Quatre comédiens sur scène. Un spectacle. Jusque-là rien de plus normal. Mais il se trouve qu'au bout de quelques minutes, ces comédiens s'arrêtent de jouer. Ils veulent au plus vite quitter la scène et en finir. Le public lui, ne bouge pas, il a payé sa place, il ne veut pas partir. Il va falloir rester et faire quelque chose pour sauver la face. Il va falloir se battre, tenir la position face à ces rangs de spectateurs, de voyeurs immobiles et angoissants...
Dès lors ces acteurs condamnés à jouer multiplient les propositions : commedia dell’arte, danse orientale, tango, théâtre de foire, théâtre de l'absurde... en vain. Alors, ils décident finalement de cesser de fuir les spectateurs, et de se mettre simplement à raconter au public leurs propres histoires. Récit improbable d’un viol dans les Bains douches, histoire glauque d’un racolage qui a mal tourné et puis finalement, le feu d’artifice final, la rencontre tant attendue du mystérieux Nègre au Sang...
Par la Cie Les Zouaves de la générale.
À la fois spectacle et critique du spectacle, Le Nègre au Sang est une pièce intempestive qui interroge certains fondements du théâtre tel qu’il est souvent pratiqué actuellement, tout en proposant d’autres possibilités de représentation.
Le premier acte est le moment critique où la représentation est suspendue. C’est un cauchemar qui devient réalité : si le spectacle préparé, bien léché, bien rôdé (mais mauvais!) est tout à coup suspendu, et que les acteurs sortent de leur rôle, que va-t-il se passer ?
Les comédiens entreprennent au deuxième acte une série de tentatives déjantées et excessives pour recréer sur le vif un spectacle. Mais leurs histoires sont sans queue ni tête, leurs essais sont vides de sens et de chair. Avant de vouloir dire quelque chose à tout prix, il faut avoir quelque chose à dire.
Le troisième acte nous amène à comprendre la raison de leurs échecs antérieurs, et comment une autre représentation est possible. Le théâtre ne doit pas se faire face à un public, comme une démonstration ou un affrontement : il doit se faire aussi parmi le public. Avec lui, et non pas pour lui ou contre lui.
Le théâtre qu’ils proposent, et qui est celui que défend Valletti à travers toute son oeuvre, c’est un jeu subtil de va et vient entre réalité et spectacle, vie et représentation.
2, passage du Bureau 75011 Paris