Avec la nouvelle pièce de Sonia Chiambretto, Sandrine Lanno met en scène des femmes libres de deux générations séparées par soixante-dix ans d'écart (des années 50 à nos jours) : celles que l'on a fait taire et celles que l'on veut discipliner.
Jeunes et insoumises, elles brûlent d’une soif vitale d’émancipation. Danser toute la nuit, barauder dans la ville, vivre comme elles veulent, sortir des cadres, loin des familles, de l’ordre moral et sexuel. Elles passent devant le juge des enfants, finissent dans des institutions disciplinaires. Dans les années cinquante, on les enferme au Bon Pasteur. En 2020, on les place en milieu fermé. Ici, une chambre grillagée, une route, un ciel et la liberté folle de ces jeunes filles.
Après Le Cours classique d’Yves Ravey, succès au Rond-Point en 2019, Sandrine Lanno compose une mosaïque de portraits de femmes authentiques à soixante-dix ans d’écart, révoltées des années cinquante ou rebelles d’aujourd’hui. Sonia Chiambretto mixe fiction et documents pour donner une langue puissante et musicale, théâtrale et poétique, à ces figures d’adolescentes qui s’opposent à l’autorité et résistent aux injonctions.
« Dans les années 50 comme aujourd’hui, on reproche à ces jeunes filles d’êtres dévergondées, délinquantes, déviantes, débauchées, fugueuses, indomptées, insoumises, insolentes, innéducables, incorrigibles, indisciplinées, irrécupérables, perdues, perverses, prostituées, rebelles, révoltées, scandaleuses, vicieuses, voleuses, violentes de tout temps, la société – au sens de la justice et de la famille - veut les enfermer pour les protéger, les préserver, les recadrer, les redresser, les rééduquer, les relever, les réinsérer, bref les re-mettre dans le droit chemin.
Pour faire entendre ces points communs malgré les 70 ans qui séparent ces deux époques, je souhaite mettre en regard la parole d’adolescentes actuellement placées en CEF à celle des « mauvaises filles » des années 50, afin de rendre visible leurs vies que la société d’hier et d’aujourd’hui préfère souvent cacher. Je pense que le pourquoi et le comment de l’enfermement de ces adolescentes, les conséquences sur leur liberté, leur égalité vis à vis des garçons, leur indépendance, sont des sujets riches et forts à partager avec des spectateurs et que le théâtre doit, peut s’en emparer ! » Sonia Chiambretto
2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris