Un faisceau de lumière. Avec malice et tendresse, elle se raconte. Une vie, des épreuves. Elle joue, passe du « je » au « jeu ». Elle se promène parmi les petites choses, fait des splendeurs avec des banalités, raconte l’enfance, les mauvaises surprises et les méchantes glissades, et gagne par le rire un peu de terrain sur l’effroi : « Ah, ben oui, on va parler de la vie, donc de la mort, de la maladie, de la vieillesse, on va bien se marrer ! » L’absurde l’emporte toujours : « Combien peut valoir la lettre k dans le scrabble finlandais ? »
En 2007, la comédienne apprend qu’elle est atteinte d’un cancer. Michèle Guigon et son corps attaquent la maladie, de front. Elle en fera l’un des sujets de son spectacle. Par les mots, transformer le mal : « Si on prend soin d’eux les mots nous soignent. » Et rire toujours. Toutes peurs piétinées, elle chante son hymne à la vie retrouvée.
Et l’amour, « pourquoi c’est quand il est vide que le coeur est lourd ? » Un tabouret pour seul décor, son accordéon pour unique accessoire. Aucun effet sur le plateau. L’essentiel est dans le regard, les mots, le sourire. Cela suffit absolument.
La création naît du chaos. Pour moi ce fut du KO ! Cancer quand on nous l’annonce, on ne peut pas s’empêcher de l’épeler m.o.r.t. . Mais quel levier de Vie aussi. Au théâtre de Belfort, j’avais quatorze ans, j’ai entendu une phrase dans un spectacle consacré à Maïakovski qui m’a bouleversée, qui a déterminé mon existence : « si je ne suis moi, qui d’autre le sera » ?
Ma vie est une quête que je mène comme une enquête, parce que trouver son sens et se trouver est le moteur de ma vie. Et je ne suis pas prête de lâcher l’affaire. Quand je dis ça, là je vous parle pratique ; la vie est une pratique, pas une théorie ; je reviens de ce voyage. Un voyage extraordinaire. J’ai écrit parce que si l’on prend soin d’eux, les mots nous soignent.Et quand les mots ne suffisaient pas, je prenais l’accordéon et comme un poumon, il remettait l’air enmouvement et venait me redonner de la voix. Il transmettait ce que le silence portait.
Il est évidemment présent dans le solo. Il a un petit air de joie. J’ai écrit parce que, de toute façon, j’étais déjà en train d’écrire un solo, qui fut interrompu par cette maladie. Solo sur le temps - mon obsession, je ne suis pas du pays où l’on fabrique les horloges comtoises pour rien - survieillir et son sens. Là aussi il doit bien y avoir un sens, vu la perfection des scénarios de la nature, jusqu’à descrottes de fourmis sur les troncs de certains arbres, qui, si elles sont mangées par tel oiseau, vont fertiliser une plante… qui nous soignera !
Guérir et soigner sont deux choses différentes. Je crois que la médecine ne peut s’occuper que de nous soigner c’est-à-dire prendre soin de nous. Guérir c’est une autre histoire, peut-être juste entre le malade et lui-même, le malade et la vie. Ça peut détendre les médecins ça ! J’ai écrit parce que j’ai des amis (la preuve, on rigolait bien, aussi.), beaucoup - c’est mon mode de vie- qui m’ont portée. J’ai pu regarder vers la lumière plutôt que vers le bas, ils m’ont permis de rester artiste.
Grande responsabilité, artiste. Son rôle, son travail est de toujours avoir le feu en soi, la force qui permet de voir les évènements, drames, joies, questionnements de la vie en gardant une distance, une lucidité pour les rendredigestes. Comme le boulanger travaille la farine, l’eau, et transforme par le feu la matière en pain pour nourrirnos corps, l’artiste doit pétrir le quotidien pour nourrir les âmes ; en créant des objets depuis la vie ou sa vie.
Le spectacle est une parole écrite au présent, selon les découvertes que j’ai faites chaque jour. Si je ne peux pasenlever la souffrance du monde, je peux au moins éviter d’en rajouter.Puis le « je » est devenu « jeu ».Et j’aime partager autant que je le peux avec le public un goût immodéré pour la vie. La vie va où ?... est un hymne à la vie.
Michèle Guigon, Mai 2010
" Lorsqu'elle voyage Michèle Guigon ne prend jamais de billet de retour, au cas où une rencontre l'amènerait à changer d'itinéraire. De vie. Alors, l'avenir ? Elle ne sait pas. Elle ne veut surtout pas savoir. " Michèle Bourcet, Juillet 2009, Télérama
Excellent. Très drôle, très émouvant. Ecriture intelligente et subtile. A ne pas rater !!!
Excellent. Très drôle, très émouvant. Ecriture intelligente et subtile. A ne pas rater !!!
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
Navette gratuite Paris - Suresnes : Une navette est mise à votre disposition (dans la limite des places disponibles) pour vous rendre aux représentations du Théâtre.
Départ de cette navette 1h précise avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 19h30 pour une représentation à 20h30), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile), du côté des numéros pairs. À proximité de la gare Suresnes-Longchamp (Tram 2), la navette peut marquer un arrêt sur le boulevard Henri-Sellier (à l’arrêt des bus 144 et 244 (direction Rueil-Malmaison), 25 minutes environ avant la représentation. Faites signe au chauffeur.
La navette repart pour Paris environ 10 minutes après la fin de la représentation, et dessert, à la demande, l’arrêt Suresnes-Longchamp, jusqu’à son terminus place Charles de Gaulle-Étoile.