La promenade d’un poète qui cherche à nourrir son écriture en se confrontant au monde qui l’entoure. A la levée du jour ce poète désargenté sort de sa mansarde et se lance alors dans son odyssée.
De tableau en tableau, l’écrivain nous invite à pousser discrètement la porte d’une librairie à la mode, à défier la morgue d’un arrogant maître tailleur ou bien encore à s’endormir sur la mousse d’un sous-bois. Rien n’échappe à son regard souvent tendre, parfois incisif : les joies de la vie ordinaire, les pesanteurs des conventions sociales et la splendeur d’une nature ensorcelante.
Cette oeuvre de Robert Walser est un bel exemple du génie de l’auteur suisse qui suscita l’admiration de Franz Kafka et Thomas Mann. Cet éloge de la promenade exalte le désir de s’imprégner du monde et de le ré-enchanter, il a de nombreuses affinités avec la démarche du Collectif Quatre Ailes, qui stimule notre capacité d’émerveillement en décloisonnant les disciplines artistiques : théâtre, cirque, vidéo…
Par le Collectif Quatre ailes.
Création musicale originale : Nicolas Séguy
Les pieds en l'air
Cheminer aux côtés du poète promeneur, c’est voyager dans un monde flottant et éternel. La Suisse que décrit Robert Walser est représentée comme un jardin extraordinaire, une sorte de paradis d’avant la chute. Nous avons pensé d’emblée aux estampes chinoises où l’imaginaire du spectateur circule dans les vides du dessin. Pour guider le spectateur dans le monde de La Promenade, nous avons choisi de travailler avec un comédien trapéziste. Libre de marcher sur le sol et de s’envoler, notre Promeneur rencontre les gens et les choses sur des chemins suspendus. C’est aussi par le biais de l’aérien que nous cherchons à révéler l’état de grâce qui l’habite lorsqu’il écrit, se promène et traverse la vie en se contentant de peu.
Efforts
Selon Robert Walser, l’art d’écrire et de se promener est un travail. Aussi, le comédien trapéziste interprétant le Promeneur doit-il jouer avec l’effort physique dont il a besoin pour effectuer des figures ou se hisser sur les agrès. Ensemble, nous cherchons à dire au spectateur que le poète est un travailleur et que son labeur peut parfois revêtir des aspects agréables ou au contraire harassants.
Mise en boite
« Les enfants sont des êtres célestes car ils sont toujours dans une sorte de ciel. Avec les années le ciel leur échappe. Ils tombent hors de l’enfance dans l’existence sèche, calculatrice, utilitaire des adultes » nous dit le Promeneur. Les différents personnages rencontrés lors de La Promenade sont souvent prisonniers de leur condition humaine. Pour les représenter, nous nous sommes inspirés des personnages du théâtre de Samuel Beckett, incapables de s’extraire de leur état. Par exemple, le Libraire évolue dans une librairie lilliputienne, la Banquière est rivée à son guichet de peur de tomber... Les acteurs ont dû dessiner le plus possible leurs personnages. Ils sont allés chercher du côté de l’imagerie populaire pour créer des figures ou des symboles représentant les corps de métiers qu’ils incarnent.
Lyrisme et acrobatie
Tous les comédiens s’approprient les agrès présents sur le plateau. Il est important que les scènes puissent se dérouler pour l’essentiel en hauteur. Plus encore, pour retranscrire les envolées lyriques du Promeneur, les mots du texte deviennent par exemple des numéros de trapèze. Marie Louise Audiberti dans son essai Le Vagabond immobile a comparé le Promeneur à une sorte « d’acrobate des mots » qui lance des mots en l’air dans l’espoir qu’ils attrapent le rythme et soulèvent la phrase. Cette idée d’acrobatie nous la reprendrons donc sur les agrès avec des numéros plus ou moins complexes et dangereux selon la portée lyrique du texte.
« Une bulle de champagne qui pétille de drôlerie et de sensibilité. » France Inter
« Michaël Dusautoy met en scène et scénographie Le Projet RW d’après La Promenade (1907), fameux journal poétique sur la vie comme elle va, dû à un grand promeneur de Suisse alémanique injustement méconnu en France, Robert Walser. Les arts du cirque y ont le part belle au même titre que le théâtre d’ombres. » Le Monde 2
« La création du Collectif Quatre Ailes est une petite bulle de champagne qui pétille de drôlerie et de sensibilité. » France Inter
« Un univers singulier, poétique et engagé, fragile et prégnant, qui colle magnifiquement au texte du poète. » Télérama
« Savoir mêler les genres scéniques est un rêve auquel peu d’artistes accèdent. Le collectif Quatre Ailes (...) tient brillamment le pari, le temps d’une envolée aérienne jusqu’aux cintres du théâtre où s’entremêlent le cirque, le verbe et le film d’animation. » La Terrasse
7, rue des Plâtrières 75020 Paris