À partir de 12 ans.
Retour dans la banlieue anglaise des années Thatcher, avec ses alignements de maisons en briques rouges, ses rues vides et désolées. Le paysage a pris cette fois des allures de dévastation après un tremblement de terre. Devant la façade éventrée du N°7, une femme, Mary Brown, s'apprête à fouiller les décombres de son passé. Elle va gravir les obstacles de l'oubli pour recueillir les bribes de l’amitié perdue qui la liait à Kathleen Doyle. Tout lui revient peu à peu, les médisances des gens du quartier, la rupture, l'isolement qui en ont découlé. Et puis, à mesure qu'elle creuse, quelque chose bouge sous les décombres. Serait-ce un signe de vie ?
Cette nouvelle création forme un diptyque avec 36ème Dessous qui retraçait l'histoire d'une femme réfugiée sous la table de sa cuisine lors d'un tremblement de terre. Mary Brown reprend le même évènement, dans le même lieu, mais en changeant de perspective : le point de vue est celui de Mary Brown, revenue chez elle après vingt-trois ans d'absence, et le séisme tient surtout au récit d'une vie brisée dont l'héroïne apprend à recoller les morceaux. Colette Carrigan a travaillé sous la direction de Jean-Louis Heckel, avec le regard complice de Sean Myatt pour les jeux de manipulation et le théâtre d'objet. Ordinairement seule en scène, elle accueillera la comédienne Ixchel Cuadros, dans le rôle de la rescapée.
Mary Brown est mentionnée deux fois pendant le spectacle 36ème Dessous sorti en 2011. Pour se situer ; dans ce spectacle je raconte l’histoire d’une femme qui s’est réfugiée sous sa table de cuisine lors d’un tremblement de terre. Depuis elle survit dans ce qu’il reste de sa cuisine et attend. Elle revisite ses souvenirs et sa vie et on découvre qu’elle a une amie, Mary Brown, avec qui elle est en froid depuis 23 ans.
Cette courte forme a été un excellent tremplin pour la nouvelle création. Je me suis largement appuyée sur elle pour m’ouvrir des pistes et la plus intéressante fût celle de la voisine de la sinistrée de 36ème Dessous. Les deux spectacles forment un diptyque dont les protagonistes sont unis par un lien très fort.
Pour cette nouvelle création j’ai eu envie de rester sur le même événement, le même lieu - le tremblement de terre et les décombres - mais cette fois-ci l’histoire sera racontée d’une autre perspective. Cette fois-ci nous découvrons le drame à travers les yeux de Mary Brown à l’extérieur du bâtiment, qui fouille, cherche et creuse les débris de sa vie.
Ce n’est pas le premier séisme que les deux femmes ont vécu. Tout s’est écroulé il y a 23 ans. Mary Brown a claqué la porte, fermant l’amitié entre elle et sa voisine Kathleen Doyle. Kathleen, prisonnière des gravas, ignore qu’elle est en train de vivre les dernières heures de son confinement. Son amie, non loin d’elle, va creuser et fouiller les décombres de sa vie jusqu’à la retrouver.
Je veux creuser plus loin les thématiques des projections et des effets destructeurs de la médisance. Les survivants comme tant de gens de notre époque sont esseulés, isolés.
Est-il possible de créer des passerelles et creuser les tunnels entre le passé et le présent pour arriver à la réconciliation ? Ça ne sera pas mal de passer de la survie à la vie, de l’isolement et enfermement à une ouverture. J’ai trouvé une grande bouffée d’air, d’enthousiasme et d’amour pour la vie dans l’oeuvre d’Andrée Chédid L’Autre. Elle m’a grandement inspirée dans l’élaboration de l’écriture de Mary Brown.
Je rentre chez moi pour raconter cette histoire, je revisite mon quartier une dernière fois avant que les bulldozers arrivent. Nous sommes dans une rue déserte dans le nord de l’Angleterre. Alignées, les maisons en briques rouges se ressemblent toutes.
C’est dans le banlieue de Liverpool, pendant les années 80. La politique de Margaret Thatcher ravage le pays, on écoute Elvis Costello à la radio, les mineurs sont en grève, ils demandent leur droit de travailler. C’est le début de la fin.
Colette Gariggan, mai 2012
7, rue Louise Weiss 75013 Paris