Spectacle en français, yiddish et hébreu surtitré en français.
Le Dibbouk associe la fulgurance d’un Roméo et Juliette au fantastique d’un conte traditionnel. Au sein d’une petite communauté juive dans l’empire tsariste du XIXe siècle, Léa et Khânan s'aiment, mais le père de Léa refuse de marier sa fille unique à un jeune homme pauvre. Accablé, Khânan se plonge dans l’étude de la kabbale, les prières et les jeûnes, avant de mourir de désespoir. Alors que son mariage avec un riche parti se prépare sur la place du village, Léa se rend au cimetière pour inviter l’esprit de sa mère à se joindre à ses noces. Là, elle repense à Khânan, à sa vie inachevée, et décide de le convier aussi. La cérémonie commence mais l’âme du jeune homme mort, sous la forme d’un dibbouk, prend possession de Léa et s’oppose à l’union.
Comme l’annonce son sous-titre, Le Dibbouk explore les limites entre des mondes imbriqués. Vie et mort, amour et mariage de raison, fantastique et réalisme, culture et religion, temps anciens et nouveaux sont autant d’univers que met en regard la légende dramatique écrite en 1915 par An-ski, au terme d’une recherche méticuleuse des traditions orales et musicales des juifs d’Europe de l’Est et de Russie. Pour en retrouver la force esthétique, historique et politique, Benjamin Lazar et Louise Moaty saisissent la pièce depuis ses origines en traduisant les versions yiddish et russe produites par l’auteur, et en redonnant à la musique – vecteur essentiel de la culture juive – toute la part qu’elle y prend, grâce à la collaboration du compositeur Aurélien Dumont.
« Dans une scène extraordinaire, [Léa] parle avec la voix même de l’homme qui réclame ce qui lui a été destiné, c’est-à-dire la femme, c’est-à-dire elle-même […]. La voix avec laquelle cet être revendiquait son bien est l’une des choses les plus terribles que j’ai entendues. » Antonin Artaud
L’histoire du Dibbouk double d’une dimension fantastique la fulgurance d’un destin amoureux tragique comme celui de Roméo et Juliette. An-ski a su trouver l’équilibre parfait entre les particularités du milieu historique et culturel qu’il veut dépeindre et conserver grâce au théâtre, et l’universalité des sentiments et des idées.
Monter cette pièce aujourd’hui, c’est d’abord prendre la mesure de l’événement qu’elle représenta en Europe lors de sa création, c’est comprendre le chemin de pensée des différents artistes qui y travaillèrent et c’est remettre au jour des pans occultés de sa conception, à commencer par sa dimension musicale.
Il s’agit aussi pour la troupe du Théâtre de l’incrédule de créer une nouvelle version de la pièce, capable de mêler à nouveau inextricablement, de façon renouvelée, enjeux esthétiques, enjeux de mémoire et enjeux politiques. À l’heure où l’interrogation sur ce que nous sommes se double et se conforte d’une agressivité exacerbée envers ce que nous ne sommes pas, la démarche d’An-ski dans le Dibbouk frappe par sa pertinence. Portant sur la culture juive dont il est issu un regard à la fois aimant et critique, An-ski compose une histoire bouleversante où l’exaltation des beautés et de la force spirituelle d’une religion et d’une société n’empêche pas une critique virulente de la coercition qu’elles engendrent.
Le surnaturel est ici une manière de dire la force de révolte contre l’ordre social établi : la force mystérieuse qui s’empare de Léa est aussi celle du refus. Révolution esthétique lors de sa création par sa manière de lier inextricablement la musique à la parole parlée, et le fantastique au réalisme, c’est aussi une révolution de pensée qui se joue dans le Dibbouk : l’effort sans cesse à renouveler pour que la vie sociale produise plus de liberté, et que l’originalité de la culture de chaque peuple vienne enrichir l’humanité toute entière.
Benjamin Lazar
Départ très surprenant mais la suite est bien portée par un jeu précis et de très beaux moments de poésie Même sans comprendre le yiddish on est charme par la musique de la langue le partie pris de la traduction instantanée et dérangeant au début et finit par apporter une dimension supplémentaire qui contribue largement à la création de l atmosphère qui porte le spectacle
Pour 1 Notes
Départ très surprenant mais la suite est bien portée par un jeu précis et de très beaux moments de poésie Même sans comprendre le yiddish on est charme par la musique de la langue le partie pris de la traduction instantanée et dérangeant au début et finit par apporter une dimension supplémentaire qui contribue largement à la création de l atmosphère qui porte le spectacle
59, boulevard Jules Guesde 93207 Saint-Denis
Voiture : Depuis Paris : Porte de la Chapelle - Autoroute A1 - sortie n°2 Saint-Denis centre (Stade de France), suivre « Saint-Denis centre ». Contourner la Porte de Paris en prenant la file de gauche. Continuer tout droit puis suivre le fléchage « Théâtre Gérard Philipe » (emprunter le bd Marcel Sembat puis le bd Jules Guesde).