Tout public à partir de 12 ans.
Fable féroce et scandaleuse
Note du traducteur
Christy Mahon, un menteur au pays du mensonge
Une telle pièce ne saurait se raconter…
John Millington Synge n’a pas encore trente ans à la toute fin du XIXe siècle, quand il choisit de suivre les conseils de William Butler Yeats, son compatriote des environs de Dublin, futur prix Nobel de littérature. Synge s’aventure dans les îles d’Aran, territoire aride, situé aux confins d’une Irlande primaire. La rudesse des paysages lui inspire une langue particulière, faite de la brutalité du gaélique mêlée à l’intonation angloirlandaise. Il invente une parole sauvage qu’il cède aux personnages de sa fable féroce et scandaleuse. Le Baladin du monde occidental, jugée « diaboliquement immorale » à sa création à Dublin, en 1907, provoque de véritables émeutes.
Synge imagine la grandeur et la décadence d’un garçon nommé Christy Mahon, persuadé d’être parvenu à tuer son père d’un coup de bêche. Le jeune homme vierge au nom messianique devient le héros d’un village dévasté par l’ennui et le conformisme. Les paysans et les paysannes de Mayo font de Christy l’être providentiel, l’amant idéal. « Jusque je me demande si je n’étais pas un fieffé fou de ne pas tuer mon père il y a bien des années », conclut-il. Christy pourrait être une sorte de Dom Juan accomplissant son rêve de parricide ; une sorte d’OEdipe conscient de son crime, ou d’Hamlet affranchi de l’autorité paternelle. Mais le héros criminel de Synge voit sa gloire déchoir quand son ivrogne de père réapparaît. Le meurtre du père relève rarement du crime parfait.
L’adaptateur François Regnault réinvente une langue aux accents singuliers qui influencèrent les vocations de Beckett ou de Joyce. Marc Paquien dirige avec Le Baladin « un récit populaire, un incroyable fantasme à parcourir, joyeusement ». La fable, ses éclats, son faste et sa langue aventureuse enthousiasment le metteur en scène plus que le folklore de la reconstitution d’un paysage authentique.
Saison 2003-2004, dans le foyer du Théâtre National de Chaillot, Marc Paquien présentait Face au mur et Cas d’urgence plus rares. Pour ces deux pièces courtes de Martin Crimp, et pour sa mise en scène de La Mère de Witkiewicz, présentée au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, le prix de la révélation théâtrale de l’année 2004 lui a été remis par le Syndicat de la critique dramatique.
Pierre Note
Une pièce si irlandaise qu’elle est devenue universelle. On sait qu’elle raconte comment un garçon, qui croit avoir tué son père d’un coup de bêche, est accueilli et fêté comme le Messie par un village entier, chéri par les femmes et célébré comme un nouveau poète, jusqu’à ce que le père, qui n’était pas mort, revienne pour la honte du fils. L’assassin s’évanouit, mais le héros demeure et il ira désormais, avec son père conter ses histoires de par le monde. Christy Mahon le parricide : un peu Œdipe (mais il n’a pas tué son père), un peu Hamlet (mais le fantôme de son père est vivant), un peu Christ (mais il ne sauve pas le monde).
François Regnault
Voyageur dans les îles d’Aran, contrées extrêmes de l’Irlande, John Millington Synge découvre alors un monde rude et singulier qui lui inspirera une œuvre théâtrale sans précédent. Il se prend à inventer une langue, poétique et populaire, tout comme Marivaux au XVIIIe siècle construit un langage raffiné de l’amour.
Le Baladin est aussi l’histoire d’un garçon vierge qui, par sa bouche et les mots qui s’en échappent, s’invente en tant qu’homme et poète. Il franchit pour nous les rites de l’initiation, devient parricide, héros, amant et pêcheur, et son histoire nous pénètre. Nous la rejouons sans cesse, celle-là et bien d’autres, à travers les fêtes, les mystères sacrés, les fables.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : comment rejouer l’histoire du Baladin ?
Cela se passe dans les villages, sur une place ou dans une école, des hommes retraversent depuis des siècles les mythes et les contes, et jouent une dernière fois les épisodes de leur mémoire avant d’aborder un autre monde, une nouvelle saison. Ainsi ils se délivrent du passé, de leurs faiblesses, et rient et dansent en ouvrant le retable d’une histoire merveilleuse. Le Baladin du monde occidental est un récit populaire, un incroyable fantasme à parcourir, joyeusement.
Marc Paquien
Le Baladin du monde occidental fut créé en France le 12 décembre 1913 dans une mise en scène de Lugné-Poe.
"Les spectacles du Théâtre de l’Œuvre ne sont jamais sans intérêt. Ils sont même souvent extrêmement curieux. Quelles belles choses nous montrerait M. Lugné-Poe s’il avait à lui un grand théâtre ! Il est vrai que les belles choses sont rares, qu’elles ont généralement un succès relatif, et qu’il lui faudrait petit à petit arriver aux œuvres habituelles. Mieux vaut, après tout, qu’il ait ce théâtre intermittent, où il joue ce qu’il lui plaît, ce qui l’a séduit au courant de ses découvertes.
C’est ainsi qu’il a eu bien raison de jouer le Baladin du monde occidental, de M . Edmond Millington Synge, un écrivain irlandais. Les gens qui n’aiment pas la banalité auraient été ravis de voir cette pièce. Pour mon compte elle m’a enchanté. Oui, enchanté, tant par le sujet que par la forme. C’est que la fantaisie est une si belle chose, et si rare !
Celle de M. Synge est pleine de relief et de pittoresque et du réalisme amusant. Inventer un tel sujet, et le mener jusqu’au bout avec une pareille verve, ce n’est pas un mince talent. Un garnement, dans un village d’Irlande se vante d’avoir tuer son père, et, pour ce forfait, passe aux yeux des habitants pour un héros. Toutes les filles lui font la cour, une veuve veut l’épouser, le cabaretier le prend pour gendre, les jeunes gens le jalousent. Mais le père en question, à la recherche de son fils, apparaît. Aussitôt, adieu le prestige. Le garnement se voit houspillé par tout le monde, chassé de partout. Il se fait alors cette réflexion, qui ne manque pas de sens, vous en conviendrez : on m’admirait quand on croyait que j’avais tué mon père, et ce n’était pas vrai. On m’admirera bien plus quand je l’aurais tué pour de bon et devant tous. Sur quoi, il applique de son mieux un bon coup d’une forte pelle sur la tête du brave homme. Mais c’est en vain. La première déception a fait son œuvre. C’étaient le mirage, l’illusion, l’imagination, qui avaient séduit les habitants du village. La réalité ne leur dit plus rien. L’auteur de ses jours lui ayant pardonné, il ne reste plus au garnement s’il ne veut être lapidé, qu’à aller prendre l’air ailleurs.
Mais une telle pièce ne saurait se raconter. Le sujet n’y est pas tout. La forme aussi y a aussi grand prix. Le style de M. Synge, même au travers d’une traduction, est merveilleux de truculence, d’énorme ironie, de fantaisie caricaturale, et aussi de finesse cachée mais très réelle." Paul Léautaud, Le Petit théâtre de Maurice Boissard, Ed. Gallimard, 1958
"Les poètes furent vivement frappés par ce rire tragique si nouveau : c’est que les poètes ont toujours plus ou moins tentés de tuer leur père, mais c’est une chose bien difficile, témoin le Playboy, et voyant la salle le jour de la générale, je me disais : trop de pères, pas assez de fils. " Guillaume Apollinaire, Chronique mensuelle dans Les Soirées de Paris
Je rejoins plutôt l'opinion du premier message. J'ai passé un excellent moment dans un univers de contes et légendes.Une bonne traduction mise en valeur par la mise en scène qui est excellente, originale avec plein de clins d'oeil sur toutes nos bases judéo-chrétienne. Vraiment à voir pour amateur de pièces sortant des chemins battus...
Mon enthousiasme sera plus modéré .Certes les comédiens s'investissent et donnent le maximum, mais on n'atteint pas ici la perfection !! Certaines lenteurs et redites lassent l'attention du spectateur et encore une fois les grandes promesses de beauté et de poésie avancées par les critiques ne correspondent pas à la réalité du spectacle . A voir peut-être mais vs ne manquez rien si vs n'y allez pas!!
Le plus beau spectacle que j'ai vu depuis la rentrée ! Une pièce populaire et poétique, des comédiens subtiles et drôles, une mise en scène brillante et inventive. A ne surtout pas manquer !
Je rejoins plutôt l'opinion du premier message. J'ai passé un excellent moment dans un univers de contes et légendes.Une bonne traduction mise en valeur par la mise en scène qui est excellente, originale avec plein de clins d'oeil sur toutes nos bases judéo-chrétienne. Vraiment à voir pour amateur de pièces sortant des chemins battus...
Mon enthousiasme sera plus modéré .Certes les comédiens s'investissent et donnent le maximum, mais on n'atteint pas ici la perfection !! Certaines lenteurs et redites lassent l'attention du spectateur et encore une fois les grandes promesses de beauté et de poésie avancées par les critiques ne correspondent pas à la réalité du spectacle . A voir peut-être mais vs ne manquez rien si vs n'y allez pas!!
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88, rue Saint-Denis 92700 Colombes
En voiture : tout droit depuis la porte de Champerret par le pont de Courbevoie. A La Garenne-Colombes, au rond-point, prendre la 1ère sortie et continuer sur : D106 / Avenue Du Général De Gaulle. En entrant dans Colombes prendre : D13 / Place Du Général Leclerc puis le bd De Valmy.
Parking de l'Hôtel de ville : 5 rue Verdun (se munir de monnaie).