« Dans toute mélodie triste se cache un mort, qui s’est glissé dans la musique. » Forts de cette découverte, le compositeur-musicien Joachim Latarjet et la comédienne Alexandra Fleischer se sont attachés à interroger les morts, à les faire parler, à les faire chanter aussi. Non sans humour, ils ont exploré la manière dont les vivants et les morts gèrent, concrètement et au quotidien, leurs rapports. Pourquoi les morts reviennent-ils tourmenter les vivants ? Qu’est-ce qui les rend mécontents ? Nous envient-ils ? Que faut-il faire pour qu’un mort cesse de vous hanter ? Si on lui offre des friandises, s’en ira-t-il ?
Au milieu des questions pratiques, d’autres surgissent, plus philosophiques, comme celles de Vladimir Jankélévitch : « Il n’est jamais arrivé qu’un mortel ne meure point, échappe à la loi commune, accomplisse de vivre toujours et de ne disparaître jamais (…) Alors pourquoi la mort de quelqu’un est-elle toujours un scandale ? »
Ici, les spectres du son et ceux des hommes se répondent. Dans une petite pièce vide errent trois personnages, deux femmes et un homme, danseur en armure, chevalier tout droit sorti du Moyen-Âge. Des dizaines de micros pendent du plafond. Manipulés par le musicien, ils s’attachent à capter l’inaudible. Des boucles sonores nous parviennent, des ritournelles entêtantes, qui mettent en transe, font frissonner, avancent en nous engloutissant. Les morts sont plus nombreux que les vivants. Il ne faut pas s’étonner qu’ils soient si bruyants.
Le titre du spectacle est un hommage à Gustav Mahler qui, après la mort de sa fille, refusa de s’isoler dans son deuil. Il se mit à écrire les lieder du Chant de la terre – qui sont des hymnes à la nature, au vin, à l’amitié – et choisit d’entrer en résonance avec le monde.
Oh ! Oui… c'est la rencontre d'une comédienne et d'un musicien ; Alexandra Fleischer et Joachim Latarjet, un des membres fondateurs de la compagnie Sentimental Bourreau et compositeur de Philippe Decouflé (Solo).
La compagnie est née de l'envie de faire des spectacles musicaux à partir de textes a priori non-théâtraux, d'utiliser les lumières, le son, la vidéo, pour élaborer des spectacles qui parlent de la folie, des obsessions, du travail, du secret, de la langue, de la façon dont notre cerveau crée de la fiction, des chansons qui font une vie, des morts… des thèmes qui nous habitent.
La musique est omniprésente dans notre travail. Elle ne ponctue pas, elle ne décore pas, elle accompagne, elle exprime, elle raconte une histoire au même titre que le texte. Oh ! Oui… est une compagnie qui regroupe des musiciens, des comédiens, des vidéastes, des danseurs… Nous aimons utiliser le plateau comme un lieu de liberté par excellence. C'est ce qui anime notre travail car tout commence par là : le plaisir d'être ensemble sur un plateau.
« Une création qui évite tous les clichés attendus. Si la mort y est violente, les crimes odieux, la vengeance attendue, plus qu’inquiétant c’est férocement joyeux et alerte. Surtout, c’est d’une grande liberté. Un grain de folie, d’ironie traverse cette création musicale originale. La mort leur va très bien… » Un Fauteuil pour l’orchestre
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