En 1792, deux astronomes de la toute jeune république française sont envoyés sur le méridien de Paris : l’un part de Dunkerque, l’autre de Barcelone, à charge de se retrouver à mi-chemin et de définir, selon un calcul savant, le mètre universel ! Sauf qu’ils ne se retrouveront jamais (la route réelle étant autrement plus compliquée que la ligne droite tracée sur la carte !) et que le mètre-étalon se révélera être faux…
Du 14 juillet 2009 au 31 janvier 2011, Stéphane Olry et Corine Miret invitent six personnes (comédien, mathématicien, promeneur professionnel, metteur en scène, architecte, compositeur) à marcher sur un tronçon du même méridien, chacun s’étant choisi une consigne – tels des chevaliers de la Table Ronde : l’un n’a marché que la nuit, un autre s’est invité à chaque étape chez un(e) ami(e) ou ami(e) d’ami(e), le suivant a cherché à rencontrer sur sa route les immigrés provenant d’autres pays traversés par le même méridien (Espagne, Algérie, Mali, Bénin), etc. Le seul point commun : coller autant que possible au méridien, et faire sien l’imprévu… Ils ont ainsi traversé des lieux étranges, croisé des gens étonnants, buté sur mille obstacles, connu autant d’aventures.
En 2011, Stéphane Olry s’inspire des comptes-rendus de ces arpenteurs (écrits, filmés, enregistrés…) pour imaginer un spectacle rêveur et joueur, inspiré de leurs péripéties et de celles des géomètres révolutionnaires : une nouvelle aventure à vivre en direct sur le plateau de l’Aquarium ; comme un hymne à l’imprévu et aux chemins de traverse, pour découvrir autrement le monde et ceux qui l’habitent.
François Rancillac
J’ai donc envoyé sept explorateurs arpenter successivement une fraction du méridien de Paris entre Dunkerque et Barcelone.
Les arpenteurs ont été choisis pour leurs singularités et leurs différences : un comédien (Hervé Falloux), un mathématicien (Kenji Lefèvre-Hasegawa), un promeneur professionnel (Hendrik Sturm), un metteur en scène (Nicolas Kerszenbaum), un architecte (Loïc Julienne), un compositeur (Jean-Christophe Marti), un auteur (moi-même). Le long de cette ligne arbitraire, ils sont libres d’inventer chacun leur chemin : l’un marche la nuit, l’autre cherche les étrangers venus de pays traversés par le méridien etc.
À son retour, chaque arpenteur présente un compte-rendu de son voyage à l'occasion d'une séance de travail publique. Depuis le départ du premier de ces arpentages en juillet 2009, je tiens le journal de l’organisation de ces voyages, des échos qui me parviennent de leurs péripéties, et aussi de la production du spectacle qui en sera issu.
Le 1er juin 2011, le dernier arpenteur de retour, les sept voyageurs se sont rencontrés pour la première fois à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon. Le cercle s'est alors formé et fermé.
Le texte du spectacle sera extrait du journal que je tiens depuis trois ans de l’aventure des arpenteurs. Ce journal passe abruptement de descriptions factuelles, aux rêves, à des dialogues entre des personnages de fiction. Le charme de cette forme est qu’elle instaure une continuité dans une réalité discontinue, comme une route sur laquelle on roule fait défiler uniformément des univers différents – usines, maisons, champs, stations-service – sans à-coup.
Stéphane Olry
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.