En italien, surtitré en français.
Lieu où l’on voit, le théâtre est une machine à fantômes. Depuis toujours, il fait place aux absents. C’est en termes théâtraux que Lucia Calamaro (triple lauréate en Italie du prestigieux prix UBU) pose la question de La Vita ferma : celle de ces individus que sont les morts, celle de “leur façon d’exister en nous et en dehors de nous”.
Calamaro porte sa quête en scène par le biais d’un récit d’apparence toute simple, mettant en avant un couple, Simona et Riccardo, et Alice, leur fille. Leurs tranches de vie, saisies dans un temps qui tantôt se précipite tantôt se fige, alimentent sans pathos une réflexion sur les liens entre douleur et souvenir, autour de la mort de Simona et de sa présence persistante (voire insistante !) au-delà de sa disparition.
Mais chez Calamaro, la gravité des “drames de la pensée” n’exclut pas un humour certain, nourri de ressassements obsessionnels et d’intelligence ironique. Sur le plateau d’un blanc éclatant, les couleurs vives des costumes et des meubles sont autant d’indices vitaux de résistance. Les trois acteurs s’interpellent, s’agrippent allègrement avec une tendresse et un appétit de jeu contredisant les signes extérieurs du deuil. Un hommage éloquent à l’amour de la mémoire, à la mémoire de l’amour.
La Vie suspendue suivi de L’Origine du monde de Lucia Calamaro est publié aux éditions Actes Sud-Papiers, trad. fr. Federica Martucci, novembre 2017.
« Simona (touche la main de Riccardo) : Je suis froide ?
Riccardo : Un petit peu... disons juste un peu, fraîche, voilà.
Simona : Vu que je suis là, je voulais te poser une question... ça prend combien de temps ?
Non, je voulais dire : il faut combien de temps pour... ?
C’est-à-dire... Riccardo, par rapport à toi... pas par rapport à la mémoire de n’importe qui, d’un animal, d’une mémoire... de l’espèce, voilà... mais par rapport à toi, à comment tu es fait, toi... à ta mémoire à toi... euh... bref... Riccardo, excuse-moi, hein, ne t’énerve pas... mais toi... toi, tu vas m’oublier ? »
Lucia Calamaro : La Vie suspendue, acte I (trad. Federica Martucci, Actes Sud-Papiers, 2017)
Très beau spectacle. Une belle performance de comédiens : chacun des trois, avec une personnalité très différente, est remarquable. Très beau décor, particulièrement dans la troisième partie. Et l'italien est toujours fascinant, même quand on le comprend peu !
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Très beau spectacle. Une belle performance de comédiens : chacun des trois, avec une personnalité très différente, est remarquable. Très beau décor, particulièrement dans la troisième partie. Et l'italien est toujours fascinant, même quand on le comprend peu !
8, boulevard Berthier 75017 Paris
Entrée du public : angle de la rue André Suarès et du Bd Berthier.