Les Pieds sur Terre met en scène une bande de Pieds nickelés, qui en voulant boucher un trou pour la bonne cause, en creusent un autre, plus profond. À partir de 12 ans.
Les Pieds sur Terre met en scène une bande de Pieds nickelés, qui en voulant boucher un trou pour la bonne cause, en creusent un autre, plus profond : M. Moreau et sa fille Suzanne arrivent sur scène et s’adressent directement au public. Ils sont venus eux-mêmes raconter une tranche de leur vie passée qui les a transformés et a changé leur relation.
À l’époque, Moreau, ex-cadre sup devenu vigile, surprend un vol de parfum par une caissière. Dilemme : la caissière est l’ancienne nounou de Suzanne. Moreau risque sa place s’il la couvre. S’il ne le fait pas, c’est elle qui perdra son poste. Voilà l’élément déclencheur de ce polar social, légèrement mystique et joyeusement immoral, qui interroge les liens humains, sociaux, intimes et intergénérationnels.
Évidement lorsqu’une équipe artistique propose à un auteur de lui écrire un texte, il est toujours flatté… Oui, nous les auteurs, tout autant que les comédiens, les boulangers, les commissaires-priseurs, nous avons besoin d’amour ou pour le moins d’un peu de considération. Écrire seul comme un rat des journées entières attaque rapidement le moral surtout si jamais, ô jamais ! il n’y a au bout du bout personne pour vous dire : « Oh mais c’est pas mal du tout ce que je viens de lire, je pensais que ça finirait par me tomber des mains et puis non, ça m’a presque intéressé ! »...
DONC ça intéresse Hercub’ ce que j’écris. Ça tombe bien parce que moi, Hercub’ m’intéresse ! Pourquoi ? Parce que c’est une compagnie de comédiens et j’écris pour les
comédiens, toujours pour les comédiens, jamais je ne pense aux metteurs en scène, un peu comme en musique le compositeur cherche les instrumentistes parce qu’il n’y a qu’eux pour faire sonner les croches et doubles croches lamentablement collées au papier ! Mais autre chose aussi, sans doute la plus importante : il y a un ton Hercub’. Parler avec légèreté de choses graves, elle est là leur petite musique ! Et cette musique elle me plait beaucoup. Ne pas s’appesantir… faire entendre sans crier… Qui a dit que l’humour était la politesse du désespoir ?
D’où naît l’envie, la nécessité d’écrire une pièce ? Ça plutôt qu’autre chose, ça plutôt que rien ? Je dirais - pour ce qui me concerne en tous cas - que c’est une affaire de mayonnaise. Des ingrédients, un certain dosage, et puis tourner, tourner longtemps en espérant que ça monte… Ou pas !
Les Pieds sur terre n’échappe pas à la règle. J’ai mis au fond du bol la figure d’un homme déchu, ma conviction que parfois ce sont nos enfants qui nous remettent les yeux en face des trous, mon émerveillement devant La peinture du Caravage et tout particulièrement devant La Vocation de Saint Matthieu, des images de Vincent Lindon dans La loi du marché, mon goût pour le genre policier… Très éclectique ! Très très éclectique ! Le résultat ? Une farce socio–familiale ? Un polar mystique ?
Les Français ont toujours préféré Poulidor à Anquetil, les Français préfèrent les losers magnifiques. Les Pieds sur terre doit être une pièce terriblement française puisqu’elle donne à voir une bande de Pieds nickelés, de ceux qui en voulant boucher un trou en creuse un autre, plus profond. C’est toute la drôlerie de la pièce accentuée par le postulat de départ : ce sont les protagonistes eux-mêmes qui sont venus devant nous pour jouer ce qui leur est arrivé.
Et pourtant derrière cette forme particulière, cette construction dramatique qui donne un côté polar à la pièce, se cache une détresse et un combat. La détresse d’un père déchu, rabaissé, la détresse d’une fille qui regarde ce père-là. Et un combat commun, père et fille, pour aider une femme, pour rattraper une erreur et ainsi retrouver une figure, une dignité. « De toutes nos maladies la plus sauvage c’est le mépris de notre être. » écrivait Montaigne. Les Pieds sur terre n’est peut-être rien d’autre qu’un processus de guérison ? En tous cas le théâtre est bien comme Janus, il a deux têtes, une qui rit, l’autre moins.
Gilles Granouillet
Une belle histoire d’humanité, élégamment portée et mise en scène.
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Une belle histoire d’humanité, élégamment portée et mise en scène.
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