Les Apaches

Bobigny (93)
du 12 au 21 avril 2013
1h50

Les Apaches

Vers la fin du XIXe siècle, les Apaches désignent les gangs de jeunes truands vivant du côté de Belleville. Mi-dandys, mi-voyous, ils fascinent et font frémir le Tout-Paris. Ils sont devenus des héros de music-hall et de cinéma et revivent aujourd'hui dans le formidable spectacle de Macha Makeïeff. À voir absolument !

Les Apaches
La presse
Entretien avec Macha Makeïeff
De l'origine des Apaches

Hommage au music-hall

  • Les Apaches

Ils étaient jeunes, violents, dandys, ils vivaient en bande du côté de Belleville et des fortifications et faisaient la une des journaux à sensation de la fin du XIXe siècle. On les appelait « les Apaches », du nom de ces Indiens d'Amérique du Nord qui terrorisaient les pionniers blancs dans l'Ouest américain. Ils sont devenus des héros de music-hall et de cinéma et revivent aujourd'hui dans le spectacle de Macha Makeïeff.

  • La presse

« Acrobates, travestis, comédiens y enchaînent, entre décors de cinéma à la Marcel Carné et théâtre dans le théâtre pirandellien, une succession de tableaux sulfureux où l’emportent, au milieu de chassés-croisés torrides, de rivalités sanglantes, la passion de l’illusion et la nécessité de théâtre. Justre pour survivre. Et se dépasser un peu, retrouver l’orgueil de soi, l’impression d’être un héros. À travers ses apaches arrogants et fragiles, casseurs et cassés, la nouvelle patronne de la Criée rend palpable la magie essentielle et ultime du jeu. » Fabienne Pascaud, Télérama, 4 avril 2012

« Les merveilleux artistes réunis par Macha Makeïeff - acrobates, comédiens, danseuse, musiciens – nous embarquent tant ils sont dans la sincérité de l’instant justement, et la joie un brin canaille qu’exige le music-hall, où il faut capter le cœur des spectateurs très vite. Ils font les mauvais garçons, les filles, et des claquettes, ils boxent, voltigent, se déguisent en mexicains, ou en cheval. On pense parfois au Parade de Satie/ Cocteau/Picasso et bien sûr à The Artist, le film. Quand le cap-verdien Braulio Do Nascimento Bandeira imite la gracieuse Joséphine Baker, on craque. Et de même quand le dégingandé Hervé Lassïnce harangue la salle avec l’élégance paillette d’un Monsieur Loyal recyclé en comique. » Odile Quirot, Le Nouvel Observateur, 22 mars 2012

« Avec une virtuosité touchante, ils mêlent l’émotion au burlesque, multiplient les clins d’œil à Chaplin et aux grandes heures de Broadway. En cours de route se sont perdus les Apaches, « artistes voyous », qui « fascinaient les artistes autant que ces derniers les fascinaient », dixit Macha Makeïeff. Ce n’est pas grave, puisqu’il reste l’essentiel : le plaisir d’une soirée bon enfant au théâtre. Ou plutôt au music-hall. » Didier Méreuze, La Croix, 27 mars 2012

« Une juste évocation de la figure de l’artiste, histrion magistral, prince déclassé, équilibriste avançant toujours au risque de la chute, étoile éclatante toujours menacée par l’éclipse. Les interprètes des Apaches jouent de cette tension entre virtuosité et maladresse, sublime et grotesque, poésie éthérée et prosaïque pataud, fragilité poignante et aisance stupéfiante. Ils sont drôles et émouvants, admirables et attendrissants, et offrent une sidérante leçon de théâtre, qui est aussi une remarquable leçon de vie. » Catherine Robert, La Terrasse, avril 2012

« ll y a toujours cette mélancolie, qui hésite entre douceur et violence, comme souvent chez elle. Mais cette fois, sur le grand plateau de La Criée, il y a aussi, avec Les Apaches de Macha Makeïeff, du muscle, du tatoo, du déhanchement canaille, de l’amour vache, un traitement délicat de l’ambiguïté sexuelle, beaucoup de sensualité, une utilisation très subtile de la vidéo et cette valse qui fait chavirer le public du rire aux larmes. » Olga Bibiloni, La Provence, 20 mars 2012

Haut de page

  • Entretien avec Macha Makeïeff

À quelles références se rattachent le titre de votre spectacle Les Apaches ?
Le style apache est né après la première guerre mondiale, en référence aux Apaches, apparus autour des années 1900. Être Apache, c’était à la fois une posture, un style vestimentaire, une sorte de dandysme de la rue et un mode de vie où le crime n’était pas absent. Ces Apaches ont disparu après la première guerre mondiale, où ils sont morts pour la plupart. Après la guerre, ils réapparaissent dans les romans, dans les films et surtout au music-hall où les numéros apaches se multiplient.

Sans chercher à faire du théâtre documentaire, vous avez travaillé sur des documents ?
Bien sûr. Notamment les œuvres de la romancière Colette : avant d’être le grand écrivain que l’on connaît, elle était une artiste de music-hall et elle a écrit des livres sur cette vie d’avant, les mémoires de Polaire, de Marguerite Moreno, d’Yvette Guilbert, de Kiki de Montparnasse et de beaucoup d’autres. Il y a dans ces ouvrages des thèmes récurrents sur les difficultés de la vie quotidienne, la précarité, l’angoisse du manque de nourriture. Il y a des documents cinématographiques, des gravures. Comme ma dramaturgie est essentiellement visuelle, j’avais besoin de ces documents.

Vos personnages sont des êtres venus du monde des souvenirs ?
Ce sont en effet des fantômes, mais des fantômes bien vivants dans un monde du souvenir. Ils ont des costumes d’époque, ils jouent sur la vieille scène du Nickelodéon. C’est un peu comme si on réouvrait la porte d’un vieux théâtre et que les personnages qui y étaient enfermés revivaient sans problème. J’ai utilisé mes souvenirs de rencontre comme celui de ce cosaque que nous avions croisé lorsque nous avions créé Les Petits Pas avec Jérome Deschamps. Ce cosaque faisait du cabaret russe à Paris après la révolution de 1917, portant des bottes rouges du plus bel effet que sa femme, jalouse de ses succès féminins, avaient vendues. Cela avait entraîné le déclassement de cet artiste qui ne jouait plus que dans des cabarets de seconde zone. Avec un beau costume on avait un plus beau cachet qu’avec un costume usé...

Pourquoi votre spectacle se passe-t-il essentiellement dans un cabaret américain, ce Nickelodéon réinventé ?
Parce que la rêverie sur l’Amérique a commencé dès la fin du xIxe siècle avec l’arrivée de Barnum et des cabarets de curiosité et parce qu’il y a toujours chez les artistes l’idée d’un ailleurs où devenir célèbre et faire fortune. Cette rêverie sur le continent nouveau où tout est possible se double d’une rêverie sur le moyen utilisé pour rejoindre cet Eden, ce transatlantique qui fend les océans. Ces paquebots m’ont toujours fascinée. Mais dans le spectacle, une partie des artistes ne peut embarquer et les autres font naufrage, vrai ou faux naufrage bien sûr....

Il y a des références musicales et cinématographiques importantes en plus des références littéraires dans votre spectacle...
C’est en effet un spectacle très composite car ce qui m’intéresse, c’est de raconter les mélanges que l’on trouve dans cette période historique que j’appelle l’époque Dada : Fernand Léger, avec un bout de fil de fer, dessine dans l’espace le corps et la danse de Joséphine Baker ; Stravinsky adorait la Revue Nègre. Il n’y a pas de frontières entre les arts et le music-hall irradie les autres arts qui conservent bien sûr leurs particularités. Pour moi c’est un âge d’or que j’aime beaucoup. Cela se traduit par les rencontres de hasard que je provoque dans chacune de mes distributions en mettant en contact des artistes qui n’auraient pas dû se rencontrer. Mais le cinéaste Jacques Tati ne procédait-il pas ainsi dans ses films ? Sur la scène du music-hall traditionnel, il y avait ce mélange incroyable de numéros différents, sans parler des numéros avec animaux, surtout des singes, qui raflaient systématiquement la mise, à tel point que personne ne voulait passer après eux.

Vous parlez de textes mais votre spectacle est économe en mots ?
Il ne faut utiliser les mots que quand ils sont nécessaires et mon spectacle se passe à l’époque où l’on invente le cinéma muet. Les mots arrivent aussi par les airs d’opéra, par la typographie, par les cartons utilisés dans les films muets, par le téléphone. Ce sont des injonctions en toutes langues. Chaque texte a un niveau de langage différent, raconte un moment du music-hall différent, est souvent une référence à quelque chose de vécu. Les mots qui ne se disent pas s’entendent souvent très bien au théâtre.

Il y a aussi un transformiste...
Oui car ce sont des fondamentaux du music-hall. Ce féminin réinventé, réinterprété me bouleverse. Dans cette réappropriation il y a de la maladresse mais aussi un grand amour. Sans vouloir expliquer systématiquement les images que j’offre je ne pouvais oublier que la grande guerre a dépeuplé le monde masculin, que la femme peut alors devenir un objet de terreur, de rivalité. Il n’est pas indifférent de voir que la danse de salon après la guerre devient violente. En même temps, faire la femme est pour l’homme l’acceptation d’une grande fragilité.

Vous insistez beaucoup dans le spectacle sur le « ratage »... N’est-ce pas plus difficile de mettre en scène le ratage plutôt que le réussi ?
C’est certain. Mais je suis attiré par la fragilité des acteurs, par leur maladresse, plus que par leur capacité à être parfait, impeccable, virtuose. Artistiquement je préfère le « hasard poétique » qui permet de découvrir les moments du spectacle. Une fois que ces moments apparaissent, il faut beaucoup travailler pour les rendre parfaitement présentables sur le plateau. Ce « hasard poétique » provient souvent d’erreurs, d’improvisations un peu ratées qui à un moment donné touchent à l’essentiel. Quand j’arrive sur le plateau pour commencer à travailler avec les acteurs, en ayant déjà beaucoup travaillé, prémédité en amont, j’ai l’impression d’être devant une page blanche et je suis éblouie par des instants que je n’aurais jamais pu prévoir à l’avance. Un regard entre deux acteurs, un geste échappé....C’est cela que j’appelle de la maladresse qui n’empêche pas la virtuosité indispensable des comédiens, nécessaire à la reproduction de la maladresse...

Vos héros ne sont donc pas des héros positifs ?
Certainement pas....Mon magicien est tellement heureux de faire de la magie qu’il montre comment il fait ses tours, ce qui n’est pas très professionnel. Mais à un moment, il fait vraiment de la magie avec brio. Ce mélange me touche, celui de la grâce et de la maladresse, du ratage et de la réussite.

Comment travaillez-vous avec vos acteurs ?
Différement selon chaque acteur. C’est du « sur mesure ». J’ai des acteurs très productifs immédiatement, d’autres très mutiques. Je donne des indications, des documents, des objets. Ils improvisent et je regarde pour construire chaque personnage en fonction de ce que je perçois. Je vois tel acteur en accord avec un objet, avec une situation, avec un texte alors je propose de développer ce rapport. Vraiment je travaille avec chacun. Comme je suis très anxieuse je travaille beaucoup, je provoque beaucoup de situations. Si on mettait bout à bout tout ce que nous avons travaillé, on pourrait faire un spectacle deux fois plus long... C’est très douloureux de couper mais c’est nécessaire pour l’équilibre du spectacle et pour sa cohésion.

Propos recueillis par Jean-François Perrier

Haut de page

  • De l'origine des Apaches

Selon une acception largement méconnue aujourd’hui, les Apaches ont désigné au tournant du xIxe et du xxe siècle la jeunesse criminelle de la capitale, par association avec la sauvagerie supposée des Indiens d’Amérique. À cette époque, les Apaches d’Amérique du Nord sont bien connus de la population française grâce notamment à la presse qui abreuve le lecteur de récits réels ou imaginaires en provenance du lointain Far West, récits souvent déformés et grossis, empreints de brutalités et de faits sanglants. Le terme acquiert une réelle popularité dans la presse avec l’affaire de Casque d’or à la Belle époque.

Amélie Elie, prostituée de son état, dite « Casque d’or », fut au centre d’une lutte sanglante entre deux bandes rivales en janvier 1902, celle de Leca et celle de Manda. Ce fait divers est à l’origine de l’expression « Apache » attribuée aux malfrats parisiens. En effet Arthur Dupin, journaliste, relate dans « Le Petit Journal » le violent combat entre les deux souteneurs et leur bande : « Ce sont là des mœurs d’Apaches, du Far West, indignes de notre civilisation. Pendant une demi-heure, en plein Paris, en plein après-midi, deux bandes rivales se sont battues pour une fille des fortifs, une blonde au haut chignon, coiffée à la chien ! »

Reine des Apaches, Casque d’or sera immortalisée par le film de Jacques Becker en 1951.

« Tout accable l’Apache (...). Alcoolique et syphilitique, il a d’ailleurs “l’allure générale de déchet de l’humanité” : le teint hâve et blême, le masque tragique, les membres grêles, la taille malingre. C’est un être dégénéré, “un produit régressif de l’activité humaine”. Il est donc par nature incorrigible et irrécupérable. (...). Deux circonstances aggravantes viennent encore compléter ce portrait sans nuance. Sinistre vaurien, l’apache est jeune et a fait le choix de vivre en bande. Pour lui, en effet, délinquance rime avec adolescence, ce nouvel âge de la vie qui émerge alors. Le plus souvent mineur, il a entre seize et vingt-cinq ans, c’est un gamin, un “gredin imberbe”, un “conscrit du crime”. Plus tard, il se range ou disparaît dans les profondeurs du bagne. » Dominique Kalifa, L’encre et le sang, récits de crimes et société à la Belle Epoque

  • Hommage au music-hall

Le lieu est la première part concrète de l’aventure. Avant même l’histoire des personnages, il y a l’histoire d’un espace, à la fois symbolique, rêvé et emblématique. Celui des music-halls et des premiers cinémas. Un lieu né d’une rêverie qui se nourrit de milliers d’images et de lectures, d’obsessions envahissantes. Comme quelque chose qui dit la fragilité de la vie des artistes.

L’espace — ou le décor —, est une mécanique proposée au spectacle. Pourquoi apparaît-on ? Pourquoi va-t-on de l’autre côté ? Où prendre les choses ? Comment les poser ? Qui est à qui ? Qui fait quoi ? Comment l’objet va tourner ? J’ai un appétit colossal pour les images de l’entre-deux guerres : ce moment où un monde craque pour un autre. Tous les codes disparaissent et une invention totale apparaît. C’est cela qui m’intéresse, ce moment hors-la-loi.

Les objets sont aussi de vrais partenaires et leur histoire fragmentaire n’est pas moins importante que celle des acteurs. La malle, par exemple, représente vraiment l’envers du music-hall. Les comédiens du début du xx e siècle l’avaient toujours avec eux car ils devaient venir avec leurs costumes et étaient payés en fonction de leur beauté. Elle est extrêmement malcommode, lourde, mais on peut tout y cacher. L’idée de la malle, c’est pour moi quelque chose de magnifique. On y met sa maison, son refuge, c’est un esquif : il flotte mais il dit aussi la fragilité de toute cette entreprise. Je pense à tous les numéros de travestis, tous les numéros de clowns ; au fond, à tous les transformismes, dans le sens le plus large du terme qu’autorise la scène.

Macha Makeïeff

Haut de page


Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

Informations pratiques

MC93

9, bd Lénine 93000 Bobigny

Accès handicapé (sous conditions) Bar Garderie (sous conditions) Grand Paris Librairie/boutique Restaurant Seine-Saint-Denis Wifi
  • Métro : Bobigny Pablo Picasso à 472 m
  • Tram : Hôtel de Ville de Bobigny à 90 m
  • Bus : Hôtel de Ville à 84 m, Karl Marx à 181 m, Maurice Thorez à 274 m
  • Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
    Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)

Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

MC93
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Spectacle terminé depuis le dimanche 21 avril 2013

Pourraient aussi vous intéresser

- 27%
Eva Rami - Va aimer !

Pépinière Théâtre

Exit

Ferme du Buisson

4211km

Studio Marigny

- 51%
Nos années parallèles

Théâtre des Mathurins

Spectacle terminé depuis le dimanche 21 avril 2013