Aujourd’hui, un poème de la nuit des temps.
À l’origine, c’était la nuit… Des aèdes en sandales arpentaient la Grèce et narraient la geste des héros et des dieux. Dans cette nuit, un feu brûlait sans doute et la parole se déployait dans les parfums de laurier et de myrte. Et la nuit résonnait de la voix du poète accompagnée de quelque lyre aux cordes en boyau de mouton.
Ainsi cela était. Ainsi cela est toujours. Ainsi, perpétuel retour, le théâtre retrouve les gestes antiques pour raconter la vie et le monde.
Un choc initial : une agression, la nuit, dans le quartier du Panier, à Marseille… Trente-six chandelles, une ombre qui fuit… Florence Pazzottu plonge à sa suite dans une nuit archaïque et écrit, écrit. Son écriture est son flambeau. La surprise effarée du choc, des moments de l’intime, les êtres chers, le cocasse et le dérisoire, l’insupportable ou la douceur des jours, le monde en éclats… sa torche éclaire des pans de vie dans la caverne de son être profond où elle creuse, où elle cherche.
Elle trouve les mots pour dire une expérience singulière que la poésie transfigure. Le temps d’une femme aujourd’hui rejoint le mythe dans un geste ample aux accents d’éternité.
Dans l’espace, le poème vibre et s’incarne, le rite dessine un territoire de l’imaginaire, devient théâtre.
François Rodinson
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