Avec son humour désabusé et sans égal, Olivier Cadiot réfléchit en toute liberté à un nouveau modèle de « vivre ensemble ». Porté par un trio d’exception.
Une maison un peu abandonnée sert de retraite à trois personnages, endeuillés, malmenés, solitaires, que le hasard a fait se rencontrer. L’écrivain, l’anthropologue et le musicien vont tenter de soigner ensemble leur douleur de vivre, pour confectionner à eux trois un « manuel de survie » en milieu hostile. Ils dialoguent, s’unissent puis s’opposent, pirouettant au bord du vide, s’exaltant, doutant, rêvant…
Par une libre circulation dans les pages du roman ludique, foisonnant, réjouissant et subtilement politique d’Olivier Cadiot, Ludovic Lagarde et ses trois remarquables interprètes construisent un théâtre-fable fait de « rituels inventés », fortement teinté d’un humour parfois noir, pour, peut-être, se guérir, se reconstruire et finalement « tout reprendre à zéro ».
« Quel exercice virtuose ! Admirablement dit, incarné, dans des décors gris à l'élégance subtile, au milieu d'images vidéo à la poésie infinie. » Télérama Sortir TT
Dans un monde soudainement devenu illisible, trois personnes décident de faire bande à part, de s’isoler pour « tout reprendre à zéro » – et comprendre. Il y a le fondateur : Closure, artiste-écrivain, qui doit faire le deuil de son demi-frère et appréhender l’avènement d’un troisième « système cosmique ». Il y a sa première recrue, Mathilde, anthropologue de retour après des années de terrain, et qui revient pour enfin saisir la violence coercitive dans laquelle elle a grandi. Il y a enfin Pierre, adulte-enfant trouvé sur le chemin, à mi-chemin entre vendredi et Kaspar Hauser, vierge de
tout passé et de tout souvenir, et qu’ils vont adopter. C’est la rencontre de trois solitudes, chacune porteuse d’un deuil, qui se préparent pour l’avenir.
Dans cette aventure, il est question d’un lieu : une retraite isolée, une ruine à l’abandon où l’on pourrait revenir au point de départ en grattant une à une les couches de poussière qui ont enfoui les choses ; un lieu comme « une tablette de cire sur laquelle on écrit ». Il est aussi question de pratiques – politiques, artistiques, spirituelles ou scientifiques – et d’outils de prédilection : l’écriture pour Closure, l’anthropologie pour Mathilde, et la musique pour Pierre. « On se servira de ces phrases comme des pierres taillées. On échafaude tout ce qu’on voudra avec ça. »
Il est enfin question d’une expérience humaine : parce qu’à trois, Closure, Mathilde et Pierre reproduisent la forme la plus élémentaire d’une société. Une trinité à la fois unie et divisée, un triangle dont chaque sommet ne cesse de se repositionner par rapport aux deux autres : la possibilité d’une figure comme la possibilité d’un écart.
Au gré des rituels inventés et de leur perpétuel renouvellement, ce groupe va s’accorder et se désaccorder tel un instrument de musique. Quel sera le résultat de l’expérience ? Quelles traces laissera-t-elle ? Peut-on dire de la pièce qu’elle en est le résultat, ou bien qu’elle est précisément l’expérience en train de se faire ?
À la fois récit et performance, Médecine générale nous entraîne dans un temps en trompe-l’œil dans lequel « à force de partir en arrière, on ne sait plus comment ça commence. Comment ça finit ? »
Ludovic Lagarde
31, rue des Abbesses 75018 Paris