman La fin de l’homme rouge fait résonner les voix des témoins brisés de l’époque soviétique, voix suppliciées des Goulags, voix des survivants et des bourreaux, voix magnifiques de ceux qui ont cru qu’un jour « ceux qui ne sont rien deviendraient tout », et sont aujourd’hui orphelins d'utopie.
« J’ai cherché ceux qui ont totalement adhéré à l’idéal. Ils n’ont pas été capables de lui dire adieu. Se perdre dans une existence privée, vivre, tout simplement, sans utopie sublime. Renoncer à une histoire grandiose pour vivre une vie banale. J’ai été choquée et horrifiée par l’être humain, j’avais envie d’oublier ce que j’avais entendu. Et plus d’une fois aussi, j’ai eu envie de pleurer de joie devant la beauté de l’être humain. Ce qui m’attirait, c’était ce petit espace, l’être humain. Juste l’être humain. En réalité, c’est là que tout se passe. (…) Je suis entourée de ces voix, ces centaines de voix, elles sont toujours avec moi. J’aime les voix humaines solitaires, c’est ce que j’aime le plus, c’est ma passion ».
Depuis dix ans, Emmanuel Meirieu porte des romans à la scène, et toujours sous la forme de témoignages. Face au public, au micro et seuls en scène, des êtres viennent se raconter, brisés, viscéralement humains. Dans Des Beaux Lendemains, quatre témoins pleuraient les enfants d'un car scolaire accidenté. Avec les mots de Sorj Chalandon, le traître et son trahi se succédaient au micro pour nous dire la difficulté de pardonner et de se pardonner. Dans Des hommes en devenir, six hommes en deuil venaient nous dire leur manque.
« Au théâtre, je crois d’abord aux mots et aux histoires pour dire ce que nous vivons, ce que nous ressentons, au plus profond de nous-même, dit-il. J’ai été bouleversé par les groupes de parole auxquels j’ai pu participer dans ma vie. Les alcooliques anonymes disent de leurs réunions qu’elles sont des partages : autour d’une grande table, chacun vient se raconter et tous écoutent les faits vécus (…) Je suis convaincu qu’on peut faire du théâtre de milles façons, après quinze ans de travail, j’ai trouvé la mienne : un personnage vient se raconter à vous, tout simplement. Quand je fais du théâtre, je veux que les spectateurs oublient que c’est du théâtre. Je veux que, dès les premiers mots prononcés, ils croient que celui qui leur raconte son histoire est celui qui l’a vraiment vécu, comme dans un groupe de parole.
Qu’ils croient que les acteurs prononcent ces mots-là pour la première fois de leur vie, et qu’ils le font pour eux. Il n’y a qu’au théâtre que le personnage d’une histoire est physiquement présent comme cela devant nous, vivant, dans le même endroit du monde et au même moment, respirant le même air, séparé simplement de quelques mètres de nous. Il n’y a qu’au théâtre qu’il peut s’adresser directement à nous, vous pouvez presque le toucher. Ces personnages de roman devenus des hommes de chair et d’os, des êtres vivants, humains, crèvent le quatrième mur pour se confier à nous, partager leurs émotions. C’est nous qu’il regarde, c’est à nous qu’ils parlent. Ce ne sont plus des monologues de théâtre, ce sont des témoignages, des faits vécus par la personne qui nous les raconte. »
De La fin de l’homme rouge, Emmanuel adaptera huit témoignages, huit personnages, de toutes les générations, dans un écrin de lumière et de musique, à sa façon.
« Pas une des paroles proférées ne laisse indifférent. L'agrégat de ces voix solitaires finit par former une chorale sublime et pathétique, d'où il ressort que la mort des idéaux est une blessure qui ne cicatrise pas. Magistral. » Télérama TTT
très bon théatre, les acteurs sont excellents .
les acteurs sont authentiques, la piece est une rétrospective de l'URSS très puissante .
Ces témoignages de la destruction par la violence et l'humiliation des espoirs et des utopies de trois générations de soviétiques, incarnées par des comédiens formidables conduisent au silence, au recueillement et aux larmes. J'ai pleuré devant le désespoir de cette institutrice dont le fils de 14 ans s'est suicidé 1 an après le démantèlement de L'Union Soviétique et n'ai eu que la force d'écouter en tremblant les cris des autres blessés qui survivent avec des plaies ouvertes et douloureuses à jamais.
texte tres fort bon jeu d'acteurs
Pour 5 Notes
très bon théatre, les acteurs sont excellents .
les acteurs sont authentiques, la piece est une rétrospective de l'URSS très puissante .
Ces témoignages de la destruction par la violence et l'humiliation des espoirs et des utopies de trois générations de soviétiques, incarnées par des comédiens formidables conduisent au silence, au recueillement et aux larmes. J'ai pleuré devant le désespoir de cette institutrice dont le fils de 14 ans s'est suicidé 1 an après le démantèlement de L'Union Soviétique et n'ai eu que la force d'écouter en tremblant les cris des autres blessés qui survivent avec des plaies ouvertes et douloureuses à jamais.
texte tres fort bon jeu d'acteurs
Dommage que le parti pris soit celui de la scénographie à l'encontre du texte. Les acteurs sont remarquables mais le dispositif les rend inaudibles. Ces monologues sont présentés de façon décousus pour la dramatique et répétitifs dans la présentation. Le résultat est lassant et décevant si l'on a déjà lu le livre. Il y a un raté en considérant l'oeuvre de l'auteur et la Russie. peut être aurait il fallu se rappeler de Guerre et Paix avant de sélectionner ces textes et les mettre en scène. Dommage pour les moyens de production engagés. Ph THEBAULT
49 avenue Georges Clémenceau 92330 Sceaux