Des portraits au vitriol hilarants
La presse
Note d’intention de Marion Vernoux
La mise en scène
Les extraits
La mère abusive, la soeur jalouse, l’amoureuse castratrice, l’amant impuissant, le père ennuyeux, l’ex qui harcèle, la jeune accouchée... autant de personnages qui racontent ce qu’on appelle « la vie des gens ».
Claire Castillon s’est gracieusement infiltrée dans le paysage littéraire français. Marion Vernoux, à chaque film, a su imprimer sa patte singulière. Deux femmes réunies aujourd’hui pour un spectacle auscultant nos contemporains dans des portraits au vitriol hilarants. Ces « bulles » sont incarnées sur scène par Emilie Caen, Olivia Côte et Jean-Baptiste Verquin. Une heure et demi de spectacle déjanté et enchantant.
Ce spectacle s'adresse à un public averti et sans complexe !
« Car l'atout premier du spectacle est bien le style Castillon. Caustique et sarcastique. Féroce et jubilatoire. (...) Pour sa première mise en scène au théâtre, Marion Vernoux s'en tire plutôt bien. (...) Elle est surtout bien soutenue par ses trois comédiens, Emilie Caen, Olivia Côte et Jean-Baptiste Verquin. Ils vous piqueront, vous toucheront et vous feront rire à coup sûr ! » Dimitri Denorme, Pariscope
« Une première incursion particulièrement réussie. » Rappel
« une galerie de personnages de « tous les jours » (...) incarnés avec fraîcheur par trois jeunes comédiens. » Alexandre Héraud, France Inter
« Mis en scène comme une quête jamais satisfaite, le spectacle alterne des saynètes parfois inégales mais propose un rire danse, une force noire revigorantes. » Alexia Hautier, A Nous Paris
Claire Castillon est mon amie. Qui plus est, c’est ma seule amie écrivain. Pourtant, et malgré l’affection que nous nous portons, c’est avec un oeil tout professionnel que nous accueillons, chaque nouveau livre de l’une ou nouveau film de l’autre. Lorsque Claire m’a remis il y a quelques mois son nouvel opus, je l’ai ouvert avec curiosité mais aussi avec appréhension.
Deux heures plus tard je le refermai, l’ayant littéralement dévoré. Ou bien peut-être était-ce moi qui venait de me faire dévorer ? Quoiqu’il en soit, j’appelai Claire aussitôt pour lui dire mon enthousiasme, mon admiration.
Les Bulles sont à mes yeux un précipité du talent de Claire : imagination, témérité, adresse et cinglerie. Mais surtout, surtout, sa langue. Alors, quand Claire, avec la simplicité et l’aplomb qui la caractérisent, me confia son désir d’adapter Les Bulles pour la scène, j’en restai sans voix. Or c’est bien ce dont il s’agit.
Passer de la langue à la voix… Et moi, dans le rôle du passeur. Au cours de la promotion de son livre, Claire s’est à plusieurs reprises retrouvée en situation de lire devant un public une ou plusieurs de ses nouvelles. Elle avait remarqué que ça fonctionnait plutôt bien - et mieux que ça.
Avant d’accepter sa proposition, j’appelai une de mes amies comédiennes, Emilie Caen, pour lui demander de bien vouloir se prêter à un exercice : serait-elle d’accord pour m’interpréter une de ces nouvelles ? Cette étape me paraissait absolument nécessaire avant de me lancer dans l’aventure. Le résultat fut au delà de mes espérances. Interprétée par Emilie, l’héroïne de la nouvelle apparut devant moi, avec une évidente réalité.
M’apparut aussi, même si j’aurais pu m’en douter à la simple lecture, à quel point les nouvelles de Claire étaient bien construites et comme, chacune de ces bulles racontait des histoires, et, qui plus est, des histoires qu’on avait envie d’entendre jusqu’au bout. Emilie confirma mon intuition : s’emparer du texte et donner vie au personnage l’avait tout bonnement transportée. Et le résultat était là, devant moi : ça marchait !
Malgré les quelques années qui nous séparent, Claire et moi avons en commun de nous être lancées très tôt. Dès nos vingt ans, nous avons éprouvé le besoin de planter et d’imposer notre univers. Je crois que nous le vivons l’une et l’autre comme une chance, mais aussi parfois, comme une fatalité. Seules devant la page du roman ou du scénario… C’est pourquoi j’ai décidé de saisir cette occasion qui m’est donnée d’abandonner mon pré carré pour aller cultiver celui d’un autre artiste…
Claire et moi partageons une dangereuse inclinaison pour les portraits de femmes « border line » : la chômeuse érotomane de « Rien à faire », la secrétaire rêveuse et frustrée de « Je prends racine », l’orthophoniste logorrhéique de « Reines d’un jour », la mère soumise de « Pourquoi tu m’aimes pas ? » ; et j’en passe…
Si je suis néophyte dans l’art de la mise en scène de théâtre, je suis rompue à l’exercice de la direction d’acteurs, d’incarnation d’un texte et de mise en image d’une situation. Et si l’enjeu au cinéma est de travailler le temps et la suite d’images en deux dimensions, je m’enthousiasme ici à l’idée de produire une mise en scène qui ne pourra pas se figer sur un support autre que celui de la mémoire des spectateurs et qui, suivant les humeurs d’une salle ou d’un acteur, trouvera son rythme autrement que sous les coups de ciseaux d’un monteur.
Ce défi du passage au direct m’apparaît comme une épreuve à la fois nécessaire et jubilatoire pour approfondir mon rapport à la mise en scène. Sur ce projet – particulier, puisqu’il s’agit de nouvelles, nous en reparlerons - le rôle et l’apport de la mise en scène concerneront surtout la direction d’acteur. Mon expérience, tirée de mes sept longs-métrages et de mon travail avec de nombreux actrices et acteurs seront mis à disposition pour donner vie aux créatures de papier de Claire Castillon.
Coups de canifs aux sentiments, zooms sur le quotidien de nos passions, miroirs de nos pensées magiques, arrêts sur images de nos comportements amoureux, les nouvelles de Claire Castillon, aussi profondes et senties soient-elles, ne se prennent pas au sérieux et ne donnent de leçon de rien : la mise en scène compte bien s’en inspirer.
Chaque bulle est l’acribie d’un regard avec lequel nous nous sommes construits ou avec lequel nous avons pu fusionner : la mère abusive, la soeur jalouse, l’amoureuse castratrice, l’amant impuissant, le père ennuyeux, l’ex harcelante, la jeune accouchée, le couple, les enfants… autant de personnages qui racontent ce qu’on appelle la vie des gens, laquelle a toujours été mon terrain de chasse favori. J’ambitionne de travailler dans deux dimensions, celle du « contenu » et celle de la « forme ».
D’une part, travailler avec trois acteurs, qui, en live, s’introduiront dans chacune de ces bulles, comme autant de passe murailles et s’approprieront leur « contenu » ; mais aussi, travailler la « forme » dans laquelle chacune de ces bulles se livrera : de la récitation à la performance scénique, de la lecture à plat à la grande scène du trois. Avec la complicité et la confiance de Claire Castillon, je compte également travailler le matériau littéraire afin que ces courts récits s’entrechoquent, se répondent et s’enlacent sur le plateau comme ils le font sur le papier, avec la même liberté.
« Quand tu as un enfant, tu troques tes talons contre des semelles tout terrain. En fait, tu évolues. J’ai changé, je m’habille en sportswear afin de me sentir à l’aise pour marcher à quatre pattes avec la toutouille. Je ne peux plus m’attifer comme tu le fais, toi qui n’es pas encore mère, oui, je ne peux plus faire la pute ».
« Mon mari ne me touche pas, alors je ne vois pas pourquoi il me tromperait ! ».
« Nous avons passé trois mois heureux ensemble, puis huit années compliquées mais intenses. Nous avons rompu de nombreuses fois, mais, par chance, tu réagis intelligemment au chantage et aux tentatives de suicide donc je t’ai toujours récupéré ».
« Avec moi les hommes ont des pannes sexuelles. » « Derrière tes pannes je ne vois rien d’autre que l’aveu de ton sentiment. Tu m’aimes, et c’est pour cela que ton métabolisme se dérègle ».
« Jamais déçue, mais toujours en quête d’indice, j’ouvrais mon placard pour m’assurer qu’on n’avait pas glissé le panier ou le petit collier annonçant l’arrivée imminente du chaton ».
« Quand mon homme et ma soeur ont eu mon neveu, ils m’ont rendu mes dernières affaires. J’ai regardé au fond du sac s’ils n’avaient pas glissé au passage un petit mot m’annonçant que j’étais la mère ».
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