« Je la haïssais de l'aimer autant. » C'est le témoignage du Petit Poucet devenue femme, qui nous raconte l'enfance dans l'antre de la mère dévoratrice et du père doux dingue qui parle aux arbres. C'est le récit de la vengeance de cette mère, de sa folie catholique, et de la petite fille qui s'est sauvée par la psychanalyse et le théâtre.
Le père, premier de cordée, entraîne tout le monde dans sa chute. La mère, fracassée au bas des Calanques, sera amputée d’une jambe. À l’hôpital, elle promet de se venger sur les enfants. La petite dernière paiera plein pot. Vingt ans d’enfer dans une famille catho, Frédérique doit visiter les SDF le dimanche, et retrouve sa chambre dévastée en rentrant de l’école. Sa mère voulait des garçons, elle la hait, la ruine. Biberonnée aux névroses maternelles, Frédérique rencontre la psychanalyse et la troupe du Théâtre du Soleil. Aujourd’hui, elle entonne des chansons de messe avec irrévérence, rit, empoigne la démolition méthodique vécue, en fait une « confession héroïque », selon Ariane Mnouchkine, sous l’œil bienveillant de Simon Abkarian. Si la « lalangue » recoupe pour Jacques Lacan le champ lexical du dictionnaire familial et de ses traumas, Frédérique Voruz renaît par la scène et la psychanalyse. Une résurrection émancipatrice et joyeuse.
Un conte contemporain un brin puritain à faire froid dans le dos, et à faire rire à s'en déboîter la mâchoire.
« Bouleversant, Drolatique, Époustouflant (...) Quel talent ! Frédérique Voruz nous émeut, nous chavire, nous amuse et nous interpelle. » critiquetheatreclau.com
« Sans jamais se victimiser, ni larmoyer, dans un jeu d’actrice impétueux et précis,- qui s’est forgé notamment auprès d’Ariane Mnouchkine et de Simon Abkarian – Frédérique Voruz nous emmène comme une tornade dans un passé désormais digéré. Elle aurait pu disparaître, mais en posant les faits les uns après les autres presque avec méthode, en utilisant l’humour comme un abrasif, elle fait de cette histoire émouvante et tumultueuse une ode à ce métier de comédienne qui lui a permis de se reconnaître et de s’ouvrir à une autre vision d’elle-même. Une vision qui rassemble les opposés, qui intègre la douleur et les rires, la dévoration et la renaissance. » Theatrorama
« Avec un humour à l'emporte-pièce, souvent à la frontière de l'humour noir (parfois, on se surprendrait à penser à un Pierre Desproges au féminin), elle [Frédérique Voruz] habille cette traversée plus que compliquée de son enfance et adolescence des parements d'une arlequinade savoureuse. » La revue du spectacle
La « Lalalangue » est en psychanalyse Lacanienne le nom donné au dictionnaire familial. Cet ensemble de mots qui ne veulent dire quelque chose que pour une famille donnée. Dans ce texte donc il sera aussi question du langage, du poids des mots comme fiction qui devient réalité. Lacan dit «Les paroles restent, les écrits ne restent pas. »
L’histoire de Lalalangue est avant tout l’histoire d’une mère. Du corps d’une mère. Un corps unijambiste, cette mère ayant perdu sa jambe gauche lors d’un accident dans les Calanques de Marseille, et qui dit sur son lit d’hôpital : « Je me vengerai sur les enfants ».
« Il y a toujours quelque chose à résoudre dans les liens de la famille, comme si il y avait là quelque chose à comprendre, comme si il y résidait toujours un problème non résolu dont la solution est à chercher dans ce que la famille a de caché. »
Selon Jacques-Alain Miller, on pourrait dire que famille = traumatisme.
La famille est unie par un secret, un non-dit. Quel est ce secret ? C’est un désir non-dit. Le secret de la jouissance maternelle.
La puissance des mères est bien réelle, visible : sans elle, ou un substitut, l’enfant est promis à la mort.
C’est à la perception de cette toute puissance que l’on doit, dans les contes de fées, le personnage mythique de l’ogre, mangeur de petits enfants.
Et la jubilation de l’enfant, lorsque lui est racontée cette histoire terrifiante, est un reflet de sa terreur d’être mangé, absorbé, de disparaître au sein de la mère : illustration de la puissance, de la séduction qu’elle exerce, de la nécessité de parer au danger qu’elle représente potentiellement pour son enfant.
Le monde maternel est pour l’enfant le monde tout court, le seul dont il ait des perceptions directes. Mais pour que l’enfant trouve sa place dans le monde, il faut qu’il soit exclu du monde maternel, exactement comme il a dû être chassé du paradis utérin pour exister. Pour cela il faut que la Mère le considère comme un être distinct d’elle-même, dont elle est manquante, il faut qu’elle accepte qu’il soit un autre, hors d’elle.
Mais ceci peut ne pas se produire : l’enfant, bien que détaché physiquement, n’est pas considéré par la mère comme un autre, il n’a pas plus de présence pour elle que son bras ou sa jambe, il continue de faire partie d’elle-même.
Une mère qui considérait ses enfants, chiens, et autres objets vivants comme faisant partie d’elle, comme des extensions de son corps. Son corps composé de deux partie : l’une permanente et l’autre substituable.
Une mère qui s’est réfugiée dans une jouissance catholique de martyre, qui aimait à se priver de tout, emmenait ses filles visiter les clochards et disait que Dieu nous regardait d’en haut en permanence.
Dieu nous a à l’oeil !
Une mère qui hait ses filles, voulait des garçons.
Un père absent, écrasé par la culpabilité de l’accident car premier de cordée, qui s’est réfugié dans le non-dialogue et s’est dédié au piano et à l’orgue.
Une petite fille, prise dans les rets de la folie de ses parents. De sa mère qui croyait avoir tous les droits sur elle et qui tente d’apporter une dose de rêve à son réel.
Qui s’évade en se racontant des histoires, rêve de se faire kidnapper par Leonardo Di Caprio, se cache sous la douche pour que « Jésus ne voit pas sa zézette ».
Et une voix. Une voix homérique, celle de la psychanalyste à laquelle la petite fille doit son salut. La voix qui a su se faire douce quand il le fallait et qui l’a raccrochée à la vie.
Qui a une volonté subversive, irrévérencieuse, puissante de vivre !
Un très beau spectacle, du jeu de l'actrice, à la mise en scène. On rit, on pleure, on se reconnaît, on reconnaît l'autre, on voyage dans les souvenirs. Je recommande vivement. Merci pour ce moment.
Superctexte superbe actrice avec un jeu toujours juste
Belle performance de cette jeune comédienne et auteur du texte. Une traversée drôle et amère...de la relation mère/fille menée sur un rythme soutenu qui permet de ne verser ni dans le mélodrame ni dans le grotesque. Une difficile mise en scène réussie!
Pour 3 Notes
Un très beau spectacle, du jeu de l'actrice, à la mise en scène. On rit, on pleure, on se reconnaît, on reconnaît l'autre, on voyage dans les souvenirs. Je recommande vivement. Merci pour ce moment.
Superctexte superbe actrice avec un jeu toujours juste
Belle performance de cette jeune comédienne et auteur du texte. Une traversée drôle et amère...de la relation mère/fille menée sur un rythme soutenu qui permet de ne verser ni dans le mélodrame ni dans le grotesque. Une difficile mise en scène réussie!
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.