Un auteur est enfermé dans le théâtre. Resté seul au milieu des accessoires de pièces déjà jouées, il se retrouve avec les personnages du passé qui errent dans sa mémoire toujours à la recherche de résurrections, de vies nouvelles faites de moments de comédie et de tragédie. Alors reviennent à la surface les événements d'un certain 11 septembre 1973. Et la figure emblématique de Salvador Allende qui a porté les rêves du peuple chilien et avec lui les rêves de tous les peuples qui cherchent la justice et la liberté…
Le spectacle
Combattre la mort avec la vie
Note de mise en scène
Extraits des mémoires de Pablo Neruda
La presse
Un auteur est enfermé dans le théâtre après le départ de tout le monde. Resté seul au milieu des accessoires de pièces déjà jouées, il se retrouve avec les personnages du passé qui errent dans sa mémoire toujours à la recherche de résurrections, de vies nouvelles faites de moments de comédie et de tragédie.
Alors reviennent à la surface les événements d'un certain 11 septembre lointain. Et la figure emblématique de Salvador Allende qui a porté les rêves du peuple chilien et avec lui les rêves de tous les peuples qui cherchent la justice et la liberté…
Mélangeant les époques, la pièce est une quête du bonheur pour conjurer les cauchemars du passé et du présent.
Le 11 septembre 1973, un coup d'état perpétré par des militaires chiliens à l'instigation de la haute bourgeoisie du pays et des multinationales nord-américaines, de la CIA et du gouvernement de Richard Nixon et de Henry Kissinger, signait la fin du grand espoir soulevé par l'arrivée au pouvoir en octobre 1970 de Salvador Allende à la tête des partis de gauche de l'Unité Populaire.
Ensuite s'installe au Chili pour plus de dix-sept ans un régime de terreur. Arrestations, persécutions, torture et exécutions conduisent de nombreux chiliens à quitter leur pays.
Le Théâtre Aleph, installé en France depuis 25 ans, est le fruit de cet exil. Aujourd'hui le Théâtre Aleph et le Théâtre des Quartiers d'Ivry ont décidé de s'associer pour présenter ce spectacle : Le 11 septembre de Salvador Allende.
Nous souhaitons que ce spectacle soit plus qu'une commémoration. Trente ans plus tard, les luttes continuent d’être les mêmes que celles de l’Unité Populaire de Salvador Allende : lutte contre la brutalité et l’ignorance, lutte pour la répartition équitable des ressources de notre planète, lutte pour que se perpétuent les idéaux dont Allende était l’incarnation.
Au-delà de son destin singulier, le Président assassiné appelle à la poursuite du combat de la loyauté et de la justice et rappelle qu’un échec peut se transformer en une étrange victoire.
Cette année, un peu partout dans le monde, on commémorera les trente ans de la mort de Salvador Allende, raison pour laquelle j'ai décidé de créer un spectacle théâtral qui remettra en mémoire la dimension humaine de cet homme d'Etat qui a donné sa vie pour défendre les principes républicains et le droit d'un peuple à forger son propre destin.
Les principes d'un humanisme militant et le socialisme alimentèrent sa pensée pour tracer un chemin qu'il n'abandonna jamais. Ses grandes qualités furent la loyauté et la constance.
Cette création marque l'anniversaire des 25 ans d'existence du Théâtre Aleph en France et s'insère dans l'utopie qui a constamment marqué notre parcours et qui consiste à combattre la mort avec la vie.
Oscar Castro
Un auteur est enfermé dans le théâtre après que tout le monde soit parti. Resté seul au milieu des accessoires de pièces déjà jouées, il se retrouve avec les personnages du passé qui hantent sa mémoire, âmes errantes à la recherche de résurrections, de vies nouvelles faites de moments de comédie et de tragédie.
Alors reviennent à la surface les évènements d'un 11 septembre lointain. Et la figure emblématique de Salvador Allende qui a incarné les rêves du peuple chilien et, au-delà, les rêves de tous les peuples qui cherchent la justice et la liberté.
A travers un parcours où les époques s'entrecroisent, on verra l'apprentissage politique du jeune Allende, puis ses combats pour conquérir le pouvoir, et enfin les trois années où se met en oeuvre le programme de l'Unité Populaire avec les entraves incessantes de la haute bourgeoisie chilienne, des militaires et des multinationales nord-américaines épaulées par la Maison Blanche.
Le 11 septembre 2001 n'est pas sans relation avec ce 11 septembre 1973 où les Etats-Unis furent acteurs (en arrière plan, mais le rôle de la CIA fut essentiel) de la tragédie chilienne : le coup d'Etat, l'assassinat d'Allende et de la démocratie, le début d'une ère de terreur, de persécutions, de tortures et de meurtres. L'implication des Etats Unis dans ce premier 11 septembre était telle que beaucoup de chiliens craignaient que ce ne soit un de leurs concitoyens qui aurait perpétré, en guise de folle et emblématique représaille, l'attentat contre les Tours Jumelles et que le Chili subirait la vengeance de la super-puissance. La vengeance, on le sait, se porta vers d'autres terres plus riches en matières premières.
Troublante ironie des tragédies : cette journée fatidique de 1973 commence aussi par l'écroulement de deux tours ; en effet, l'assaut du palais présidentiel de la Moneda où s'étaient réfugiés Allende et quelques fidèles, fut précédé par le bombardement des tours de Radio Portales et de Radio Corporacion.
Nous avons choisi le mode pirandellien pour raconter cet "autre" 11 septembre. Le personnage de l'Auteur, déraciné qui porte toujours en lui les fantômes du passé et de son pays d'origine, est une espèce de clown triste dépassé par la grandeur de l'Histoire. Avec Pedro, son compagnon d'exil, il ne cesse de s'interroger sur sa place au milieu des évènements et sur son appartenance à un "peuple en lutte".
Mélangeant les époques, la pièce est une quête du bonheur pour conjurer les cauchemars du passé et du présent.
Adel Hakim
Trois jours après le coup d'état, Pablo Neruda, Prix Nobel de Littérature en 1971, écrit ces lignes dans ses mémoires intitulées Confieso que he vivido. Il mourra une semaine plus tard, le 23 septembre 1973.
" Mon peuple a été le plus trahi de ce temps. Des déserts de salpêtre, des mines sous marines de charbon, des hauteurs terribles où gît le cuivre et d’où l’extraient grâce à des travaux inhumains les mains de mon peuple, a fini par surgir un mouvement libérateur d’une ampleur grandiose.
Ce mouvement amena à la présidence du Chili un homme nommé Salvador Allende pour réaliser des réformes et des mesures de justice urgentes, pour que soient sauvées nos richesses nationales des griffes étrangères.
Partout où je fus, dans les pays les plus lointains, les peuples admirèrent le président Allende et rendirent hommage à l’extraordinaire pluralisme de notre gouvernement. Jamais dans l’histoire du siège des Nations Unies, à New York, on n’entendit une ovation comme celle que donnèrent au président du Chili les délégués du monde entier. Ici, au Chili, se construisait au milieu d’immenses difficultés, une société vraiment juste, édifiée sur la base de notre souveraineté, de notre orgueil national, de l’héroïsme des meilleurs habitants du Chili. De nôtre côté, du côté de la révolution chilienne, étaient la constitution et la loi, la démocratie et l’espérance.
De l’autre côté, il ne manquait rien. Ils avaient des arlequins et des polichinelles, des pitres à foison, des terroristes de pistolets et de chaînes, des faux moines et des militaires dégradés. Les uns et les autres faisaient des tours sur le carrousel de l'expédition. Ils allaient tenus par la main du fasciste Jarpa avec ses cousins de Patria y Libertad, disposés à casser la tête et l’âme à tout ce qui existe, et ainsi récupérer la grande entreprise qu’ils appelaient le Chili.
Allende fut l’anti-dictateur, le démocrate fidèle à ses principes jusque dans les moindres détails. Il rencontra une classe ouvrière puissante qui savait de quoi il retournait. Allende, sans être issu des classes populaires, était un produit de la lutte de ces classes contre l’acharnement et la corruption de ses exploiteurs. Pour ces causes et raisons, l’oeuvre que réalisa Allende en un temps si court est la plus importante de l’histoire du Chili. Rien que la nationalisation du cuivre fut une entreprise titanesque, ainsi que beaucoup d’autres objectifs d’essence collective réalisés sous son gouvernement.
Les oeuvres et les actes d’Allende, d’une valeur nationale ineffaçable, mirent en fureur les ennemis de notre libération. Le symbolisme tragique de cette crise se révèle dans le bombardement du palais du gouvernement ; revient en mémoire la Blitz Krieg de l’aviation nazie contre des cités étrangères sans défense, espagnoles, anglaises, russes ; maintenant le même crime se produisait au Chili ; des pilotes chiliens attaquaient en vol piqué le palais qui durant deux siècles fut le centre de la vie civile du pays.
J'écris ces brèves lignes pour mes mémoires à seulement trois jours des événements inqualifiables qui conduisirent à la mort mon grand compagnon le président Allende. Son assassinat a été tenu sous silence ; il fut enterré secrètement ; seule sa veuve eut le droit d'accompagner cet immortel cadavre.
La version des agresseurs est qu'ils retrouvèrent son corps inerte, avec des preuves visibles de suicide. La version qui a été publiée à l'étranger est différente. A la suite du bombardement aérien entrèrent en action les tanks, beaucoup de tanks, qui luttèrent avec intrépidité contre un seul homme : le président de la République du Chili, Salvador Allende, qui les attendait dans son bureau, sans autre compagnie que son grand coeur, entouré de fumée et de flammes.
Il fallait bien qu'ils profitent d'une si belle occasion. Il fallait le mitrailler car jamais il n'aurait démissionné de son mandat. Ce corps fut enterré secrètement dans un endroit quelconque. Ce cadavre marcha vers la sépulture accompagné d'une seule femme en qui était enfouie toute la douleur du monde, cette glorieuse figure morte avançait criblée et déchirée par les balles des mitraillettes des soldats du Chili, qui, une fois de plus, avaient trahi le Chili."
Pablo Neruda
« Un hommage flamboyant et poétique à un homme d’état véritablement humaniste. »
« Une pièce magnifique, quand le théâtre, lieu d’illusions et de paroles, et le politique, lieu d’idées traduites en actions, se rencontrent pour le meilleur. » Agnès Santi, La terrasse
« Cette troupe de neuf comédiens nous offre un ruban nostalgique et jubilatoire glosant sur la candeur d’une utopie sacrifiée sur l’autel de la terreur. Cette partition qui suit la mélodie de la mémoire et ses échos toujours troublants dans le présent respire la liberté et réveille nos consciences repues. » M.Hajoui, A Nous Paris
« Des personnages extravagants jouent, chantent et dansent des scènes de la vie de Salvador Allende, en lui conférant mille facettes. Par la superbe mise en scène d’Adel Hakim, tous respirent conviction, vivacité, jeunesse et émotion. Oscar Castro, dans le rôle principal, incarne une sorte de clown triste. Débordant de générosité, il est magnifique. Lorsqu’il joue, c’est sa chair et son coeur de Chilien qui parle. Car cette histoire, c’est son histoire. » Lise De Rocquign, Pariscope
« Une pièce foisonnante dont Adel Hakim signe la mise en scène enlevée, déroulant la vie d’Allende à travers un ensemble de tableaux révolutionnaires dignes des avant-gardistes soviétiques. Énergique et nostalgique. » Yasmine Youssi, La Tribune
« Le spectacle a le charme de la littérature ou du cinéma latino. Affranchi du carcan cartésien, il se construit comme un puzzle dans le temps et l’espace. On est à la fois parmi les fantômes du théâtre Aleph et de ses 25 années de création, dans le déroulement de la journée dramatique de 73 à Santiago et dans la biographie de Salvador Allende, cet humaniste qui poussait la démocratie jusqu’au respect de ses ennemis pour tenter de les séduire plutôt que les combattre dans la violence. » Jean-Marc Stricker, France Inter
30 rue Christophe Colomb 94200 Ivry sur Seine