C'est d'abord la vision d'un petit garçon dont l'enfance est embellie de tableaux traditionnels de la campagne. Il y a aussi le souvenir de l'adulte qui au fur et à mesure des années a tout idéalisé, tout fantasmé. Il s’est fait duper par son imaginaire. Peut-être que les choses n'étaient pas aussi belles et aussi géantes. De même que la marre aux canards dite la boutasse est devenue un étang dans la tête du petit garçon, les trois sapins sont devenus forêt !
Il y a aussi la réalité des êtres, héroïques, pathétiques et généreux sous l'oeil de l'enfance. L'adulte s'aperçoit avec la distance que certains n'étaient pas si honorables. De même manière que la nature recule devant l’avancée de la ville, le garçon, devenu homme ne retrouve plus ses racines.
Les avait-il inventées ? Quand l’homme revient au pays, la maison de l'enfance est transformée, modernisée par la nouvelle génération aux désirs plus urbains. Il ne retrouve plus les bruits et les images d’autrefois : " on entend plus les oiseaux, je reçois en pleine figure des bruits qui ne m’appartiennent pas. " Il prend alors conscience de son duel interne entre la sauvegarde des images du passé et l’acceptation du présent. C’est avant tout une pièce qui parle du monde rural et de ses traditions en voie de disparition. Une démarche qui s’inscrit dans le devoir de mémoire et qui tente de faire passer des émotions vécues par l’auteur à travers cet univers bucolique.
Les parties narratives du roman que l’on a volontairement maintenues dans l’adaptation théâtrale s’inscrivent discrètement dans l‘ensemble de la dramaturgie. Il ne s’agit pas d’un spectacle de conteur mais d’une pièce de théâtre impliquant une dynamique de dialogues dans un cadre narratif. Ce spectacle proposé par trois comédiens les sollicite sur différents personnages. On joue sur la convention théâtrale pour distribuer les rôles qui animent les multiples tableaux. Un décor minimaliste favorise l’appréhension de cette écriture qui s’engage quelque part dans un mode poétique.
« Il y a des petits miracles de bonheur dans notre monde de brute, des petits miracles de poésie. Un homme revient dans le pays de son enfance, il arrive avec son bagage de souvenirs qui ont embelli la réalité. » M.L.Laure Atinault Webthea et RadioEnghien.
« Trois comédiens remarquables jouent 13 personnages qui se succèdent, s’interpellent, constatent le temps qui passe dans l’univers des campagnes françaises des années 50. » P.Dannes, Hebdo 93.
15, rue du Maine 75014 Paris