Il ne court pas, il ne vole pas, le dodo piète. Le dodo grossit sur l’archipel des Mascareignes au xvie siècle. L’écrivain Buffon, naturaliste du XVIIIe siècle, le décrit : « On dirait qu’il est composé d’une matière brute, inactive, où les molécules vivantes ont été trop épargnées. On le prendrait pour une tortue qui se serait affublée de la dépouille d’un oiseau. » L’animal disparaît presque aussi vite qu’il est découvert. Il engendre aussitôt une mythologie littéraire considérable.
Sur scène, en patois, un conteur raconte l’aventure de ce drôle d’oiseau et, à travers elle, la fin d’une île sans prédateur, d’une culture originelle et d’un goût pour la gentillesse tombé en désuétude. Mais un autre conteur se lève, veut sauver l’animal, lui donner la parole au nom des espèces disparues. L’homme fait de la bête l’emblème d’un monde en perdition ; un monstre de symbole.
Y a-t-il encore une place pour le dodo dans ce monde ? Comment survivre quand son espèce est menacée ? Construit au fil de débats, d’improvisations, de chantiers publics, le solo de Yannick Jaulin est traversé par les questions urgentes à l’ère de la globalisation et du nivellement des identités. Il met en scène les contradictions qui déchirent le conteur quand il contracte le « syndrome du dodo » : comment rester debout quand son monde s’est dérobé sous ses pieds, si on est inadapté, hors des normes, comme le dodo ?
Acteur, Yannick Jaulin participait à l’aventure du théâtre de Wajdi Mouawad en jouant un rôle majeur dans Forêts. Auteur, diseur, après J’ai pas fermé l’oeil de la nuit et Terrien, spectacles qui renouvellent le conte et le replacent au centre de notre compréhension du monde, Yannick Jaulin oppose deux univers et deux manières de raconter, de se raconter, autour d’une bestiole magnifique.
8, avenue Dolivet 92260 Fontenay-aux-Roses
Voiture : N 20 depuis porte d'Orléans - sortir à Bagneux.