Au commencement le papa rentre dans la maman. Sans frapper.
L'enfant s'emmerde un peu en attendant que ça se passe. La situation se précise : le monde est tout rempli d'énergumènes abscons. L'essentiel étant de tenir, le temps que jeunesse pourrisse et qu'il puisse à son tour éduquer ses semblables à grands coups d'arguments.
(...) C'est une amie très chère qui m'a conseillé le roman. Ecorchée vive et professionnelle, elle en connaissait la force. Me voilà donc devant la couverture du livre et son titre déroutant... Drôle de sensation. La première lecture, un choc. La seconde, une évidence. Il fallait que je rencontre cet homme, l'auteur d'un texte qui m'a bouleversé... Ce qui fut pour moi déterminant. J'adapterai ce roman pour le théâtre, le jouerai. Comme une évidence... Mais il fallut tout d'abord m'en détacher, prendre du recul pour mieux y revenir. Maintenant, le temps est venu. Ces papas et ces mamans vont voir le jour. Une voix sur leurs maux, sur les mots d'un auteur. Tes mots Diastème... Comme une évidence, te rendre ce plaisir. Qu'en dis-tu ?
Hervé Arnaud
Je ne veux rien savoir, Hervé. Je te fais confiance, je vous fais confiance. Tel sera mon plaisir, mettre les pieds sous la table, dîner chez des amis, ce théâtre que j’adore. Je ne veux rien savoir, j’en connais déjà trop. À moi les ingrédients, mais à vous la cuisine. Juste arriver, s’asseoir, attendre que ça s’éteigne. Vouloir tout oublier : de quoi ça parle déjà ? Puis se prendre une droite, comme sur l’affiche, un uppercut.
Sortir sonné.
Je n’aurai même pas peur, j’enverrai des bonnes ondes. D’ordinaire, quand je vais voir une nouvelle mise en scène de mes pièces, je suis toujours un peu fébrile. La peur d’avoir à comparer, avec mes propres mises en scène, mais là je n’aurai pas peur : je n’ai jamais mis ce texte en scène. Je viendrai en spectateur, en simple spectateur. Curieux et bienveillant. Un vrai modèle du genre.
Diastème
16 septembre 2011. Casablanca. Je suis en repérage pour mon film. Mon téléphone sonne. Je décroche : Salut, c’est Hervé. Quand j’ai tourné dans ton film, t’avais kiffé mon blouson en cuir. Et ben voilà je le vends et j’ai pensé à toi !
Voilà comment tout a commencé. A cause d’un fucking blouson. Super chouette certes, (Hervé a beaucoup de goût ! ) mais bon, un blouson fait de peau de bête, quoi. 1 semaine plus tard, j’arrive chez lui, le blouson est là. Super beau. Hélas, il est au delà de mon budget ! (Hervé a décidément beaucoup de goût ! ) Et là, sur la table un texte...
Moi, curieux : C’est quoi, ça ?
Lui, enthousiaste : C’est d’la balle, c’est un roman de Diasto, j’ai kiffé grave le texte et je l’ai adapté pour le théâtre !
Moi, toujours curieux : Je peux lire ?
Lui : Évidemment !
Arrivé chez moi, je lis le texte et… Grosse claque dans ma gueule ! Je tombe immédiatement amoureux du texte, du style, de Diastème, l’auteur que je ne connais pas encore, du projet. Bon, Hervé je l’aimais d’avant. Et je me dis qu’Hervé a décidément beaucoup de goût ! Pour moi c’est Célinien, teinté de poésie trash à la Gainsbourg, le tout à la sauce Scorsese pour l’humour grinçant et le détachement. Je rappelle Hervé.
Moi : Cherche pas de metteur en scène, c’est moi !
Lui : Faut que je réfléchisse.
Alors je lui dis exactement comment je voudrais travailler la mise en scène en priant Dieu que j’arrive à le convaincre.
Lui : Bon, je vais réfléchir !
Moi : Ok… Dans ma tête : C’est mort !
10 jours d’angoisse à me dire, que si je passe à côté de ce projet, je vais crever ! Après la disparition de la totalité de mes 10 ongles de mains, (j’allais attaquer les pieds) Hervé me rappelle pour me lâcher les mots magiques.
J’ai réfléchi, c’est toi !
Et voilà l’aventure qui commence !
J’aime ce texte, j’aime Hervé, j’aime Diastème, j’aime leurs délires, auxquels je vais associer les miens pour les 80 minutes de Les papas et les mamans. Au fait... Je crois que je vais lui acheter son fucking blouson !
Samuel Tudela
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris