Pourquoi je dois vivre ?
"Champions de la démesure" : ainsi a-t-on baptisé certains contemporains de Shakespeare constituant avec lui le paysage du théâtre élisabéthain. Une ardeur infernale brûle les héros de Cyril Tourneur, et dans sa Tragédie du Vengeur le degré des passions est toujours suivi de l'incandescence, pareils personnages sont "out of joint", "déboîtés, sortis de leur articulation normale". Et la haine devient l'un des pôles du caractère humain.
Quelle loi ou leçon déduire de ces haines qui engendrent des haines, de ces crimes qui exigent des crimes ? En ces hommes résident la suprême justice et la suprême injustice. Le désordre qu'ils ont créé doit les dévorer. Une vengeance infernale peut seule oblitérer le crime, annihiler l'injure.
Devant l'appel de la mort, les Elisabéthains ont ajouté l'expression de leur sagesse, cette dérision même de la vie : "Nos corps sont plus fragiles que les cages en papier où les enfants enferment les mouches. Ils sont plus méprisables et ne peuvent nourrir que les vers de terre".
Aujourd'hui, comment ne pas voir que notre monde se dresse, les pieds dans l'immense charnier des milliards de morts qui nous ont précédés. Et parce que nous voulons vivre, il nous semble nécessaire de parler de cela. Tout ici est d'ailleurs.
La Tragédie du Vengeur est d'abord celle de l'homme mort, qui, le temps de la représentation, revient parmi les vivants pour témoigner de son expérience et donner la vie.
Richard Brunel
Traduction française Jean Jourdheuil et Jean-François Peyret
Conception musicale et interprétation Jean Luc Brunetti, Jacques Pellarin
59, boulevard Jules Guesde 93207 Saint-Denis
Voiture : Depuis Paris : Porte de la Chapelle - Autoroute A1 - sortie n°2 Saint-Denis centre (Stade de France), suivre « Saint-Denis centre ». Contourner la Porte de Paris en prenant la file de gauche. Continuer tout droit puis suivre le fléchage « Théâtre Gérard Philipe » (emprunter le bd Marcel Sembat puis le bd Jules Guesde).