Spectacle en allemand, surtitré en français.
Entre janvier 1879 et novembre 1880 « le peintre de l'âme russe », Fédor Dostoïevski, publie en feuilleton ce qui sera son ultime roman, un des monuments de la littérature russe et européenne du XIXe siècle. Frank Castorf s'empare de cette œuvre hors du commun, épique et débordante, pour faire entendre, ici et maintenant, l'histoire des quatre frères Karamazov, terrible et parfois joyeuse plongée dans les tréfonds des passions humaines.
À roman démesuré, adaptation démesurée qui déborde le cadre de cette Russie du passé en plein bouleversement, où les frontières entre le bien et le mal, la pureté et la perversité, la foi et l'impiété, la liberté et la servitude semblaient si fragiles. En faisant entendre les mots de DJ Stalingrad, auteur du livre Exodus, mais aussi acteur engagé au quotidien dans les mouvements qui s'opposent au néo-fascisme révisionniste et au nationalisme fondamentaliste, Frank Castorf nous conduit du XIXe siècle à la Russie ultra contemporaine.
Ainsi le grand livre polémique de Dostoïevski nous apparaît au cœur même des combats violents, débats intellectuels ou bagarres de rue, qui aujourd'hui témoignent de l'affrontement des idéologies. Portée par onze acteurs totalement engagés, cette adaptation se joue dans une scénographie de Bert Neumann - disparu l'été dernier après la création - qui réalise sur le plateau un incroyable univers urbain où circulent les protagonistes de cette épopée. Face à nous ou filmés par les caméras qui les suivent dans les dédales de leurs pérégrinations, ils courent dans les ruelles, déjeunent dans leurs salles à manger, prient dans les églises, s'affrontent verbalement ou physiquement, se détendent au sauna, argumentent sans cesse englués, qu'ils sont dans les conflits intérieurs, les conflits familiaux, les conflits idéologiques. Ils font entendre des chants religieux traditionnels de l'orthodoxie, ils téléphonent avec leurs iphones, ils aiment les chansons de Serge Gainsbourg, voyageant si naturellement entre passé et présent qu'ils deviennent des guides attachants dans cette aventure des quatre frères Karamazov, sans complaisance sur la condition humaine.
« Castorf excelle à s’emparer d’une intrigue (...) fortement ancrée dans le contexte de la société russe de 1880 pour en faire un brûlot d’une actualité tranchante. » Sceneweb.fr, 31 juillet 2016
« Castorf a livré, le 29 mai, une adaptation fleuve du roman de Dostoïevski : 6 h 30, une folie théâtrale dans laquelle les comédiens, filmés en direct comme dans un soap opera, restituent d’une manière démente un monde tiraillé entre la pression du capitalisme et la tentation du mysticisme religieux. » Brigitte Salino, Le Monde, 5 juin 2015
On ne peut rester indifférent à des acteurs dont le jeu est à 150 %. Une leçon magistrale de limites repoussées, d'engagement au delà des capacités physiques d'épuisement. Des univers incroyables. Les passages avec la vidéo en direct amènent non seulement une rupture de la monotonie mais une richesse supplémentaire au spectacle. Le tout dans un lieu très adapté à cette représentation. Seuls bémols ; la nécessité des aller-retours, voire de choisir, entre le sur-titrage et la scène, pour ceux qui ne parlent pas allemand, et 6h15 c'est quand même un peu long. Mais quelle originalité, j'ai adoré !
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On ne peut rester indifférent à des acteurs dont le jeu est à 150 %. Une leçon magistrale de limites repoussées, d'engagement au delà des capacités physiques d'épuisement. Des univers incroyables. Les passages avec la vidéo en direct amènent non seulement une rupture de la monotonie mais une richesse supplémentaire au spectacle. Le tout dans un lieu très adapté à cette représentation. Seuls bémols ; la nécessité des aller-retours, voire de choisir, entre le sur-titrage et la scène, pour ceux qui ne parlent pas allemand, et 6h15 c'est quand même un peu long. Mais quelle originalité, j'ai adoré !
80 rue Émile Zola 93120 La Courneuve