Les témoins parlent, les historiens écrivent, les artistes portent la parole. Ensemble, lecteurs et auditeurs, nous rebranchons deux fils dénudés sur le courant affaibli de la mémoire. Aux dires de certains anciens, c’est impuissants qu’ils ont assisté durant cette guerre à la spoliation des biens de personnes jugées indésirables sur le territoire, à l’enfermement, à l’humiliation puis à la déportation. Mais alors, témoins de ces horreurs, pourquoi continuent-ils de traiter cette population déshéritée de « voleurs de poules », à semer la mauvaise parole, jetant toujours le discrédit sur un peuple nomade ?
Avec cette lecture à deux voix, les interprètes cherchent à « redonner vie à ces oubliés de l’histoire » à partir de l’étude de l’historien Emmanuel Filhol portant sur la déportation de Tsiganes français au camp de Mérignac, Poitiers et Sachsenhausen (1940-1945). Il s’agit de remplir consciencieusement, dans un souci d’accomplissement du « Devoir », une case vide de la mémoire nationale, avec l’angoisse de voir ressurgir l’horreur demain matin...
Texte publié aux éditions l’Espace d’un instant.
78, rue du Charolais 75012 Paris