« Il lit ce texte à l’endroit et à l’envers, perdant le sens et le retrouvant, dans toutes ses variations, en des milliers d’alternatives, de trilles et de gazouillis (…) C’est pourquoi mon histoire, à l’exemple de ce texte, suivra plusieurs cours ramifiés et sera tissée de traits d’union, de soupirs et de phrases inachevées. » B.Schulz
Les spectateurs déambulent à travers deux espaces scéniques où ils sont invités à percevoir nos histoires de différentes manières : ils peuvent marcher, toucher, s’allonger, s’asseoir, des états « actifs » où leurs sensations sont stimulées, et leur perception du monde change. Ils vivent une expérience où ils ont la liberté de créer leurs propres associations et ruptures.
Bruno Schulz, auteur et artiste polonais, est né le 12 juillet 1892, dans une famille juive de commerçants d’étoffes, à Drogobycz en Galicie autrichienne, ville de province qui fera ensuite partie de la Pologne et aujourd’hui de l’Ukraine. Il étudie les beaux-arts, l’architecture et s’établit en tant que professeur de dessin dans sa ville natale en 1924 où il expose ses oeuvres. Plus tard, Bruno Schulz se met à écrire deux recueils de nouvelles, Les Boutiques de cannelle (1934), trois ans après Le Sanatorium au croque mort et un roman Le Messie, dont le manuscrit est détruit pendant la guerre. Dans sa ville occupée par les Allemands, Bruno Schulz est tué le 19 novembre 1942, d’une balle tirée par l’officier nazi Karl Günther.
Les nouvelles de Bruno Schulz tracent son autobiographie imaginaire qu’il évoque comme « une généalogie mythique ». L’auteur plonge son double, Joseph dans un enchaînement d’images sensorielles en marge du temps, une féerie sombre et baroque où tout est possible. Sa réalité quotidienne est mêlée à une dimension onirique sans véritable frontière.
Jacob son père, atteint d’une maladie mystérieuse, brode un monde absurde au cours d’expérimentations scientifiques et magiques. Possédé par ses impulsions, il est totalement en jeu avec cette autre sphère qu’il se crée.
Dans leur maison, dans leur ville, le père et le fils, chacun à leur manière transforment le monde, inventant de nouvelles vies aux choses inanimées, aux gens, à la matière, et à la nature. Ils sont séparés dans deux réalités dégradées où se tissent des liens visibles et invisibles, nous révélant la cartographie de leurs mondes intimes.
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