Ils entrent sur scène, enfants, jeunes, vieux. Ils n’ont pas du tout l’air de danseurs et ça se voit. Cette foule diverse et déplacée, réunie sur le plateau pour faire à eux tous un paysage urbain, est la première image frappante de City maquette, une chorégraphie de Mathilde Monnier sur l’opéra contemporain d’Heiner Goebbels, Surrogate Cities (1996). Une « surrogate mother » c’est une mère porteuse. Une « surrogate city », c’est donc peut-être une ville porteuse, une ville possible, une ville dont quelqu’un, en quelque sorte, porte le rêve pour nous. Le projet Monnier / Goebbels est d’ailleurs né de ce genre de rêve : chaque année le Philharmonique de Berlin, sous la direction de Simon Rattle, quitte sa coquille protectrice pour rejoindre les faubourgs de Berlin. En 2008, Mathilde Monnier s’est vu confier la responsabilité de ce projet des faubourgs.
Sur la partition complexe de Heiner Goebbels, savant collage où les rythmes du rock, du jazz ou du blues s’emmêlent à des souvenirs d’oeuvres classiques et des accès de synthétiseurs, Mathilde Monnier propose de réfléchir à la ville comme à un organisme vivant qui se déploierait en modèle réduit sur l’horizontalité d’un plateau de danse. Le plateau, c’est la ville mais telle qu’elle vit dans l’imaginaire de ses habitants. Qu’est-ce qu’une ville pour des enfants ? Pour n’importe quel groupe constitutif de l’espace social ? Comment s’y faire un chemin, habiter, trouver l’autre et finalement danser avec lui ?
City maquette est un spectacle qui engage 60 amateurs de tous âges, issus de différentes communautés, à se mouvoir sur la scène comme dans une ville inventée. En amont, ces amateurs auront suivi un stage long pour expérimenter les différents matériaux scéniques et nous les redonner à vivre.
Chorégraphie : Mathilde Monnier
Musique Heiner Goebbels
Adaptation chorégraphique : Florian Bilbao
Avec la participation d’élèves de 6è du collège Alphonse Daudet (XIVe), d’élèves du Conservatoire de danse de Paris, de danseurs amateurs de hip-hop, d’un groupe d’arts martiaux chinois de l’Université Française de Wushu de Roger Itier et Tony Dehas et de seniors amateurs de danses de salon.
« En 1998, je demandais à Heiner Goebbels de composer la musique de ma pièce Les Lieux de là. Avec cette nouvelle création, un deuxième volet s'ajoute à cette collaboration. Selon Heiner, « cet opéra est une tentative pour s'approcher de la ville de différentes parts ; de raconter quelque chose à propos des villes, de s'exposer à elles, de les surveiller. Dans les rapports de pouvoir au sein de la ville, le solitaire a toujours le dessous ».
En m'appuyant sur ces propos, j'ai décidé de faire coexister dans la mise en scène différentes représentations de la ville selon deux axes. Le premier repose sur l'imaginaire des enfants. Le second se nourrit des représentations de plusieurs groupes de personnes (groupes sportifs, groupes de jeux…) censés représenter différentes couches sociales organisationnelles et autonomes. »
Mathilde Monnier
17, boulevard Jourdan 75014 Paris