À l'aube de sa mort, une mère décide de réunir les trois hommes de sa vie, son mari et ses deux fils, afin de les réconcilier. Mais entre paternalisme, aveuglement et désir d'émancipation, que reste-t-il de la famille lorsque le bal des rancœurs se met en place ?
« Là encore, les comédiens parviennent à endosser, avec une agilité bluffante, le rôle des fils, des belles-filles, du grand-père, de la mère, du père. » Sandrine Blanchard, Le Monde, 25 février 2019
Microcosme, miroir de nos sociétés, au-delà des cultures et du temps, universelle et complexe, la famille est au coeur de notre réflexion. Lieu de confiance et d’épanouissement théorique, que se passe-t-il dans l’alcôve de ses secrets ? Puisqu’elle est le cocon et la sève de chaque individu, elle devrait être l’endroit de la confiance absolue, mais quand cette communauté n’apporte pas la solidarité morale et affective dont chaque être a besoin pour s’épanouir, quelles solutions reste-t-il pour se construire ?
Peut-on panser ses blessures, sortir du déterminisme et s’émanciper de ces liens qui paraissent indéfectibles ? Dans quelle mesure la mort d’un des membres de cette micro-société peut-elle modifier le cours de l’histoire personnelle de chacun ? Quel est le poids de la filiation dans la construction de soi ? Peut-on réellement se détacher, se délivrer de ce que nous ont transmis nos parents ? Le fait d’avoir soi-même des enfants aide-t-il à couper le cordon ?
Musique et costumes
L’univers sonore se décline de deux façons : l’une, réaliste, créé à partir de sons du quotidien, permet d’illustreret de souligner les différentes situations. L’autre, plus poétique, intervient lors des moments fantasmés dévoilant l’intérioritéet le ressenti des personnages.
L’utilisation de la base noire s’est imposée car sa neutralité permet un passage immédiatd’un personnage à l’autre. On réduit le costume à son plus simple appareil pour laisser une plus grande placeau jeu des comédiens.
Parlez-nous de cette mise en scène. Décor minimaliste (deux tabourets), costumes neutres (base sombre) et identiques pour les deuxcomédiens, notre intention est de laisser la plus grande place au jeu des comédiens. À deux, ils interprétent les sept personnages de cette famille, passant de l’un à l’autre simplement grâce à une attitude, une posture, un regard, une inflexion de voix…
Ils convoquent l’intimité de chacun des protagonistes en une fraction de seconde, laissant ainsi pleinement les émotions transparaître et se fondre dans l’imaginaire des spectateurs. Chacun trouvera ainsi un écho à son propre vécu, comme une esquisse des nervures du bois dont il est fait. Qui est la famille Lachassette ? Une famille de classe moyenne originaire d’Albi (Tarn) dans laquelle, comme partout, chacun tente de trouver sa place. Cette famille a migré vers Lyon, à Chabris, pour la réussite familiale. Le père et un des deux fils tiennent une agence immobilière.
La mère, sachant sa fin proche, prend conscience de tout ce à côté de quoi elle est passée dans sa vie et tente d’aiderses fils à ne pas reproduire les mêmes erreurs. Le père, paternaliste inflexible, tente de son côté demodeler ses fils selon l’image qui lui semble être la bonne. Les deux fils ainsi que leurs femmes et leurs enfants essaient, eux, tant bien que mal d’exister et de se réalisermalgré – et grâce à – cet héritage familial. De quels bois sont fait Julien Cigana et Nicolas Devort ? Nicolas Devort a passé son enfance à Aix-les-Bains. Il se destine d’abord à une carrière d’ingénieur, mais après une année de Maths sup et deux ans d’IUT en génie mécanique, il se rend compteque c’est plutôt vers l’art qu’il souhaite se tourner.
Depuis qu’il a créé sa compagnie de théâtre La Cie Qui Va Piano avec Stéphanie Marino en 2005, il écrit et produit ses spectacles. Il est père de deux filles. Julien Cigana est d’un bois du Sud Ouest, originaire de Bordeaux, de parents divorcés. Père de deux petites filles magnifiques. Fils de psychiatre et d’infirmière, Julien est d’un bois assez classique maisunique car chacun porte en lui son histoire familiale, qui le forge, l’abîme, le fait grandir... Clotilde Daniault passe son enfance en région parisienne au sein d’une fratrie de quatre. Elle est numéro 3. Elle rencontre Julien Cigana à l’école Claude Mathieu où elle apprend son métier de comédienne et plus tard Nicolas Devort sur un projet de théâtre. La mise en scène vient compléter son travail d’interprète. Elle est mère de deux garçons.
Propos recueillis par Mathilde Bariller.
94, rue du faubourg du temple 75011 Paris