Le Retour au désert est le texte du tout premier spectacle auquel j’ai pu assister, c’était il y a exactement dix ans à Paris, au Théâtre du Rond-Point, dans une mise en scène de Patrice Chéreau. Je venais de quitter la Corse pour apprendre le métier d’acteur avec seulement quelques vagues idées de ce que pouvait être le théâtre. Et cette pièce, Le Retour au désert, parlait de beaucoup de choses mais avant tout d’un retour bien sûr. Le retour vers la terre d’origine, vers et dans la famille. Pour moi qui venais en quelque sorte de quitter l’une et l’autre, cela faisait sens, forcément, même de façon inversée. Comme une prémonition. Car ce retour c’est celui de l’expatrié, accompagné de ses innombrables et insolubles questions identitaires. C’est le retour de celui qu’on ne reconnaît plus. Le décalage entre le monde qu’il a laissé (et dont il a imaginé l’évolution) et celui qu’il retrouve, a souvent creusé un sillon infranchissable. Le retour de l’expatrié est toujours, à des degrés différents, celui d’un étranger. Cela parlait aussi de la famille. La famille comme entité indissoluble, monstre cannibale, mais aussi comme seul refuge, comme seule réponse. Cela parlait de bien d’autres choses encore, tragiques et drôles ; d’intolérance, d’héritage, d’initiation, de passage.
Thierry de Peretti
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