Note de mise en scène
Ladaptation, composée de dix courtes scènes, conserve la ligne principale du sujet du roman. De la même manière, le spectacle commence par une terrible nouvelle : Joseph K. est arrêté sans aucun motif daccusation. Entre la première scène larrestation et la dernière la mort , Joseph K., au cours dune lutte dune année, déploie tous ses efforts, face à cette accusation énigmatique, pour vaincre cette situation, prouver quil sagit dune erreur et obtenir la vérité. K. appelle à laide la famille, lamour, lart, la religion, mais cest à chaque fois un échec. Partout, il ne rencontre quincompréhension et se retrouve condamné à la solitude et à la mort, condamné à ne jamais savoir sil a atteint la vérité, ni même sil existe quelque chose que lon puisse nommer vérité.
Le travail de mise en scène consistait non seulement à transcrire la ligne directrice du sujet, mais également à définir et reproduire lunivers de Kafka, à rendre avec précision lesthétique et le style, à concevoir une décision artistique pour chaque scène en particulier et pour le spectacle en général ; à déceler et montrer laspect comique, lhumour spécifique de cette uvre et en même temps à déterminer, organiser et développer laspect tragique de la situation dans laquelle se trouve K., " la dernière figure tragique moderne ". Cest de là quest née la définition du genre : " requiem comique ". Malgré lopinion générale selon laquelle Le Procès ne présente presque aucune évolution daction, jai souhaité au contraire monter un spectacle où laction se développe continuellement et passe de la comédie au drame, du drame à la tragédie, de la tragédie à la farce
Jai voulu réunir dans ce spectacle, en les soumettant à la conception générale, la couleur et la forme, le mouvement et le silence, le mot et le geste, la mort et la musique. Jai voulu monter un spectacle à la fois classique et moderne et démontrer que Kafka est un auteur théâtral. Le Procès est sans doute le roman le plus théâtral de Kafka : laction évolue impétueusement, chaque scène finit par léchec de Joseph K. et le conduit inexorablement vers le dénouement tragique. Jai souhaité créer un spectacle dune grande force émotionnelle, qui, je lespère, ne laissera personne indifférent et forcera à réfléchir ; créer un spectacle orienté contre toute forme de violence, dinjustice et dincompréhension, et dire :
" Je défends un homme qui ne sait pas de quoi on laccuse. "
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