« Ce qu’il y a de bien avec la campagne, c’est que quand on sort on est dehors… » (brève de comptoir, citée de mémoire…)
Campagne : Tout y est permis.
Il faut toujours se mettre à son aise.
Pas de toilette- on retire ses habits.
Gaieté bruyante - faire des farces.
S’asseoir par terre - fumer la pipe.
Les gens de la campagne meilleurs que ceux de la ville. Envier leur sort.
Gustave Flaubert,
In Bouvard et Pécuchet, dictionnaire des idées reçues.
Des citadins, une femme et deux hommes. De beaux habits un peu boueux. Ils sont allés sur le terrain, ils ont mis les pieds dans la gadoue. Ils ont battu la campagne en tous sens, tenté même de retrouver le mouvement et le rythme du fléau. Ils en sont revenus, dans tous les sens du terme.
Ils essaient de faire le point, de faire un bilan. De recenser toutes les idées reçues, ceux de la campagne vus par ceux de la ville (du genre « c’est facile, il n’y a qu’à attendre que ça pousse »), et inversement, de se livrer à un inventaire méticuleux, de faire le bilan d’une enquête scientifico-étnologico-fantaiso-poétique : c’est quoi, c’est qui l’autre ?
Ils se disent qu’ils ne peuvent avoir aucune certitude, qu’ils doivent se contenter de tourner autour du sujet, de petits bouts de vie, de tentatives de paroles qu’ils voudraient pouvoir restituer.
Ils s’interrogent sur les contradictions et aberrations d’un système qui tenterait de « fixer la nature », de « rationaliser » à tout prix, l’espace, le temps, la production… Une campagne bien ordonnée, des machines délirantes et silencieuses, des laboratoires à animaux sans bouse, des pâturages où il n’ y aurait plus qu’une vache-modèle, de nouvelles fosses aux normes qui ressembleraient à des piscines… Le rêve de l’auto-fonctionnement, « les temps modernes » appliqués à l’agriculture.
Ils élaborent un sondage où l’on choisirait : préféreriez-vous avoir près de chez vous une porcherie industrielle ou un foyer pour personnes en grande difficulté ? Qu’est-ce qui justifie votre choix ? Pouvez-vous expliquer ? Cela sur le mode de la conférence loufoque, du burlesque, avec en fond des entrées de clowns, des chansons, et le fil d’une fiction qui se met peu à peu en place. Avec le plaisir d’un « joyeux bricolage intempestif », faire un spectacle destiné à être joué « aux champs et à la ville ».
Eugène Durif et Catherine Beau
2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris