« Le Papalagui désigne le Blanc, l’étranger, littéralement : le pourfendeur du ciel. »
Le premier missionnaire blanc qui débarqua à Samoa arriva sur un voilier. Les indigènes prirent de loin les voiles blanches pour un trou dans le ciel, à travers lequel le Blanc venait à eux. Il traversait le ciel.
Le texte est présenté comme un recueil d’observations et de réflexions où la civilisation occidentale est passée au crible du bon sens d’un dignitaire samoan du début du siècle. Touiavii ne cache ni sa surprise ni son indignation après avoir constaté l’étrange manière dont vivent les ressortissants d’une grande puissance coloniale. Près d’un siècle plus tard le texte n’a rien perdu de sa pertinence.
« Les couvres-chairs du Papalagui : … Les pieds sont aussi pourvus d’une peau douce et d’une peau très dure. La douce est souvent souple et s’adapte bien au pied, au contraire de la dure. Celle-ci est faite avec la peau d’un animal vigoureux, qui est longtemps plongée dans l’eau, raclée avec des couteaux, battue et exposée au soleil jusqu’à ce qu’elle durcisse complètement. Le Papalagui porte les peaux de pied du lever au coucher du soleil, il va dedans en mélaga (en voyage) et danse là-dedans, il les porte même si le temps est aussi torride qu’après une pluie tropicale. »
Discours de Touiavii, chef de tribu de Tiavéa dans les Mers du Sud. Recueilli par Erich Scheurmann (1878-1957), édition originale en 1920. Première édition française en 1980.
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