Gina Calinoiu, actrice roumaine issue de la troupe du Théâtre national Marin Sorescu de Craiova et aujourd’hui membre de l’ensemble du Théâtre national de Dresde en Allemagne, et Lionel González, acteur et metteur en scène proche de Sylvain Creuzevault, Jeanne Candel et Adrien Béal, se sont rencontrés lors d’un laboratoire avec le maître russe Anatoli Vassiliev. C’est à l’issue de ce travail de longue haleine qu’ils fondent leur compagnie, Le Balagan’ retrouvé. Leur credo : partir de rien, de la vie comme elle est, ici et maintenant, et convoquer la fiction pour que, petit à petit, elle s’incarne, elle existe. L’écriture est donc collective et se construit au plateau, mais elle se nourrit de textes de grands auteurs. Non pas des mots laissés sur le papier, mais de l’invisible, de la richesse du caché. Calinoiu et González assument avec humour leur statut de pilleurs des sous-sols de génies.
Après un premier spectacle, Demain tout sera fini, puisant à la source tumultueuse de Dostoïevski avec son roman Le Joueur, les deux artistes s’inspirent ici du scénario de Scènes de la vie conjugale, film réalisé en 1973 par le cinéaste suédois Ingmar Bergman, chef d’oeuvre doux-amer, drame ordinaire et bouleversant de l’amour qui dure puis qui s’efface.
Pour cette reprise, ils ont invité un musicien : Thibault Perriard, batteur, familier des plateaux de théâtre, compagnon de route de Samuel Achache et Jeanne Candel. Trois acteurs donc, pour un spectacle qui s’écrit oralement et corporellement au « soir le soir ».
Il y a dans cette proposition une exigence, une intensité, quelque chose qui semble brûler sous nos yeux : la force du théâtre dans l’instant présent.