La metteuse en scène Elizabeth Czerczuk livre un spectacle puissant et surprenant à base de chant, de danse et de musique. Une adaptation de l’œuvre de Witkiewicz digne de la tradition pluridisciplinaire d’un théâtre qu’il reste à découvrir : le théâtre polonais.
Matka transporte le spectateur dans un délire parfaitement organisé. Entourée de son fils et de créatures étranges et perturbantes, cette femme, tantôt pure, tantôt monstrueuse se débat au milieu de meubles et de miroirs qui se déplacent comme par magie dans l’espace.
À la fois lucide et farfelue, cette pièce à l’alchimie vénéneuse se pare d’une étrange beauté qui laisse le spectateur abasourdi.
De cette débauche étourdissante, la metteure en scène Elizabeth Czerczuk livre un spectacle puissant et surprenant, digne de la tradition pluridisciplinaire d’un théâtre qu’il reste à découvrir : le théâtre polonais.
« Elizabeth Czerczuk, metteur en scène et actrice, refuse la primauté du texte, son théâtre utilise tout autant le chant, la danse et la musique. (...) Un spectacle d'une originalité et d'une exigence artistique inhabituelles. » La Marseillaise
« (...) La vision est complexe et elle tente de nous la transmettre. Pour imager la forme pure, Elizabeth Czerczuk, actrice et metteur en scène, joue sur tous les tableaux : le chant, les lumières, la musique - magnifique - et surtout... l’expression corporelle. » La Provence
« Matka, pièce électrique dont Witkiewicz disait lui-même qu’elle est « sous tension », témoigne de l’intensité dramatique de ce théâtre dont on regrette souvent qu’il ne soit pas joué plus souvent. » Le Monde, aden (arts, divertissements et nuits)
« […] Elizabeth Czerczuk ne se prive pas de faire de même, dirigeant ses acteurs dans un délire très organisé et soutenu par une musique savamment sournoise de Matthieu Vonin. C’est un spectacle qui ne ressemble à aucun autre, car on ne connaît plus ce style dramatique à Paris. » Webtheatre
« Spectacle exceptionnel, hors norme, atypique, singulier et unique. » Martine Piazzon, Froggydelight.com
Le texte de Witkacy se pose d’emblée comme exubérant, fantaisiste, élaboré. Le style baroque y est décliné avec une sophistication extrême, par des accumulations d’images, de métaphores, de comparaisons et de néologismes. Le texte nous confronte immédiatement à l’univers de son auteur, et révèle la profondeur et la vivacité de son esprit.
La « multiplicité des réalités » est évoquée par des images puissantes et dynamiques et les personnages expriment, par une parole très recherchée, leur inquiétude existentielle et leurs tourments destructeurs. L’œuvre de Witkacy, par sa prose colorée et énergique, constitue ainsi un terrain idéal de mise en scène théâtrale.
Matka est marquée par la présence du thème de l’inassouvissement, ce sentiment oppressant d’un manque désespéré qui renvoie les personnages à la violence de leur propre solitude. La mère recherche fébrilement l’attention de son fils, mais ce dernier y répond froidement, lorsqu’il ne demeure pas indifférent.
Chez Witkiewicz, les personnages cherchent à tout prix leur inassouvissement, pour combler le vide laissé par la solitude, mais n’y parviennent jamais. Les personnages luttent pour leur objectif sans pouvoir l’atteindre. L’inassouvissement, théorie et roman de Witkiewicz, renvoie à la difficulté même d’être, qui pousse à une quête existentielle effrénée, en allant parfois jusqu’à explorer ses propres limites et au risque de sa propre destruction.
L’œuvre de Witkiewicz ne se contente pas d’explorer les intrications de la parole. Elle manifeste aussi une véritable fascination pour le non-dit, l’inconscient et le mystère. Le sous-texte, ou le contenu implicite, prend une place essentielle chez lui. Lorsque les mots ne peuvent dire ce qui se joue, la danse prend le relais.
La chorégraphie imaginée par la metteure en scène permet de représenter sur scène les images de Witkacy, révélatrices du psychisme des personnages. Cette forme hybride composée de théâtre et de danse crée une troisième voie de lecture pour le public dans laquelle s’immisce l’inconscient. En ce sens, et parce qu’elle sert la tradition pluridisciplinaire du théâtre polonais qui guide Elizabeth Czerczuk, la danse est aussi importante que le théâtre.
Dans une atmosphère cauchemardesque, peuplée de femmes démoniaques, un couple se déchire. Elle l’a fait naître mais il la déçoit. Comme le créateur et son oeuvre. L’ironie s’unit ici aux affres du délire pour produire une pièce troublante et déroutante.
J’ai entrepris l’adaptation sur scène de l’oeuvre de Stanislaw Ignacy Witkiewicz pour répondre à l’appel d’une modernité originale et exigeante. S’il était possible autrefois d’édifier des oeuvres d’art sans utiliser de moyens pervers, aujourd’hui, sur le front brûlant du tempo de la vie, de la mécanisation sociale, de l’épuisement de tous les moyens d’action et de la montée de l’indifférence, il est devenu nécessaire, me semble-t-il, de recourir aux instruments de l’égarement, de la corruption, du dérèglement.
Witkiewicz, dont l’œuvre visionnaire prédisait notre monde actuel, manie brillamment ces instruments dans ses textes. Sa vision aiguë des contradictions humaines, et la manière singulière, divergente, quasi-schizophrénique avec laquelle il traduit en dialogues et en images cette vision, permettent l’expression dramatique d’une réflexion sur l’existence issue d’une émotion violente, et offrent ainsi un véritable défi théâtral.
Sa théorie « catastrophiste », qu’il suggère à travers les thèmes de la dégradation, de la destruction de la civilisation, de la violence et de l’irrationalité, transparaît dans cette pièce électrique où deux êtres qui s’aiment et se haïssent sont fatalement voués à l'affronter sans relâche.
Matka est aussi un hommage à la « Forme Pure », théorie de l’art que prônait Witkiewicz et qui repose sur l’unité dans la multiplicité. L’oeuvre est le reflet de son auteur, et constitue le prisme par lequel il transmet sa propre vision du monde au spectateur. La vision de Witkiewicz est celle d’un réel à cherchersous une multitude d’apparences. C’est pourquoi son théâtre est étrange, fantasque, surréaliste, trompeur.
Le jeu - du langage, des gestes, des symboles, de l’inconscient - est omniprésent, et les changements de registre sont fréquents. Le tragique est renversé, parfois brutalement, par le grotesque, et l’absurde côtoie l’irréel.
J’ai cherché à suggérer cet éclatement du genre théâtral caractéristique de Witkiewicz par la diversité des lieux, des éclairages, des ambiances sonores, de la chorégraphie et des jeux d’acteurs. Plusieurs dimensions sont à l’œuvre : l’acteur lui-même, en tant qu’humain, penseur ou artiste, et l’acteur en tant que personnage. Les personnages eux-mêmes dévoilent plusieurs facettes, comme la femme en tant qu’archétype, à la fois couveuse attentive à sa progéniture, moi possessif dévastateur, puis vierge-enfant-féminité absolue, et la « femme démoniaque » vouée à la destruction, mais aussi être humain en proie au mal de vivre et cherchant l’évasion par l’amour. À la « Forme Pure » s’ajoute l’Art total, qui est au fondement de ma démarche artistique. Une oeuvre telle que celle-ci exige ce que je recherche : un théâtre total où s’engagent, sans aucune demi-mesure ou approximation, la voix, le corps, la sensibilité du comédien, portés par musique originale qui exprime la présence de l’invisible sous les nombreuses apparences du visible. En somme, par cette « multiplicité des réalités » à l’œuvre, c’est le mystère de l’existence même, comme quelque chose qui est ressenti avant d’être dit, que je cherche à rendre visible sur scène pour le transmettre au spectateur.
Elizabeth Czerczuk
Un théâtre pas comme les autres et le spectacle qui nous emporte dans un univers fantastique grâce à sa scénographie, les costumes et la danse ! Bravo !
Un grand spectacle que MATKA inspiré de la pièce « Matka ou la Mère » de S.I. Witkiewicz, interprétée par Elizabeth Czerczuk qui en signe également la mise en scène et la chorégraphie. C’est sans doute l’un de ses spectacles le plus réussi. Dans ce troisième volet des « Inassouvis » comme dans les deux premiers : « Requiem pour les Artistes » et « Dementia Praecox », le public, ici assis sur une pelouse en pente, est partie prenante et se trouve totalement immergé dès les premières minutes. L’ambiance est donnée dès le départ par trois excellents musiciens : Thomas Ostowiecki aux percussions et aussi compositeur de la musique, Karine Huet à l’accordéon et Benjamin Ducasse au violon, mais aussi grâce au décor de Damien Chutaux qui démultiplie avec ses glaces l’espace et les personnages, le tout subtilement baigné d’une lumière tamisée. Après une altercation dans le public savamment orchestrée, l’intensité dramatique prend forme dès la descente d’un escalier par la Mère, fantastique Elizabeth Czerczuk en mère alcoolique et droguée toute dévouée à son fils Léon, Zbigniew Rola, dépravé profitant des faiblesses de celle-ci, odieux à souhait, fêtard et pourtant si pitoyable quand il apprend sa mort. Nous sommes pris aux tripes, nos yeux s’embuent de larmes et des frissons coulent le long de notre colonne vertébrale. Nous découvrons trois Mères : l’une vieillissante qui va mourir, l’autre habillée en jeune mariée et la dernière toute jeune femme, presque petite fille. Trois Mères et donc trois Elizabeth Czerczuk, si différentes les unes des autres, qui dévoile ici toute la palette de son talent. Je n’oublie pas les costumes de la polonaise Joanna Jasko-Sroka qui transfigurent les personnages, les danseuses qui nous envoûtent littéralement en se démultipliant dans les miroirs et le narrateur Yann Lemo. Vraiment un spectacle à voir et revoir. Catlow
Un ballet théâtral surprenant et envoutant. Bravo !
un spectacle fort , du vrai théâtre accompagné d une musique somptueuse dans un écrin de talent lumineux
Pour 4 Notes
Un théâtre pas comme les autres et le spectacle qui nous emporte dans un univers fantastique grâce à sa scénographie, les costumes et la danse ! Bravo !
Un grand spectacle que MATKA inspiré de la pièce « Matka ou la Mère » de S.I. Witkiewicz, interprétée par Elizabeth Czerczuk qui en signe également la mise en scène et la chorégraphie. C’est sans doute l’un de ses spectacles le plus réussi. Dans ce troisième volet des « Inassouvis » comme dans les deux premiers : « Requiem pour les Artistes » et « Dementia Praecox », le public, ici assis sur une pelouse en pente, est partie prenante et se trouve totalement immergé dès les premières minutes. L’ambiance est donnée dès le départ par trois excellents musiciens : Thomas Ostowiecki aux percussions et aussi compositeur de la musique, Karine Huet à l’accordéon et Benjamin Ducasse au violon, mais aussi grâce au décor de Damien Chutaux qui démultiplie avec ses glaces l’espace et les personnages, le tout subtilement baigné d’une lumière tamisée. Après une altercation dans le public savamment orchestrée, l’intensité dramatique prend forme dès la descente d’un escalier par la Mère, fantastique Elizabeth Czerczuk en mère alcoolique et droguée toute dévouée à son fils Léon, Zbigniew Rola, dépravé profitant des faiblesses de celle-ci, odieux à souhait, fêtard et pourtant si pitoyable quand il apprend sa mort. Nous sommes pris aux tripes, nos yeux s’embuent de larmes et des frissons coulent le long de notre colonne vertébrale. Nous découvrons trois Mères : l’une vieillissante qui va mourir, l’autre habillée en jeune mariée et la dernière toute jeune femme, presque petite fille. Trois Mères et donc trois Elizabeth Czerczuk, si différentes les unes des autres, qui dévoile ici toute la palette de son talent. Je n’oublie pas les costumes de la polonaise Joanna Jasko-Sroka qui transfigurent les personnages, les danseuses qui nous envoûtent littéralement en se démultipliant dans les miroirs et le narrateur Yann Lemo. Vraiment un spectacle à voir et revoir. Catlow
Un ballet théâtral surprenant et envoutant. Bravo !
un spectacle fort , du vrai théâtre accompagné d une musique somptueuse dans un écrin de talent lumineux
20, rue Marsoulan 75012 Paris