Depuis 450 millions d’années, un Ange prisonnier entre quatre murs décide du sort de ses venants ; accidentés, suicidaires, soldats, à travers un Jeu dont le but est d’accéder aux cents points. Si l’on gagne, le jardin de l’Eden. Si l’on perd, le Pandémonium.
Une femme en robe de soirée, étrangère à ce lieu attend dans la pénombre son tour. Son meilleur pari est de raconter sa vie avec sincérité mais cet Ange s’avère capricieux et sadique. Il se transforme en bourreau lui attribuant des points sans réelle raison et surtout lui en enlevant malgré sa compréhension du jeu.
Ce huis-clos est un tumulte d’émotions traversant les extrêmes ; du comique au tragique avec des personnages complexes et désespérés. Tous deux en quête de liberté, la Femme ayant un lourd passé ; l’attenta d’assassinat de son amant et son incapacité de lâcher prise, d’aller de l’au devant. Lui étant pleinement conscient qu’il ne pourra jamais un vrai homme et surtout qu’il n’a pas le droit d’être aimé.
A travers ce chaotique jeu, va naitre une vraie complicité et un amour peu conventionnel remettant en question notre propre amour. Les confessions de la Femme, nous rappellent étrangement les confessions de toutes les femmes. Victor Haïm nous met au pied du mur avec des confessions poignantes et intimes, avec un personnage de l’Ange tragique dans son désespoir et sa frustration. Il s’agit d’un magnifique texte imprégné de nos vies en tant qu’être humain et capable de beaucoup d’humour, d’où le génie de Victor Haïm.
La Valse du hasard est devenue un classique français ces dernières années avec plus de 60 productions jouées depuis la première interprétation de l’Ange par Fabrice Lucchini. Tout en conservant son classicisme, la modernité de cette pièce saute aux yeux, la mise en scène n’est aucunement fixée, d’où le bonheur pour un metteur en scène, nous avons donc un choix innombrable d’interprétation.
De même, la fin de La Valse du hasard est en suspend, et il est question de s’approprier à « chacun sa vérité » tel un Pirandello à la française. En effet, il me semble que V. Haïm nous laisse le choix de décider par nous même, le simple fait que rien n’est acquit sur cette terre et encore moins là ou nous irons après la mort. Cette idée de mort flotte au dessus de ces deux personnages extravagants mais bien vivants sans pour autant nous accabler de remords et de noirceur d’où le génie de Haïm.
Les personnages sont mis à l’épreuve par le biais de l’humour mais la tragédie et la complexité des personnages les rend très humains. Dans un monde fantastique et surréel, coexiste deux êtres avec toutes leurs peurs, angoisses et en quête de liberté. L’Ange s’attache à cette femme belle et mystérieuse mais est-il capable d’aimer ? C’est une histoire d’amour, très peu conventionnelle et loin du cliché romantique.
Le jeu convenu par L’Ange et qui déterminera l’entrée au Paradis pour La Femme suscite une succession de sentiments parfois violents, de compassion, de jalousie, d’Amour. Le publique est tenu en haleine et je voudrais suivre ce rythme du texte très vivace, orchestral tel une valse.
Il me semble évident de donner priorité au travail d’acteur en travaillant sur une réelle profondeur de jeu. Je suis à la recherche d’un enjeu entre mes acteurs qui suggèrerait un réalisme et une vérité de sentiments. Ils ne seront plus acteurs sur scène mais des êtres humains dans une situation difficile et inconnue.
Bien évidemment, le décor, la musique et les jeux de lumières renforceront les idées évoquées précédemment. Victor Haïm, nous a suggéré de ne pas suivre les descriptions du décor et je voudrais utiliser des éléments inhabituels en guise d’objets nécessaire à la mise en scène (ex : les cadavres jonchés sur le sol seront représentés par des masques habillés de vieux vêtements divers, pilote d’avion, femme de ménage, soldats etc.) Il est question de surréalisme dans le décor qui ferait contraste avec le jeu d’acteur.
Certains moments sont très musicaux notamment les scènes ou dansent les personnages. Je recherche une musique avec peu d’instrument entre le classique et le tango. La lumière viendra contre balancer cette idée, avec des zones très éclairées puis d’autre presque dans la pénombre. Il sera question d’une atmosphère inconnue, douce parfois bizarre, puis dure et incompréhensible d’autres fois.
La Valse du hasard représente à mes yeux une histoire d’amour et des personnages qui vont quelque part trouver leur liberté à travers ce drôle d’amour. Il me semble qu’au cœur de cette pièce sauvage, perverse mais aussi fantastique, existe un immense cœur humain qui vit et respire. Il ne s’agit pas seulement d’une drôle de farce mais d’un vrai drame.
53, rue des Saules 75018 Paris