Spectacle en anglais surtitré en français.
En dehors de ses chefs d'oeuvres Shakespeare a aussi écrit des sonnets d'une rare beauté. Choisis par Peter Brook, ils sont interprétés par Natasha Parry et Bruce Myers. Un spectacle inédit aux monologues d'une rare intensité, à ne pas manquer.
« Avec cet étonnant recueil nous pénétrons dans la vie secrète de Shakespeare. Nous découvrons son journal intime, ses confidences, sa passion, sa jalousie, sa culpabilité, son désespoir, et surtout son interrogation sur le sens profond de son attirance, pour un homme, pour une femme – et pour l’acte même de l’écriture.
Il n’est pas aisé de choisir parmi 154 sonnets. Il fallait qu’émerge un mouvement dramatique. Comme guide j’ai suivi les interrogations sous-jacentes entre deux personnes. D’abord, il y a une tranquillité partagée, puis peu à peu les peines d’amour apparaissent : séparation, infidélité, trahison, jusqu’au dégout de la chair. Dans la dernière phase Shakespeare exprime un amour qui dépasse tout, qui se révèle plus fort que la vieillesse et la mort.
L’amour reste vainqueur du temps.
Portés par leur longue expérience de Shakespeare, Natasha Parry et Bruce Myers vont servir ensemble la richesse de ces textes ; les surtitres français en faciliteront la compréhension. »
Peter Brook
Dans un obscur catalogue de libraires, on trouve une allusion au fait que Shakespeare avait envisagé la publication de certains sonnets dès l’année 1600.
Cependant, aucun volume n’apparut alors et Shakespeare conserva les sonnets sous leur forme manuscrite. Pendant l’épidémie de peste qui paralysa Londres entre 1606 et 1610 tous les théâtres furent fermés et la nécessité d’avoir quelques revenus poussa Shakespeare à faire éditer la collection des sonnets.
L’étude de la syntaxe, le choix des mots et les allusions à des événements contemporains
suggèrent que les derniers poèmes furent écrits autour de 1604, la période de Mesure
pour mesure, du Roi Lear et d’Othello.
Il n’est pas d’expression plus vive et plus cruelle de l’amour, que ces incomparables
Sonnets. Ce n’est pourtant pas cela qui fait leur gloire. Leur gloire semble encore
attachée à l’existence d’un phénomène poétique se déroulant, à travers le lyrisme tout à
tour brillant, impassible, féroce et sanglotant, dans une suite de cent cinquante-quatre
pièces. Shakespeare, ce noble démon, est probablement ici tout entier, sous les astres de
la première partie de sa course.
C’est dans une profonde incertitude, et beaucoup d’obscurité même, que s’accomplit pour nous le phénomène poétique des Sonnets, si étroitement lié à l’existence d’un homme. Les grandes options sentimentales ou érotiques ne sont pas définies ; le phénomène ne propose ni un concetto, ni une expérience tragique, mais les deux réunies, avec le masque du grand art. Ces Sonnets n’étaient point faits, du reste, pourêtre lus par le public ; ils étaient conçus pour une récitation à voix basse, ou une confidence amoureuse, ou une sourde querelle. Cette suprême poésie n’a aucune ambition d’être une poésie. Elle est ambitieuse de secret.
Extrait de Shakespeare Sonnets - Editions Gallimard
37 bis, bd de la Chapelle 75010 Paris