Une question provocante pour une pièce sur les questions de genre et de création. Trois figures historiques de femmes de science : Marie Curie, Ada Lovelace et Émilie du Châtelet sont évoquées par deux comédiens à différentes étapes du travail de création théâtrale : dans la loge, en répétitions et en représentations.
Trois parcours de femmes à travers les difficultés qu'elles ont rencontrées pour se faire une place dans ce monde d'hommes.
Le parti pris pour l’écriture dramaturgique est de faire découvrir ces trois femmes ainsi que les couples qu’elles ont formés avec leur partenaire de travail : Pierre Curie, Charles Babbage, et Voltaire à travers un dialogue entre une femme et un homme d’aujourd’hui.
L'idée forte du projet d’écriture est que cette pièce montre à la fois la science en train de se faire et le théâtre en train de se faire : les personnages de fiction sont des comédiens qui se préparent dans leur loge. Dans la première partie sur Marie Curie, ils se livrent à des « exercices » de lecture de textes, dans la seconde sur Ada Lovelace, ils sont dans un travail de répétition, et dans la troisième sur Émilie du Châtelet, ils sont en représentation.
La chronologie choisie pour les évocations de ces personnages historiques est de faire remonter le temps au public, tandis que la relation entre les personnages de fiction qui évoquent ces personnages historiques se développe vers l’avenir.
Au-delà de l’évocation de ces grandes figures du passé, je veux que les deux personnages de la pièce confrontent leurs représentations sur les notions de génie et de genre, et qu’ils amènent le public à s’interroger sur ces notions : que nous soyons homme ou femme, notre cerveau n’a-t-il pas la même capacité d’être en perpétuelle construction au gré des apprentissages que nous choisissons d’entreprendre et des expériences que nous nous autorisons à vivre ?
N’est-ce pas là une alternative plus réjouissante que de nous en remettre aux prédéterminations sociales ?
Anne Rougée, auteure
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris