D’après le journal des Papotins
« - Est-ce qu’un jour, les dinosaures vont revenir ?
- Non. Eux, ils ont disparu définitivement. »
Ils sont quatre à se réunir régulièrement. Leurs retrouvailles semblent obéir à des rites immuables. Ils dialoguent en brefs échanges. Parfois, Nathanaël leur fait une leçon, sur «l’art de la conversation» ou «le monde du travail». Ils interviewent des personnalités comme Claude Allègre, Barbara ou Carla Bruni.
Le spectateur, rapidement, se sent dépaysé : ces gens-là lui ressemblent, parlent la même langue que lui, et pourtant, quel sentiment d’étrangeté ! Arnaud fait part de sa curiosité insatiable quant au mode d’ouverture des capots de voitures. Carole ne comprend pas qu’on puisse aussi facilement changer de sexe et pas de type de chevelure ?! Dans leurs interviews, la façon de se ronger les ongles de leur invité, le prénom de sa femme, la pointure de ses pieds les préoccupent réellement.
Et pourtant que de vérités ne formulent-ils pas ! Ainsi Carole : «Franco, Hitler, Videla, Pol Pot… quelques noms, mais que de morts !», « Aujourd’hui, quand on creuse la terre, c’est pour trouver des charniers et plus pour trouver de l’or ».
Le spectateur découvre alors que ces personnages-là sont, pour reprendre les propos de Nathanaël, «des jeunes atypiques», absolument dépourvus d’empathie et du désir de plaire, des êtres entiers, bruts, à l’écart de tout «jeu social». Ils sont ce qu’ils sont.
Comme le dit Eric Petitjean, le concepteur du projet, ils ont un point de vue «décadré». Il y a, chez eux, une innocence, une naïveté premières. Et ce décalage est important : il nous permet de remédier au «point aveugle» de notre regard, à sa tache de Mariotte.
Les comédiens sont les interprètes fidèles de la parole de jeunes autistes, telle qu’elle paraît dans leur "journal atypique" : Le Papotin.
15, route de Manom 57103 Thionville