Comédie acerbe, la première pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt (dont le troisième acte a été revu par l'auteur en 2005), plus de 15 ans après sa création, n'a rien perdu de sa force, de sa causticité, ni de son étrangeté…
Cette nuit à Valognes, au cours de laquelle six femmes qui furent les victimes de Don Juan, séduites et abandonnées, vont instruire son procès et le condamner à réparer sa faute, pourrait être la nuit de la Justice... mais elle sera celle des dupes. Car pourquoi y aurait-il d’un côté les bons et les purs, et de l’autre les méchants et les séducteurs ? Serait-ce si simple ? A y bien réfléchir, connaissons-nous vraiment ces femmes séduites par Don Juan, anciennes victimes devenues, le temps d’une nuit, des juges, ou cette toute fraîche victime... ?
Il est impossible qu’elles n’aient eu que ce rôle passif... Dans la vie on ne peut pas être que victime. Pendant cette longue nuit nos certitudes se craquellent. C’est cela que nous voulons voir : ce qu’il y a derrière.
C’est pour cette raison que nous venons au théâtre. Le gentil Sganarelle ? Et si ce chroniqueur scrupuleux des frasques de son maître était un grand inventeur-enjoliveur... La pure jeune fille ? Dont toutes les femmes demandent à Don Juan de l’épouser pour expier sa faute et ses crimes passés ? Et si c’était elle aussi une manipulatrice... Et l’amour ? Quel est le véritable visage de l’objet amoureux qui suscita, un jour, le plus grand émoi de Don Juan ? Un visage surprenant...
Posons-nous des questions. Bousculons nos idées. Et tout cela, en jouissant des réparties acerbes, des dialogues qui font mouche de cette plume encore toute neuve d’Eric-Emmanuel Schmitt qui signait là sa première pièce, créée il y a quinze ans, comédie qui n’a rien perdu de sa vigueur et de sa capacité à bouleverser nos certitudes...
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