Le menteur

Julia Vidit fait entendre un Corneille moderne et visionnaire.
Épris d’aventures amoureuses, le jeune et séduisant Dorante, « vaillant par nature et menteur par coutume », imagine, « rêve en parlant » et s’invente des exploits. Dorante a du talent, Dorante est un artiste, un joueur. Mais le menteur s’expose au leurre et il est loin d’imaginer que la belle Clarice qu’il veut subjuguer – et qu’il croit s’appeler Lucrèce – lui tend un piège en faisant passer son amie pour elle-même ! Identités en fuite, versatilité des sentiments : dans la comédie baroque le monde n’est qu’un jeu, ou plutôt un théâtre.
  • Un classique

Épris d’aventures amoureuses, le jeune et séduisant Dorante, « vaillant par nature et menteur par coutume », imagine, « rêve en parlant » et s’invente des exploits. Dorante a du talent, Dorante est un artiste, un joueur. Mais le menteur s’expose au leurre et il est loin d’imaginer que la belle Clarice qu’il veut subjuguer – et qu’il croit s’appeler Lucrèce – lui tend un piège en faisant passer son amie pour elle-même !

Identités en fuite, versatilité des sentiments : dans la comédie baroque le monde n’est qu’un jeu, ou plutôt un théâtre.

  • La presse

« Julia Vidit met en scène Le Menteur de Pierre Corneille, une comédie savoureuse sur le mensonge et le libertinage, qu’elle éclaire avec des interrogations et des partis pris contemporains réjouissants. » Marina Da Silva, L'Humanité

« Le baroque et son tohu-bohu, ici, nous perturbent et nous embarquent dans un plaisir constant. » Gilles Costaz, Webtheatre

« L’audace de Julia Vidit saute aux yeux et prend tout son éclat. » Eric Demey, La Terrasse

« La mise en scène très originale, le texte de Corneille ainsi que les costumes contemporains apportent une note actuelle qui ravit le public. » Denis Rousseau-Kaplan, France Info Outre Mer

« Les comédiens sont tous excellents. Ce spectacle constitue une belle réussite. » Laurent Schteiner, Théatres.com

  • Le menteur aujourd'hui

Dorante est nouveau venu à Paris. Le voilà fraîchement débarqué de Poitiers en compagnie de son confident Cliton. Paris, ce pays du beau monde et des galanteries, semble lui offrir ses charmes et ses attraits. Dorante le sait bien et c’est en galant qu’il se présentera pour courtiser Clarice - qu’il prend pour sa cousine Lucrèce. Le quiproquo ne s’arrêtera pas là, les cavalcades mensongères non plus. Car quand Géronte - son père - le presse d’épouser une Clarice - qu’il croit ne pas connaître – rien ne va plus, et l’arrivée de son amant ne fera qu’amplifier l’imbroglio. D’autant plus que, de son côté, Clarice a l’idée de demander à Lucrèce, sa cousine, de prendre rendez-vous avec Dorante afin de pouvoir l’observer et de lui parler en empruntant son nom ! Pour échapper au dévoilement de sa maigre condition, Dorante se dira chevalier ; pour échapper aux ordres de son père, il se dira déjà marié à Poitiers. Tantôt il usera de lyrisme pour charmer ses compagnons, tantôt il jouera au héros dans un duel fictif pour épater la galerie. C’est toujours la parole qui lui sert d’appui pour mentir. Et c’est aussi sa parole qui le sauvera.

  • Pourquoi le menteur ?

En 2007, actrice dans Le Cid mis en scène par Alain Ollivier, j’ai joué la pièce plus d’une centaine de fois. Cette expérience scénique m’a fait découvrir la puissance sensible du vers cornélien. D’une grande clarté, son alexandrin entraine le spectateur dans une pensée aiguisée pour l’esprit et pour l’oreille. De l’intrigue, aussi bien ficelée qu’invraisemblable, naissait toujours un amusement primitif chez le public : celui de croire à l’impossible ! C’est donc le plaisir du théâtre qui me lie à Corneille. Chacune de ses pièces nous montre une partie de nous-même avec finesse, vivacité et intelligence. En 2007, j’ai découvert Le Menteur. Cette comédie m’apparut incroyablement moderne et visionnaire, et je décidais déjà de la faire entendre.

  • Du faiseur au menteur : Le jeu de la vérité

Ce projet s’inscrit dans le prolongement d’une recherche sur l’illusion théâtrale, menée au sein de la compagnie. De création en création, notre désir est d’explorer le théâtre comme un exercice de vérité à partager. Nous créons des formes variées à partir de textes écrits par des auteurs qui oeuvrent autour de cette problématique : le réel et son double. Le premier spectacle, Fantasio de Musset, était une intrusion menée par le héros dans l’illusion d’une cour d’opérette imaginaire. La scénographie enchantée était aussi, grâce au prologue, méta-théâtrale. Le faiseur de théâtre de Thomas Bernhard nous engageait à créer une illusion préexistante. Le rideau s’ouvrait sur une auberge hyperréaliste. Le faiseur de théâtre déréalisait le décor et son discours l’emportait : nous plongions au fil des actes le spectateur dans une abstraction théâtrale. En 2015, avec Illusions de Viripaev, la scénographie est un espace de projection, ce sont les acteurs-narrateurs, qui par leur récit, engagent les spectateurs à l’élaboration de ces illusions. L’intrigue du Menteur n’est pas vraisemblable et chez Corneille, comme le rappelle l’Abbé d’Aubignac, « c’est bien la conscience de la tromperie qui en garantit l’efficacité ». Plus Dorante ment, plus nous croyons à ses élucubrations. Et mensonge après mensonge, c’est chaque fois la vérité que l’on pense voir advenir. Dans un dispositif joueur, c’est la partialité des êtres et des choses que nous allons tenter de mettre en scène.

  • Adaptation : Jouer avec les conventions du 17ème

Avec Guillaume Cayet, dramaturge et auteur associé à la compagnie, nous avons considéré la place des femmes dans la pièce et avons renforcé les enjeux des personnages féminins. Clarice, qui cherche à être sincère et à épouser un homme qu’elle aimerait plutôt que celui qui lui est imposé, va se trouver obligée de quitter la convention de langage pour se faire entendre. Le temps d’une réplique en prose, elle aura tenté de ne plus se conformer à la règle, avant d’être interrompue par Géronte qui reprend le code de cette société imaginaire : l’alexandrin. Cette déviation, très furtive, parenthèse rapide d’une femme d’aujourd’hui, fera se rejoindre les deux époques en offrant un contraste à la forme classique. Lucrèce, l’autre personnage féminin de la pièce, joue sa propre suivante pour intriguer et découvrir Dorante avec ses propres yeux. En ne faisant qu’une avec ces deux rôles, un double féminin du menteur apparait. Cette menteuse qui oeuvre par le travestissement et non par la parole, comme le fait Dorante, devient un personnage plus complexe, plus riche, plus central. Enfin, le succès du héros est commenté par Cliton et son conseil « Apprenez à mentir ! » appelle conventionnellement les applaudissements ! Nous chercherons à perturber avec humour l’élan final afin de susciter un regard réflexif sur cette fin choisie par Corneille.

  • Dire les vers à l'heure de l'ultra-communication

Les acteurs et le verbe seront au centre du spectacle. A partir de cette contrainte formelle qu’est l’alexandrin, nous trouverons le plaisir du jeu, le rire et le sens, nous nous acharnerons à faire entendre la pensée concrète des vers et à les parler. Nous accorderons un sort particulier au phrasé de Géronte, la figure du père et de l’ancienne génération : en soulignant l’emphase que peut provoquer le vers, notamment dans la scène inouïe où il foudroie son fils et son monologue aux allures d’un Don Diègue revisité. Nous ne manquerons pas de faire un clin d’œil au Cid et de faire dialoguer ainsi Géronte avec ses pairs cornéliens. La jeunesse, elle, s’empare des vers de façon plus incisive, plus directe. Les mensonges de Dorante, sorte de récits de l’invraisemblable, permettront eux aussi dans leur longueur, un emballement rythmique, vocal et sonore. Nous souhaitons faire entendre la performance d’acteur que peut être le récit en alexandrins.

  • Du mot à l'image

Au 17ème siècle, le discours est une arme redoutable, la rhétorique est un art. Aujourd’hui, celui qui veut passer pour un autre prend des risques différemment. La surveillance et les connexions le rendent prudent : mieux vaut être taiseux, ne pas tout dire, ne faire voir qu’une réalité transformée, de sorte que les autres puissent projeter à l’envie sur celui qui feint. Dorante ou Lucrèce, sur le marché du libéralisme courtisan, évoquent des consommateurs 2.0, choisissant sur des applications leur prochaine rencontre nocturne. Comme eux, il parviennent à leurs fins, mais masqués, ne montrant qu’une image d’eux-mêmes. Comme eux, ils sont incompris par la génération de leurs pères. Comme eux, les amant-e-s ne sont qu’une marchandise, qu’une consommation, qu’une expérience de plus.

  • S’émanciper des Hommes et des blancs

Monsieur, quand une femme a le don de se taire, Elle a des qualités au-dessus du vulgaire. Dans la pièce de Corneille, les femmes pourraient passer pour de simples objets de la convoitise masculine. Elles ne seraient que le support de fantasmes masculins, et ne représenteraient que l’appât d’une dote qui garantit un bon avenir à celui qui réussit à les ferrer. Toutefois, nous pouvons aujourd’hui lire qu’elles jouent et trompent aussi avec intelligence et finesse. En ne faisant qu’un seul personnage de Lucrèce et Sabine, nous offrons un double aussi calculateur que Dorante, replaçant ainsi la femme à l’égal de l’homme, capable de se mettre en scène pour arriver à ses fins. Dans cette même volonté de sortir de la domination masculine et de quitter les représentations souvent normatives dans les mises en scène des textes classiques, le rôle de Cliton sera distribué à une femme. Au-delà d’une distribution plus féminine, ce trouble dans le genre rejoint les questions essentielles de la pièce sur l’être, le paraître. Enfin, toujours dans ce même souci représenter le monde d’aujourd’hui, la distribution sera métissée, à l’image de notre société, et pour en finir avec un théâtre classique, trop souvent exclusivement blanc.

Julia Vidit

Sélection d’avis du public

Par Bernard J. - 18 février 2018 à 19h12

interprétation très expressive pour tous les acteurs avec une mention pour Cliton. Mise en scène très réussie aussi bien sur plan esthétique que sur le plan symbolique. Le choix de cette pièce rarement jouée est vraiment judicieux

Par Sarah D. - 11 février 2018 à 21h57

Un excellent moment, une mise en scène remarquable, des acteurs éblouissants pour un texte d'une modernité étonnante. Et toujours le charme de la Cartoucherie. Courez-y!

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Par Bernard J. (1 avis) - 18 février 2018 à 19h12

interprétation très expressive pour tous les acteurs avec une mention pour Cliton. Mise en scène très réussie aussi bien sur plan esthétique que sur le plan symbolique. Le choix de cette pièce rarement jouée est vraiment judicieux

Par Sarah D. (1 avis) - 11 février 2018 à 21h57

Un excellent moment, une mise en scène remarquable, des acteurs éblouissants pour un texte d'une modernité étonnante. Et toujours le charme de la Cartoucherie. Courez-y!

Informations pratiques

Cartoucherie - Théâtre de la Tempête

Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Cartoucherie
  • Métro : Château de Vincennes à 1 km
  • Bus : Cartoucherie à 174 m, Plaine de la Faluère à 366 m
  • Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.

    En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
    Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.

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Plan d’accès

Cartoucherie - Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 18 février 2018

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