La raison gouverne le monde

Pierrefonds (60)
le 12 juillet 2003
12H00

La raison gouverne le monde

Cinq textes, autour d’un même projet artistique, d’une réflexion commune, interrogeant la folie meurtrière, politique, économique qui gouverne notre monde devenu bien déraisonnable. La Paix d’Aristophane, Titus Andronicus de Shakespeare, Bradamante de Garnier (un contemporain de Shakespeare), Les Européens de Barker, La Mission de Müller.

Cinq textes autour d’un même projet
Les pièces

La paix

Titus Andronicus
Bradamante
Les Européens
La mission
Le projet
Calendrier des représentations

« La seule idée qu’apporte la philosophie est la simple idée de la raison - l’idée que la raison gouverne le monde et que, par conséquent, l’histoire universelle s’est elle aussi déroulée rationnellement. » Hegel, La Raison dans l’histoire

C’est à une fête du théâtre que Christian Esnay et sa troupe nous convient ; pas moins de cinq pièces à découvrir ou redécouvrit ! (séparées par des entractes, elles peuvent être vues séparément) : La Paix d’Aristophane, Titus Andronicus de Shakespeare, Bradamante de Garnier (un contemporain de Shakespeare), Les Européens de Barker, La Mission de Müller.

Cinq textes, autour d’un même projet artistique, d’une réflexion commune, interrogeant la folie meurtrière, politique, économique qui gouverne notre monde devenu bien déraisonnable. Les trois premiers - La Paix, Titus Andronicus, Bradamante  - présentent des situations extrêmement cocasses, drôles, enjoués ; les deux derniers, Les Européens et La Mission, liés à des faits plus récents de notre civilisation, sont empreints d’une gravité plus grande.

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La Paix (421 avant J.C.) / Aristophane. Traduction Claire Nancy (durée : 1h30)
Où l’on apprend comment, à Athènes (en 421 avant J.C.), Trigée, vigneron de l’Attique, entreprend d’obtenir la paix en allant sur l’Olympe implorer les Dieux.

Si l’on ne connaît presque rien de sa vie, on sait, en revanche, que l’œuvre d’Aristophane (447 av. J-C - 380 av. J-C) se composait de 44 comédies. Jouées entre 427 et 390 av. J-C, onze seulement nous sont parvenues entières. Avec une hardiesse étonnante, Aristophane s’attaque à tout, aux institutions, aux actes politiques, aux particuliers, aux hommes d’Etat et même aux dieux. Dans Les Acharniens, La Paix et Lysistrata, plaidoyers en faveur de la paix, il s’élève contre les partisans de la guerre du Péloponnèse qui devait ruiner Athènes. Son style se distingue par l’extrême variété des sujets et des caractères, la simplicité et la légèreté de l’action, le mouvement et la verve endiablée, le recours à l’allégorie. Et si la crudité parfois brutale de son langage lui a été souvent reprochée, elle est pourtant conforme aux traditions de la comédie grecque et au goût du peuple athénien. Platon lui-même l’admirait, et Racine s’est inspiré des Guêpes dans Les Plaideurs (1668).

Titus Andronicus (1593) / William Shakespeare. Traduction Jean-Pierre Richard (durée : 2h30)
Où, vers l’an 270 à Rome, l’entourage de Titus, général victorieux de la guerre contre les Goths, se voit frappé de cruautés et d’actes sacrilèges d’une rare violence.

William Shakespeare (1564-1616) est à la fois illustre et inconnu. Il n’existe pas la moindre note de journal écrite de sa main, et des trente-sept pièces qui lui sont attribuées, seize seulement furent publiées de son vivant. Né en 1564 en Angleterre, il débute à Londres en composant des poèmes galants. Inspiré des dramaturges de son époque - Marlowe, Greene et Peele - il reprend des pièces à sujet historique, de Henri IV à Henri VIII, de Richard II et III au Roi Jean. De plus, l’auteur participe activement en qualité de sociétaire, acteur et dramaturge, à la troupe de Lord Hunsdon qui devient la troupe du Roi, et joue notamment au théâtre du Globe dont il devient actionnaire. Il compose également des pièces inspirées de l’Antiquité, dont Titus Andronicus, des tragédies désormais universelles : Roméo et Juliette, Hamlet, Othello, Le Roi Lear et Macbeth. Sans oublier bon nombre de comédies-drames, comédies pures et féeries avec La Mégère apprivoisée, Beaucoup de bruit pour rien, Comme il vous plaira, La Nuit des rois, Le Songe d’une nuit d’été, Le Marchand de Venise, Le Conte d’hiver et La Tempête considérée comme sa dernière pièce.

Cette excellence dans tous les genres est servie par une langue inouïe : c’est en poète que Shakespeare écrit son théâtre. Le dramaturge maîtrise l’art de transformer en destins exemplaires des histoires qui illustrent l’ordinaire de la vie - amours contrariées, jalousie meurtrière, méprise fatale - et le poète celui de transfigurer ces destinées singulières en itinéraires spirituels.

Bradamante (1582) / Robert Garnier (durée : 2 h)
Où l’on découvre que Charlemagne veut unir Bradamante, vierge guerrière, à Roger, valeureux guerrier sarrazin (et amant de Bradamante). Mais, le père de celle-ci, Aymon, préférerait la marier à Léon, fils de l’Empereur de Grèce... Bradamante n’acceptera de se marier qu’avec celui qui la battra en combat singulier.

Brillant artisan du vers, entre noblesse lyrique et poésie tragique, Robert Garnier (1545-1590) demeure le plus grand représentant de la tragédie au XVIe siècle. Sa vie nous est mal connue, marquée seulement par la composition de ses ouvrages. En 1565, il écrit son premier recueil de vers, Plaintes amoureuses. Deux ans plus tard, il devient avocat du Parlement de Paris. En 1573, il écrit son Hippolyte, que Ronsard proclame devant être « plus dur contre les ans que marbre ni qu’airain ». Son premier recueil de tragédie est composé de Marc-Antoine, La Troade, Antigone ou La Pitié. En 1582, Garnier donne Bradamante, comédie inspirée du Roland furieux de l’Arioste, puis paraissent Les Juives, chef-d’œuvre du poète dont le puissant lyrisme biblique le fait nommer par Faguet « l’Athalie du XVIe siècle ». Mais à cette époque, Garnier est déjà décidé à abandonner le théâtre. Sa carrière culmine avec sa nomination au grand conseil du roi, puis il finit sa vie en dévot, du côté de la Ligue.

Les Européens (1990) / Howard Barker. Traduction Mike Sens (durée : 2h)
Où l’Empereur Léopold Ier peut à nouveau entrer dans Vienne, en 1683, après la victoire contre les Turcs. Il faut panser les plaies, interroger les victimes et reconstruire le pays.

Peu joué en France, Howard Barker est considéré, en Grande-Bretagne, comme un écrivain majeur. Né en 1946, c’est un artiste qui s’exprime aussi bien par l’écriture, que par la peinture, la poésie, la mise en scène. Il travaille pour la radio, la scène, la télévision, l’opéra et le théâtre de marionnettes. Il a écrit à ce jour une quarantaine de pièces, presque toutes créées en Grande Bretagne, dont peu ont été traduites en français (Tableau d’une exécution, Les Sept Lear, Judith ou le corps séparé, Brutopia et Blessures au visage), notamment par le biais de la Wrestling School (l’école de lutte), qu’il fonde lui-même et qu’il dirige depuis 1988. Surnommé le « Brecht anglais », il abandonne le théâtre réaliste et rejette les deux genres dominants outre-Manche - satire politique et comédie - pour mener le public « aux limites de la tolérance afin de mettre à l’épreuve la base même de la morale ». Son engagement hors du commun le met à part des circuits institutionnels anglais .

La Mission (1979) / Heiner Müller.Traduction Jean Jourdheuil et Heinz Schwarzinger (durée : 1 h)
Paris, entre 1804 et 1810... Alors que la Convention nationale doit défendre sur tous les fronts la fragile Ière République de France, elle mandate trois émissaires en Jamaïque pour y organiser le soulèvement des esclaves contre la couronne d’Angleterre. Leur mission échouera-t-elle, avant même qu’en France ne chute le gouvernement, puis la Ière République ?

Héros pour certains, détesté par les autres, Heiner Müller (1929-1995) est une figure incontournable de l’Allemagne intellectuelle d’hier et d’aujourd’hui. Les expériences historiques qu’il vit dans l’Allemagne nazie, puis communiste, et enfin réunifiée nourrissent une œuvre puissante, provocatrice et sans illusion sur la nature des hommes.

L’auteur de La Bataille, Germania mort à Berlin ou Hamlet-Machine est marqué par la dimension politique et médiatique d’un homme qui connaît les procès et l’exclusion en R.D.A. et devint directeur du Berliner Ensemble, le théâtre mythique de Bertolt Brecht. Enfin, il apparaît pour ce qu’il est : un auteur immense. Par ses relectures fascinantes des grands anciens, grecs et latins, par ses pièces, par ses poèmes, par ses nouvelles, il s’installe, et nous avec lui, dans l’après-Brecht, l’après-Beckett, l’après-Genet. Une langue neuve, obsessionnelle, abécédaire érudit de la destruction, qu’il s’agisse des mythes ou de l’Histoire et singulièrement de celle de l’Allemagne.

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La Raison gouverne le monde se situe dans la continuité d’un travail commencé il y a deux ans au festival de Mèze avec deux textes de Shakespeare, Comme il vous plaira et Macbeth. Des répétitions étaient ouvertes au public dès le premier jour, un groupe de dix acteurs jouaient tous les rôles.

Cette fois, ce sont cinq pièces d’auteurs différents, Les comédiens jouent des rôles très différents dans chaque pièce. Dans Bradamante, c’est un jeune acteur, Jacques Merle, qui joue Aymon, le père de Bradamante et dans Titus, Ulla Baugué joue un jeune garçon. Et ça marche, parce que le théâtre a toujours été par là, c’est le rapport au masque. C’est complètement faux, comme quand on joue enfant, toi tu es un indien, voilà, c’est dit, ça suffit, on n’a pas besoin de grand chose.

J’ai monté un Roméo et Juliette avec Les Fédérés, avec de jeunes acteurs qui avaient peu d’expérience. Il n’y avait que deux garçons et toutes les filles jouaient Roméo et Juliette. C’était tellement simple, la gestuelle était un peu gauche, pas travaillée, c’était sublime.

L’important c’est de creuser au même endroit avec les mêmes personnes et de continuer le travail qu’on a essayé de mettre en chantier, de construire et de pousser l’expérience le plus loin possible. Mais ça n’est pas une performance pour autant. On répète avant de jouer, peu, sept jours pour chaque pièce, mais on répète quand même. Cela permet de poser la question du théâtre, c’est-à-dire comment on le fait, pourquoi on le fait et qu’est-ce qui est le plus important ? Pour moi, c’est l’acte. Ce n’est pas d’être parfait, c’est de produire quelque chose pour un public, à un moment donné, pour qu’il se passe quelque chose entre lui et les acteurs.

Aujourd’hui, le théâtre est trop souvent éloigné du public. Et tout est souvent répété au millimètre près, ce qui fait que l’acteur est sans cesse dans l’angoisse d’être à côté de ce qu’on lui a demandé de faire ou pas. De pouvoir être en représentation sans cadre réel, sauf celui qui a été établi par tout le travail accompli auparavant, avoir cette liberté-là, donne quelque chose de très beau et de très intéressant. Et ça, je veux le préserver. A ce projet, sont également associés des amateurs.

La volonté est aussi de montrer l’envers du décor. Pour la première pièce, La Paix, on ouvre le rideau et le décor n’est pas monté, il n’y a rien. Tout le monde court dans tous les sens, on voit les techniciens c’est aussi très théâtral. Ce qui est expérimental, c’est de tout faire en même temps, que tout soit là dès le départ : texte, lumière, décor, costumes et de voir ce que cela produit.

Christian Esnay

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12h00 : La Paix
14h30 : Titus Andronicus
17h30 : Bradamante
20h30 : Les Européens
23h00 : La Mission

Les pièces peuvent être réservées séparément pour le théâtre de la cité Internationale (le 12/06/204) et pour le théâtre de Gennevilliers (le 19/06/2004).

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Informations pratiques

Festival de Pierrefonds

Château national de Pierrefonds 60350 Pierrefonds

Spectacle terminé depuis le samedi 12 juillet 2003

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