Note d’intention
Résumé
Origine de la pièce
Extraits
Dans ce monologue à deux personnages, Jean Cocteau nous plonge dans un huis clos à la fois drôle et cruel. Le texte est intemporel et l’écriture simple comme une lettre d’amour. Les thèmes universels, chers à Cocteau, comme la trahison, l’abandon, la servitude et l’amour me touchent tout particulièrement et c’est ce qui m’a donné envie de mettre en scène ce spectacle surréaliste et en même temps si proche de nous.
Je souhaitais que « La Femme » (appelons la ainsi puisqu’elle ne porte pas de nom) soit écorchée vive, tourmentée mais passive afin que sa violence ne passe qu’au travers du texte. Dans un décor sobre et familier, je désirais montrer à quel point l’héroïne fait corps avec cette chambre qui est à la fois un refuge et une prison qu'elle arpente à longueur de nuit. Alors face au comportement flegmatique et improbable d’Emile il ne lui reste plus qu¹un moyen de se libérer et d’exorciser sa peur : « La parole ».
Voilà tout le paradoxe de la situation, la peur de ne plus exister, la dépendance à l’autre et l’incapacité d’agir physiquement. Pour la musique j’ai choisi les chansons douces et mélancoliques de Joëlle Esso qui sont en parfaite osmose avec l¹ambiance que je souhaitais créer sur scène (album Mungo).
Stéphanie De Luca
Une chanteuse déambule dans sa chambre d’hôtel. A l’affût du moindre bruit, elle attend que Son Emile rentre à la maison. Il arrive après une nuit très agitée et n’aspire qu’à une chose, se détendre en lisant tranquillement le journal. Face à la froideur d’Emile tous les moyens sont bons pour attirer son attention : ironie, colère, séduction, confidences, plaintes, menaces… Arrivera-t-elle à briser cette indifférence muette ?
De ce face à face grotesque entre une femme dans l’attente et un Emile au flegme satisfait, Cocteau tire une réflexion drôle, émouvante et cruelle sur l’existence.
Par la Compagnie Les Vagamondes
A son origine, en 1936, l’oeuvre se présentait sous la forme d’un poème, puis d’une chanson parlée en trois actes où l’action se déroulait la nuit, le matin et l’après-midi.
Cette version comprenait diverses indications scéniques et de décor, qui sous-entendaient le désir de l’auteur de voir représenter la pièce. Mais c’est la rencontre avec Edith Piaf en 1940 qui va précipiter l’évolution du projet : « Avouerai-je en outre que j’ai vite improvisé Le bel indifférent, un soir, à l’hôtel Beaujolais pour Edith Piaf qui souhaitait s’essayer sur les planches. »
Dans cette version, l’action dramatique se passe dans la continuité, Cocteau conserve les thèmes du mensonge et de l’attente. En revanche il remplace la violence physique que subit le personnage féminin par une torture morale plus accentuée.
Enfin en 1949, le poète transformera à nouveau la pièce en une courte version masculine intitulée Lis ton journal !, dédiée à Jean Marais.
" Ne dis pas non, ne jure pas sur ta mère. Je t’ai vu. Il est vrai que d’aller chez le dentiste ou chez cette vielle poule ça ne doit pas être plus agréable. Et ma santé ? Tu y penses à ma santé ? Tu t’en moques. Si je crevais, je te débarrasserais. Pardon. Je serai sage. Je ne me plaindrai pas. Je me tairai. Là… Là… Je me tairai. Je te coucherai et je te borderai. Tu auras des rêves et dans les rêves tu iras où tu veux, tu me tromperas avec qui tu veux… "
15, rue du Maine 75014 Paris