Les deux nobles cousins

du 20 mars au 29 avril 2012
1h55

Les deux nobles cousins

CLASSIQUE Terminé

Arcite et Palémon tombent instantanément amoureux d’Emilia, découvrant la jalousie et la haine de l'autre. Une pièce méconnue qui nous transporte dans un monde étrange et incohérent, co-écrite par William Shakespeare et John Fletcher durant l'époque la plus sombre du théâtre anglais classique, menacé par la royauté.

En prison, les deux inséparables Arcite et Palémon fêtent leur liberté perdue ! Passe alors, sous la fenêtre de leur cellule, Emilia. Ils en tombent instantanément amoureux et découvrent du même coup la jalousie et la haine de l'autre… La fille du geôlier, de son côté, est sur le point de se marier, mais son coeur s'ouvre à la vue du prisonnier Palémon…

  • Une pièce méconnue née de la collaboration de deux grands dramaturges anglais

Les deux nobles cousins est une pièce méconnue, co-écrite par William Shakespeare et John Fletcher dans un temps où le théâtre anglais va très mal, menacé qu'il est de disparaître totalement, méprisé par le successeur au trône d'Elizabeth 1er…

La pièce nous transporte dans un monde étrange, incohérent : un état intérieur et dangereux où le coeur saigne et crie. Shakespeare est à la fin de sa vie. Poète pessimiste en matière d'amour, il maltraite ses héros et s'en rit. Il les précipite hors de toute logique et passe sans transition de la Mythologie grecque à l'ordre féodal des Chevaliers, de la ville à la forêt profonde, d'un style épique et flamboyant à la farce grossière.

Partout, les Dieux tranchent sur les destins mortels, en juges arbitraires et partiaux. Ils pèsent lourd sur les dos des hommes et des femmes qui marchent sur des chemins déjà trop escarpés ! Le Prologue est clair : « Dans tout cela, rien qui ne soit vrai : du théâtre pour vous divertir et pour nous faire vivre, tout simplement »

Comme au cirque, la mise en jeu est chorale : les acteurs sont omniprésents sur scène qu'ils aient ou non quelque chose à dire, ils se regardent risquer, éprouver, ils se relaient pour raconter à plusieurs dans un face à face avec le public, les yeux compagnons des coeurs pour soutenir les gestes de ceux qui sont dans la lumière.

  • Extrait

« ARCITE : Décidons que cette prison est un saint asile nous préservant de la corruption. (…) Ici, rien de superflu pour nous tenter. Ici, la main de la guerre ne blesse personne, ni la mer n’engloutit. (…) Un millier de hasards pourraient nous séparer si nous quittions cette prison.
PALÉMON : Ah ! Merci à toi, cousin Arcite, de m’avoir rendu la captivité désirable ! (…) »

Passe alors, sous la fenêtre de leur cellule, Emilia. Ils en tombent instantanément amoureux.

« ARCITE : Une beauté sans pareille !
PALÉMON : Si belle qu’un homme pourrait se perdre d’amour ?
ARCITE : Toi, je ne sais pas, mais moi, c’est déjà fait. Maudits soient mes yeux. À présent les chaînes me pèsent.
PALÉMON : Tu l’aimes ?
ARCITE : Qui pourrait ne pas l’aimer ?
PALÉMON : Et tu la désires ?
ARCITE : Plus que ma liberté !

(…)

PALÉMON : Oui, mais tu ne dois pas l’aimer.
ARCITE : Pas l’aimer, moi ? Qui peut me l’interdire ?
PALÉMON : Moi qui la vis le premier.

  • Vision

De la joie que procure l’amour au désespoir tragique. Entre les deux, un vertige : la folie. Montrer les fous. Les fous de toutes espèces. Et entraîner le public dans la confusion. Dans une autre réalité : celle du théâtre. C’est le jeu préféré de Shakespeare : Clamer le théâtre en toute chose ! Se réjouir ensemble de cette vie qui ne serait qu’un leurre !

« LA FILLE DU GEÔLIER : Amour, ton coeur est brave ! Et mon amour l’emporte sur l’amour, la raison, le bon sens, la prudence ! (…) Je lui ai dit que je l’aime. J’en ai fait l’aveu sans honte. (…) Le jour va se lever dans la prison vide et je serai dans les bras du prisonnier évadé à le couvrir de baisers. Adieu, mon père. Avec des prisonniers comme lui, et des filles comme moi, tu n’auras plus que toi-­même à garder ! »

  • Ouverture

Dans un temps où l’optimisme est le privilège des fous ou des innocents, l’élan vital que donne cette oeuvre tient de l’acte de résistance ! Nous sommes, nous, au service de ce geste puissant et salvateur : le cri du vivant, l’homme debout qui envisage l’avenir avec tout le désir dont il dispose… Dans l’univers de Shakespeare, tout est si excessif ! Il est éminemment théâtral bien sûr. Mais il est plus que cela : Il est le Vrai, vu au microscope. Grossi. Là où la brutalité et la cruauté côtoient le charme et la finesse. Aucune théorie, aucune mise en scène ne peuvent raconter cela, ce souffle-là, mieux que les acteurs. C’est pourquoi, ils sont au centre de notre esthétique. Comme des diables, ils s’échinent à trouver la position, le rythme pour se hisser au niveau de la pensée de Shakespeare : l’homme est puissant tant qu’il est passionné et insoucieux de sa place dans le monde !

Toute notre entreprise est de trouver dans le travail de répétition et plus tard les soirs de représentations la liberté de jeu, la communication profonde avec qui écoute.

  • La presse en parle

« Sara Llorca a de la poigne, une autorité, le sens du mouvement et des changements de cadre : elle sait mêler l'intime et les groupes, les secrets et les panoramiques. (…) Une artiste puissante au registre large et qui est ici un très bon chef de troupe. » Armelle Héliot, Le Grand théâtre du monde

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