Lorca, Passion et Mort

Paris 6e
du 22 janvier au 28 mai 2006
1h20

Lorca, Passion et Mort

Lorca, Passion et Mort est un kaléidoscope qui révèle les couleurs lorquiennes dans un rythme de diastoles et de systoles où la vie et la mort contrastent et s’illuminent mutuellement. A travers ses personnages les plus remarquables, ses poèmes, ses interviews et sa vie même, Federico Garcia Lorca nous dévoile la passion brûlante, qui l’a conduit à sa mort.

« J’aime ceux qui ne savent pas vivre à moins de se perdre, car ce sont ceux qui passent sur l’autre rive. » Nietzche

Un peu d'histoire
A propos de la pièce
A propos de Federico Garcia Lorca
A propos de la mise en scène
Poème pour un poète
La presse

  • Un peu d'histoire

Au moment où naît Lorca, un mouvement violent anime l’Espagne : inquiétude et résolution. Un long médiévalisme s’achève, l’Espagne va retrouver des contacts perdus, un terrain commun avec les nations ; il s’agit d’ouvrir le pays, de réincorporer la culture espagnole à la culture mondiale, l’Espagne va renaître à l’Europe…

Ecoutons le maître de file, Unamuno : à ceux qui proclamaient « L’Espagne doit s’européaniser », que répond-il ? « Le rôle de l’Espagne est d’africaniser l’Europe. » Ce pays à décidément le goût du pire. Parole étrange, complaisante plus encore que paradoxale.

Par une ironie impitoyable du sort, Unamuno mourra la même année que Lorca, en 1936, arrivé au bout de sa méditation, déposé par la vie, comme Lorca, au seuil de la guerre, épave d’une longue inquiétude. En 1936 également mourra Ramón del Valle Inclan : une esthétique d’Annunzienne et ce qu’on nomme « une œuvre considérable. »

Aux problèmes que posaient depuis trente ans les rénovateurs du théâtre européen, que l’agonie du théâtre bourgeois ne soldait pas, que les théoriciens allemands ou russes ne résolvaient pas, que le surréalisme n’effleurait pas, à ces questions Lorca, presque seul, apportait des réponses : six grandes pièces, neuf années consacrées au théâtre, plusieurs travaux dramatiques… une œuvre brève interrompue par la mort à ses 38 ans.

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  • A propos de la pièce

D’après Noces de Sang, Yerma, Mariana Pineda, Amour de don Perlimplin, Le Public, Romancero Gitan, Poète à New York, Conférences et interviews. Par la La Compagnie ÂtreArt.

- Puisqu’ils s’aiment, ils ont bien fait de partir.
- Ils se sont dominés ; mais le sang l’a emporté.
- Le sang !
- Il faut suivre la route du sang.
- Mais la terre boit le sang qui jaillit.
- Eh quoi ? Mieux vaut être mort, saigné à blanc, que vivre avec le sang pourri.
Noces de sang de F.G.Lorca ; dialogue des bûcherons.

« Et la question qui se pose maintenant est de savoir si dans ce monde qui glisse, qui se suicide sans s’en apercevoir, il se trouvera un noyau d’hommes capables d’imposer cette notion supérieure du théâtre, qui nous rendra à tous l’équivalent naturel et magique des dogmes auxquels nous ne croyons plus. » Antonin Artaud, Le théâtre et son double

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  • A propos de Federico Garcia Lorca

Federico Garcia Lorca, le génial rossignol andalou, est un des plus hauts sommets de la poésie du XXe siècle. Il s'adonne très tôt à la poésie, à la musique, au théâtre et au dessin. Ses amis s'appellent Dali, Buñuel, Alberti, Manuel de Falla...

Né en 1898, c'est naturellement qu'il rejoint le mouvement intellectuel qui, à partir des années trente, allait être appelé la "Génération du 98". L'énorme sensibilité artistique et poétique, alliée à une prolifique activité créatrice que lui-même a défini comme étant "d'usine", font de Lorca un écrivain de grande importance dans l'histoire lyrique hispanophile. Federico Garcia Lorca sera non seulement un intellectuel engagé lors des évènements tragiques que son pays va traverser, mais aussi un infatigable défenseur des coutumes populaires espagnoles et andalouses.

« Je dénonce tous ceux qui ignorent l’autre moitié. » écrivait Lorca dans Poète à New York.

D'un côté, Garcia Lorca emprunte au flamenco ce monde de dissonances musicales et gestuelles qu'il réinterprète et intègre dans ses compositions. De l'autre, le poète apporte à cet art une fusion entre l'émotionnel et le rationnel qui, avec des ailes surréalistes, le projette vers un futur nouveau. Ce surréalisme, lié aux idées de Goethe et de Nietzsche, conduit Federico à créer la théorie du duende (démon intérieur). Si le cante flamenco reflète ce qui se ressent mais ne peut s'expliquer, le duende est ce qui transmet cette "matière ultime et fond commun incontrôlable."

Lorca est tout à fait conscient d'être en avance sur son temps, non seulement du point de vue de la revendication homosexuelle (ou simplement sexuelle) mais aussi dans la mise en place d'un langage théâtral expérimental, dans la déconstruction systématique des fondements de l'expression et de la réception théâtrales. Plus que les mœurs, ces pièces transgressent les conventions théâtrales, les systèmes, tout ce qui, dans le théâtre, s'est figé et sclérosé au fil du temps. Elles exigent un regard neuf, un nouveau spectateur prêt à abandonner le « théâtre à l'air libre » pour s'engouffrer, derrière Lorca et ses personnages qui n'en sont pas, dans le « théâtre sous le sable », à la recherche de « la vérité des sépultures ».

Nous devons à Federico sa propre vie, tout simplement. Une vie à laquelle les forces de répression espagnoles mirent fin le 18 août 1936 à Viznar, Grenade. Il a vécu pour sa terre et il est mort pour elle, répandant sur elle son sang. La légende de Mariana Pineda devient celle de Garcia Lorca.

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  • A propos de la mise en scène

L’œuvre de Lorca est une énigme, une énigme articulée autour de la figure féminine qui est au cœur de son univers poétique. L’œuvre de Lorca est un scénario ancestral où les origines et les pulsions essentielles se mêlent et révèlent leur complexité devant notre regard. Son œuvre devient d’autant plus mythique qu’elle reste en dehors de l’époque qu’elle traverse, parce qu’elle nous dévoile la simplicité parfaite du miracle de l’origine de la vie et de l’univers. Cependant toute la dimension universelle de ses textes opère sur des personnages concrets, vivants et proches.

Il faut dessiner des profils concrets, définis et reconnaissables pour qu’à travers eux agissent, si l’on a la sensibilité suffisante pour le sentir, les forces qui meuvent l’être humain et le poussent indéniablement à son destin.

Lorca sait qu’au-delà de l’anecdotique, du superficiel, du folklorique battent à l’unisson de vieilles voix impérieuses qui amènent une lumière vive venue des temps jadis, qui expriment les vérités éternelles et reflètent les conflits essentiels de la vie et la mort entre lesquels se déroule notre existence. La recherche permanente d’un amour libéré du temps, c'est-à-dire dotée d’une force et d’une foi créatrice capable d’agir et d’exister au-delà des limites temporelles qu’impose la transformation de toutes choses, est capable de vaincre la mort, les limites temporelles et physiques des êtres vivants par excellence. Dans l’idiosyncrasie ibéro américaine, l’amour (la vie) est capable d’échapper à l’emprise du temps (la mort). Sa présence est si forte qu’elle imprègne l’existence de son peuple et tient un rôle primordial dans notre culture.

« Poudre tu seras, mais poudre amoureuse ». La vie triomphant sur la mort, l’amour remporte la victoire face à la dure loi qui l’a conduite au fleuve des eaux obscures. La réponse de Quevedo à Shakespeare dans son sonnet sur « L’amour constant » au-delà de la mort exprime cette conception selon laquelle il semble impossible d’aller plus loin.

Pourtant, trois siècles plus tard, Lorca en plongeant dans cette inépuisable foi d’un amour plus fort que la mort, va créer, de par la conjoncture des facteurs historiques et personnels, une œuvre qui dans son ensemble constitue un manifeste authentique de la vie face à la mort : un des héritages légué à l’humanité par le monde hispanique. Avec Lorca, Passion et Mort, nous avons voulu approcher l’intimité de Federico pour qu’à travers ses propres mots et ses personnages dramatiques, il puisse nous dévoiler le secret de son être universel.

Lorca, Passion et Mort est un kaléidoscope qui révèle les couleurs lorquiènnes dans un rythme de diastoles et de systoles où la vie et la mort contrastent et s’illuminent mutuellement. C’est finalement un hommage à l’être cher que fut Federico Garcia Lorca. « Federico quel cœur ! Combien tu as aimé, combien tu as souffert ». Voici le cri isolé et saisissant de l’homme face à l’acte aveugle de la mort qui nous rappelle les vers émouvants de son héroïne Mariana Pineda :

« Ce n’est pas possible ! Lâches !
Qui ordonne dans cette Espagne de telles vilenies ?
Quel crime ai-je commis ? Pourquoi me tuez-vous ? ».
Où est la raison de la justice ? »

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  • Poème pour un poète

A Federico Garcia Lorca.

Le crime eut lieu à Grenade

On le vit marchant entre des fusils
Par une longue rue
Qui donnait sur la campagne froide
de l'aube, encore sous les étoiles.
Ils tuèrent Federico
Alors que pointait la lumière.
Le peloton de bourreaux
N'osa pas le regarder au visage.
Tous fermèrent les yeux ;
Ils prièrent... Dieu lui-même ne te sauverait pas...

Federico tomba mort
- du sang sur le front, du plomb dans les entrailles -
... C'est à Grenade que le crime eut lieu,
Vous savez - pauvre Grenade ! - dans sa Grenade !
[...]
On les vit s'éloigner...
Taillez, amis,
Dans la pierre et le rêve, à l'Alhambra,
Une tombe au poète,
Sur une fontaine, où l'eau pleure,
et, éternellement dise :
Le crime eut lieu à Grenade... dans sa Grenade !

Antonio Machado

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  • La presse

"70 ans après la disparition tragique de Federico Lorca, William Orrego Garcia lui rend hommage en mettant en scène son parcours personnel dans l’oeuvre du poète. Une plongée vertigineuse et intimiste dans l’univers tragi-comique d’un artiste superlatif. (...) Eros et Thanatos sont au rendez-vous dans ce portrait d’un homme qui s’est consumé dans sa vie et dans ses œuvres et dont le feu sacré a encore de quoi échauffer les esprits et les corps. " Anne-Laure Buffard, Marianne, 8 décembre 2005

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Spectacle terminé depuis le dimanche 28 mai 2006

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