Les Fidèles, Histoire d’Annie Rozier

du 7 au 11 décembre 2010
1h20

Les Fidèles, Histoire d’Annie Rozier

L'Histoire d'Annie Rozier, racontée dans une suite de scènes brèves où accouchement, baptème et veillée mortuaire ressemblent à d'absurdes cauchemars autant qu'ils sont jubilatoires. Cette comédie noire, menée tambour battant par un cocktail d’acteurs explosifs, est avant tout traversée par une théâtralité débridée.
  • Comédie noire

Anna Nozière met en scène la famille, qu’elle raconte dans une suite de scènes brèves, absurdes et cauchemardesques. Accouchement, baptême ou veillée mortuaire ramènent à des peurs archaïques autant qu’ils sont jubilatoires. Cette comédie noire, menée tambour battant par un cocktail d’acteurs explosifs, est avant tout traversée par une théâtralité débridée.

Ici, on se refourgue des fantômes, des batteries de casseroles et des jambes de bois, et l’humour le dispute sans arrêt à l’effroi. Alors, de temps en temps, comme une respiration dans cette histoire trépidente, comme une parole suspendue, on nous murmure un chant d’alcôve, coeur profond et refuge de l’enfance. Avec Les Fidèles – Histoire d’Annie Rozier, Anna Nozière parle sans détour ni intellectualisme de l’empreinte des mémoires familiales sur notre identité. Elle défend comme à son habitude un théâtre vital, simple et festif, où tout ce qui n’est pas drôle peut faire rire. Elle est de ceux qui pensent et vérifient sans cesse qu’on peut pratiquer un théâtre exigeant et tout à la fois populaire.

L'Histoire d'Annie Rozier et de sa famille, racontée dans une suite de scènes brèves où accouchement, baptème et veillée mortuaire ressemblent à d'absurdes cauchemars autant qu'ils sont jubilatoires.

Le texte est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs.

  • La presse en parle

« Dans des scènes brèves et souvent absurdes […], les personnages se refourguent fantômes, batteries de casseroles et jambes de bois […]. Une comédie noire où cohabitent l’effroyable et le rire. » Le Monde

  • Entretien avec Anna Nozière

Les Fidèles – Histoire d’Annie Rozier, est-ce un texte autobiographique ?
Non, je ne peux pas dire cela. L’histoire d’Annie Rozier puise principalement son inspiration dans des mémoires familiales – la mienne, celle de mes parents et celle de mes grands-parents – mais elles sont passées à la moulinette de mon imaginaire. Cela ne m’intéresse pas de raconter ma vie au sens événementiel du terme. Je ne me situe pas dans une démarche autobiographique. Par contre, je peux dire que sur le plan des sensations, et aussi sans doute d’un point de vue émotionnel, Les Fidèles traduit assez bien l’idée que j’ai gardée de l’enfance.

Pourquoi le nom du personnage principal est-il si proche du vôtre ?
Pour garder la trace de cette mémoire singulière. Pour ne pas la noyer jusqu’au bout dans la fiction, ne pas l’arracher trop tôt à son identité. Peut-on partager la mémoire émotionnelle ? Qu’est-ce que cela libère, chez celui qui raconte, mais aussi chez celui qui écoute ? Ces questions me passionnent et sont au coeur de l’acte artistique. En contenant une partie de moi, le personnage leur confère une vérité supplémentaire. J’aime que l’artiste rende au monde quelque chose qu’il retenait jusque-là. Ce passage de l’intime à l’univers, dans ce lieu si particulier qu’est le théâtre, et en présence des témoins que sont les spectateurs, renvoie à la dimension rituelle de la représentation. Cette dimension me touche particulièrement. Je travaille dessus depuis longtemps, bien qu’ayant mis quelques années à m’en rendre compte. J’aimerais aller un peu plus loin avec Les Fidèles. Avec toute la pudeur nécessaire, l’ambiguïté auteur-personnage peut m’y aider.

Comment traitez-vous la violence ?
Le spectacle dans son ensemble n’est pas traité de façon naturaliste. Nous nous immergeons plutôt dans une forme onirique. Les rêves d’Annie Rozier sont très présents, et l’histoire se balade à la frontière de la réalité et du cauchemar. On ne sait pas vraiment ce qui a lieu, ce qui est imaginé, ou encore fantasmé par Annie. Il y a aussi dans ces scènes quelque chose de décalé qui engendre une certaine drôlerie. Prendre du recul, c’est aussi « en rire ».

Justement, peut-on rire de tout ?
De tout, je ne sais pas. Mais de ce que j’ai écrit, oui ! C’est du moins ce qu’on me dit. Il n’y a aucun cynisme dans cette pièce. Il y a, je crois, une grande vitalité, et quelque chose de trépident qui peut être assez jubilatoire. J’aime la dimension rythmique d’un spectacle parce qu’elle s’adresse à tout le monde. Je suis pour un théâtre immensément exigeant tout autant que populaire.

Ce ne sera pas un spectacle léger, tout de même ?
Léger, je ne pense pas. Il y a de l’effroyable dans cette cocasserie. Mais régénérant, ça oui je l’espère. Le théâtre que je pratique peut confronter ou déranger,et j’assume cela totalement, mais s’il n’était pas une bouffée d’oxygène pour le spectateur, alors j’estimerais que j’ai manqué quelque chose. Comme spectatrice, je ne vais pas au théâtre pour m’asphyxier. J’attends d’un artiste qu’il m’aide à ouvrir en moi un espace nouveau. Et si je ris, c’est encore mieux. Comme metteur en scène, j’essaye dans la mesure de tous les possibles d’offrir cela au public.

Vous est-il vraiment possible d’avoir assez de recul pour mettre en scène votre propre texte ?
On me pose très souvent cette question, et cela m’étonne, à l’heure où des metteurs en scène comme Joël Pommerat ou Wajdi Mouawad ont commencé à jouir d’un très grand succès en montant leurs propres textes. Un peu comme eux, je crois, je n’envisage pas l’écriture et la mise en scène comme étant deux démarches tout à fait distinctes. J’écris en pensant à la scène, puisque je suis avant tout metteur en scène, et je peux transformer l’écriture si quelque chose résiste à l’épreuve du plateau. Il m’est aussi arrivé d’écrire directement à partir du travail de plateau.
A la question du recul plus précisément, il est important de répondre que je ne travaille pas seule. Il y a les comédiens, bien sûr, qui sont toujours de formidables révélateurs, et peuvent transformer l’idée que je me fais d’une scène en matérialisant sur le plateau leurs intuitions singulières. Il y a Cécile Léna et Antonin Liège (scénographie et lumière), dont les propositions formelles réinterrogent le texte de leurs sensibilités respectives. Il y a enfin Denis Loubaton (collaboration artistique) qui agit comme un éclaireur de sens, le plus souvent en me retournant mes questions ! Mon écriture est instinctive, elle va vite, je ne fais pas de plan, je ne sais pas à l’avance ce que je vais raconter si bien que lorsque je me relis, je m’étonne toujours de ce que j’ai écrit. Je me demande « d’où ça sort ». En fait, je suis confrontée à mon propre mystère. Denis m’accompagne dans la traduction de mon oeuvre : là commence mon chemin de metteur en scène. Vitez disait que l’oeuvre dramatique est une énigme que le théâtre doit résoudre, et que la solitude, l’inexpérience et l’irresponsabilité de l’auteur sont précieuses, dans ce sens que plus l’oeuvre est difficile à traduire sur le plateau, plus on est contraint de s’arracher à ce qu’on connaît pour inventer un nouveau langage, spatial, physique, vocal. Alors voilà, je suis un metteur en scène qui se coltine son propre texte d’auteur irresponsable. Et je travaille en équipe.

Finalement, qui sont Les Fidèles ?
Ce sont les fidèles à toutes formes de croyances héritées, celles dont il est si difficile de s’extraire. Et sans doute aussi Annie et Monique, les deux enfants de la maison, liées par un pacte tacite.

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Spectacle terminé depuis le samedi 11 décembre 2010

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