Manifeste
Le théâtre comme intrus
Les histoires
Que peut être un théâtre subversif de nos jours ? Il est certain qu’il se présentera là où l’on ne l’attend pas. D’autant plus dans la sphère très protégée du théâtre où l’on a convenu que certaines choses seraient subversives et d’autres pas. Ces représentations de la provocation ou de la subversion n’ont évidemment aucune valeur, et les filtres très efficaces existent pour se protéger de tout ébranlement. Or un artiste ne peut croire et se battre que pour un théâtre qui peut créer un séisme, si modeste soit-il.
Où donc est l’ennemi ? Ne serait-il pas tout simplement niché dans notre Foi inébranlable en un art noble qui élèverait l’homme ? Longtemps agnostique, j’affirme aujourd’hui ne plus du tout croire en l’art. Cela me paraît évident, mais bien des personnes prétendent le contraire. Tout d’abord, l’art est l’ennemi de la population, et j’ai besoin du public, ce serait donc une folie que de se mettre du côté de cet art honni, c’est d’une logique implacable. Je ne vais tout de même pas prendre sur moi de persuader une foule efficacement endoctrinée à la faveur de valeurs beaucoup plus attrayantes. Les artistes qui prétendent s’y atteler mentent.
Je suis pour le mimétisme car je suis un lâche. Perdrai-je mon âme dans cette grimace ? Ce serait croire qu’au départ j’étais tout à fait étranger à cette société, à son oisiveté, que je ne connaissais rien du mouvement de sa perte ! Or moi aussi je me vautre souvent dans sa tiédeur inconvenante. Par quel miracle serais-je au dessus de la mêlée bien que je tente par tous les moyens d’y échapper ? Mais tout ce que je fais contre mon époque, tout ce que je refuse d’elle ne me rend que plus solidaire de sa chute, et mon intention n’est pas de me sauver.
J’ai pris la notion de divertissement comme contrainte. La prosodie est accueillante, rythmée. Les décors et les costumes dégagent une esthétique extrêmement soignée et colorée, tout est impeccable et rassurant. Une ambiance sonore électronique nimbe le tout et prétend apporter l’onirisme manquant au tableau.
On n’a pas spécialement besoin du théâtre dans cet ensemble cohérent qui se suffit à lui même. Alors les personnages vont devoir se battre pour obtenir leur chair, ils ne sont, a priori, pas pris au sérieux -ils ne sont pas payés pour ça. Et s’ils y parviennent quelques précieux instants, c’est pour bientôt retomber dans l’état de fantoches qu’on a envie de leur voir tenir. Ne pas inviter le théâtre, qu’il doit entrer par la porte de service, l’obliger à se grimer pour ne pas être reconnu, et l’empêcher de saluer à la fin, est le seul espoir pour moi qu’il puisse nous visiter.
Les Caissières sont moches, est une mosaïque citadine insolente, méchante et joyeuse. Une multitude de petits tableaux s’enchaînent, divertissants certainement, colorés aussi, rythmés, chantés parfois, pourtant un danger plane, une monstruosité latente règne, une force cynique et destructrice bourdonne dans la petite ville polie. C’est un théâtre de la cruauté qui a choisi de se nicher dans les apparences les plus légères, les plus fantasques, qui s’est placé de ce qu’on prend le moins au sérieux dans l’art : une esthétique de variété et des performances d’acteurs ; elle sera d’autant plus redoutable qu’elle laminera les dernières certitudes.
Les Caissières sont moches, est une série d’épisodes qui anime plusieurs vies d’un quartier de la classe moyenne occidentale. Trois parcours s’entrecroisent :
Les amoureux : Ils s’aiment, est-ce leur faute ? Le bonheur leur suinte de partout, cela est-il si dégoûtant ? Des gens heureux… à quoi ça pourrait donc servir ? A rien. A moins qu’on en fasse des martyrs ou un truc dans ce genre…
La boucherie : Lieu de lubricité mais surtout un hommage à la chair humaine et aux carcasses de bestiaux décomposées. Bien sûr, ça pue un peu dans cette boucherie, mais la vie est revenue, on n’a rien sans rien.
M. et Mme Machin : Les Machin sont les spécialistes de la politesse ; mais de rudes épreuves les attendent. Lapsus honteux, hypocrisies dévoilées et anges qui passent, rien ne leur sera épargné. Ils jonglent, se débattent comme ils peuvent, pensent agoniser, et finalement, ils sont plutôt doués.
En sus : Entre les différentes séquences, des moments musicaux servent les changements techniques : chansons qui tombent comme un cheveu sur la soupe, moments d’image pure où le décor tentera pendant quelques secondes de vivre sa vie de cerise sur le gâteau.
Pierre Guillois
J'ai trouvé ce spectacle génial, original,distraillant et en même temps profond. J'aimerais savoir où trouver le texte ? Il est bette que la pièce ne soit resté qu'une semaine a St Etienne !!! (Juste une question : les lapins et autres animaux représentent ils les autre villageois, sont ils morts, la "star" que fait elle ? Donnez moi quelques clés sur le dénoument !!!) Bravo !!!
J'ai trouvé ce spectacle génial, original,distraillant et en même temps profond. J'aimerais savoir où trouver le texte ? Il est bette que la pièce ne soit resté qu'une semaine a St Etienne !!! (Juste une question : les lapins et autres animaux représentent ils les autre villageois, sont ils morts, la "star" que fait elle ? Donnez moi quelques clés sur le dénoument !!!) Bravo !!!
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