Elle s’appelle Marie. Elle a vu son fils supplicié sur la croix. Nous croyons connaître son histoire. Vraiment ? « De temps en temps », écrit Deborah Warner, « arrive un récit qui réclame d’être raconté, une rencontre personnelle, une intimité éprouvée, une expérience profonde qui dans le calme de la soirée exigent d’être partagés, compris ensemble par l’interprète qui la raconte et le public ». Le testament de Marie est au nombre de ces récits.
Cette histoire est celle de l’une des femmes les plus célèbres au monde, les plus représentées dans l’art occidental. L’Irlandais Colm Tóibín lui donne la parole, avec des mots de tous les jours. Ce simple geste opère un renversement fondamental : l’Histoire perd sa majuscule. Nous entendons une histoire, celle d’une mère qui vit en exil, surveillée par ceux qui tiennent à préserver saintement la mémoire de son fils. Une femme qui en des temps troublés lutte de toutes ses forces pour faire entendre la vérité, révélant ainsi sa propre humanité fragile.
Telle qu’elle l’incarne, son témoignage mérite d’être découvert à mesure qu’elle le raconte depuis la scène. Deborah Warner aime et pratique toutes les dimensions du théâtre, depuis le grand spectacle shakespearien jusqu’au solo. À ses yeux, « solo » n’est d’ailleurs pas un simple synonyme de solitude en scène. La parole de l’interprète, même si elle s’élève « dans un désert », nous est adressée. Son monde, tandis que nous l’écoutons, se reconstruit autour de nous, englobant scène et salle, pareil à un « rêve-paysage » (dreamscape) étrange et familier.
Dans le récit théologique, le jour de la crucifixion est un pivot du destin du monde. Dans le récit de cette femme, ce fut pour bien des gens un jour comme un autre, tout à fait banal – un jour où Marie vit, comme dans une hallucination de douleur, des marchands ambulants griller de la viande sur leurs braseros, des maquignons ferrer des chevaux. Ce jour-là, « ce jour de confusion, de terreur, de hurlements et de cris, » elle vit aussi un homme près d’elle : « cet homme portait une cage qui contenait un grand oiseau furieux au bec acéré, au regard indigné. L’homme portait aussi un sac, dont j’ai découvert peu à peu qu’il était à moitié rempli de lapins vivants. Et au cours des heures sur la colline, ces heures qui ont passé plus lentement que toutes les heures, l’homme tirait de temps à autre un lapin de son sac et le glissait dans la cage entrouverte »... Notre conscience court sans cesse d’une piste à l’autre : l’une est ce que nous pensions savoir, l’autre ce que nous entendons. Le contraste de l’un à l’autre nous entraîne en terrain inconnu. Une histoire inouïe se révèle, tel un défi que le public doit relever chaque soir : celui que lui jettent « une réalité différente, une possibilité différente ». Et peu à peu une autre entente l’emporte – celle de l’émotion partagée.
D’abord créé en 2013 à Broadway avec Fiona Shaw, puis applaudi à Londres, au Barbican, ce testament de Marie fut « un tour de force dramatique aussi audacieux que subversif » (Los Angeles Times). À l’invitation de la Comédie-Française et de l’Odéon, Deborah Warner réinvente en langue française sa mise en scène. Dominique Blanc, inoubliable incarnation de La Douleur, de Marguerite Duras, sous le regard de Patrice Chéreau, retrouve à cette occasion celle qui la dirigea en 1998, sur notre scène, dans l’un de ses plus beaux rôles : celui de Nora dans Maison de poupée d’Ibsen.
« [le rôle de Marie] est incarné avec une sublime vérité par Dominique Blanc. (...) Marie rendue à la terre, aux hommes et à l'effroi du monde : tel est le sens de ce spectacle fulgurant, qui ne cherche pas à choquer les croyants, mais rend simplement son humanité à la femme qui fut au coeur d'un des plus grands mystères de tous les temps. » Philippe Chevilley, Les Echos, 9 mai 2017
« C’est grâce à elle, qui occupe le plateau comme un royaume, grâce à sa finesse psychologique, à son humour aussi, que s’exprime le meilleur du spectacle : l’amour simple et viscéral d’une mère pour son enfant. Peut-être réside-t-il là, le vrai principe divin de l’existence. » Fabienne Darge, Le Monde, 12 mai 2017
« C’est ainsi que j’ai résolu de partir pour Cana, où devaient se dérouler les noces de la fille de mon cousin. Il n’était pas prévu que j’y aille. Je suis allée à Cana non pour célébrer l’union tapageuse de deux personnes dont je connaissais l’une à peine et l’autre pas du tout, mais pour voir si je pouvais faire rentrer mon fils à la maison. Il devait bien y avoir quelque chose à lui dire qui aurait de l’effet. En arrivant à Cana peu avant les noces, j’ai compris, ou presque compris, que j’étais venue en vain. On ne parlait que de lui. »
Dominique Blanc est magnifique. Mais pourquoi lui fait on faire le ménage inlassablement et renverser des meubles et se verser un seau d'eau sur la tête? Mise en scène pompeuse et creuse qui dessert le texte
A couper le souffle ! Dominique Blanc est décidément une très grande comédienne ! La traduction du texte de Colm Toibin est merveilleuse de musicalité et la mise en scène ingénieuse. Troublants moments passés dans le récit des tourments d'une mère.
Original, prenant, magnifiquement interprété.
Marie surprend et Dominique Blanc remarquable. mise en scène soignée.
Pour 11 Notes
Dominique Blanc est magnifique. Mais pourquoi lui fait on faire le ménage inlassablement et renverser des meubles et se verser un seau d'eau sur la tête? Mise en scène pompeuse et creuse qui dessert le texte
A couper le souffle ! Dominique Blanc est décidément une très grande comédienne ! La traduction du texte de Colm Toibin est merveilleuse de musicalité et la mise en scène ingénieuse. Troublants moments passés dans le récit des tourments d'une mère.
Original, prenant, magnifiquement interprété.
Marie surprend et Dominique Blanc remarquable. mise en scène soignée.
excellente Dominique Blanc mais texte un peu creux .
Splendeur de la simplicité et de l'humanité. Et excellentissime Dominique Blanc. Merci.
L'Odéon commercialise des places d'où il est impossible de voir l'actrice : la mise en scène la place essentiellement du côté "jardin" et la corbeille de ce même côté devrait plutôt rester vide... Heureusement l'extraordinaire talent de Dominique Blanc et l'intérêt du sujet permettent -presque- de se satisfaire de l'écouter sans la voir!
Dominique Blanc fabuleuse, une mise en scène super, un texte à décoiffer tous les intégristes cathos...
Interprétation magistrale de l'immense tragédienne qu'est Dominique Blanc !
Un texte très courageux, une interprétation fabuleuse par l'exceptionnelle Dominique Blanc et une participation inattendue du public au début du spectacle (assurez-vous d'arriver une demie heure à l'avance) font de ce spectacle une obligation pour quiconque aime le théâtre !
Dominique Blanc est Marie, une Marie peu orthodoxe (sic). Je conseille ce spectacle, cela en vaut la peine (comprendrons ceux qui iront :-))
Place de l'Odéon 75006 Paris