La petite robe de Paul

du 19 au 29 mars 2009
1h30

La petite robe de Paul

Paul n’a jamais rien caché à Irène, sa femme. Un jour, il est irrésistiblement attiré par une petite robe blanche exposée dans la vitrine d’un magasin et finit par l’acheter. La présence dans la maison de la petite robe est un point fixe et mystérieux autour duquel le récit se noue, engendrant des soupçons sur une seconde vie de Paul…

Paul n’a jamais rien caché à Irène, sa femme. Un jour, il est irrésistiblement attiré par une petite robe blanche exposée dans la vitrine d’un magasin et finit par l’acheter. La présence dans la maison de la petite robe est un point fixe et mystérieux autour duquel le récit se noue, engendrant des soupçons sur une seconde vie de Paul, l’ouverture de la blessure de l’avortement, cauchemars, fantasme, jalousie, colère, crise, sang et larmes. Les objets mêmes sont reliés à la robe enfantine comme une boîte à secret de famille. Le vêtement immaculé obsède, soulève les non-dits, éclaire les actes manqués, réveille les chagrins enfouis, les rancoeurs, dénature les rapports du couple, suscite une saine violence. Comme le fantôme de la momie dans Belphégor, la petite robe ne s’apaise que lorsqu’elle a trouvé sa place.

Pour donner corps à l’intrigue, au cheminement de Paul et d’Irène, il me semble important, de trouver une forme théâtrale qui oscille entre scénographie et magie : faire apparaître et disparaître des accessoires, des éléments de décor, des personnages avec la rapidité et la souplesse que la mémoire et l’imagination peuvent avoir. Par exemple Paul, lors d’un repas de famille, s’adresse au public, comme pour goûter à la confidence, dévoilant ainsi un autre visage. Sa famille, autour de lui, se fige comme dans une vieille carte postale, et il peut commencer à évoluer dans un espace imaginaire, une vie secrète qu’il ne partage concrètement avec personne.

Le but est ici d’arriver à trahir la forme dès qu’elle apparaît, à rendre éphémère la réalité de Paul pour créer un univers qui touche plus à la sensation ou à l’évocation. On passe ainsi du réel au fantasme ou du réel au passé, pour faire exister la mémoire comme un personnage à part entière qui influence Paul, nous donnant à voir ou à sentir, de façon plus ou moins distordue, ce qu’il perçoit de l’intérieur. C’est bien le geste, la parole, le souffle ou le mouvement d’un acteur qui déterminera le point de départ de l’évocation. Ainsi un élément bougera, disparaîtra ou se transformera.

Olga, la mère de Paul, a un regard sur les autres rempli d’amusement et de sagesse. « Elle a le bleu regard qui ment ». Elle dit ce qui agace et provoque la colère. Elle est sûre de son impact et de son autorité. Quand elle n’est pas dans l’imagination de Paul, elle se déplace avec un fauteuil électrique. Edith assiste à la reconstitution d’Irène, la suit dans la tourmente. Mais elle reste, malgré ses interventions et ses analyses, contemplative et perdue. Elle a ce côté clownesque de ne jamais se retrouver dans l’univers des autres, de ne pas avoir sa place ailleurs que dans le divan d’Irène. Une sorte d’auguste maladroit et irrésistible...

Agnès, fille d’Irène et Paul, pose la question de la transmission. Elle a le pouvoir, sous leur regard d’entraîner ou d’emmener un nouveau décor, de déployer une table ou d’arracher une tapisserie. Elle est épinglée au décor comme un papillon, mais peut se déplacer avec... Peut-être qu’au fond, c’est elle qui nous raconte cette histoire.

«… ces images sont seulement de s clichés de la mémoire qui se superpo sent en transparence : lieux, personnages et objets se confondent ainsi au fil du spectacle. Tous ces clichés sont issus du passé, mais nous concernent, nous et notre époque ; le processus selon lequel ils apparaissent ne doit rien à la logique de la vie quotidienne… » (interview de Tadeusz Kantor Sur l’incessant glissement des images dans Qu’ils crèvent les artistes, un entretien avec Philippe du Vignal.)

Par la Compagnie La Main Gauche.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 29 mars 2009

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