Deux protagonistes. Un corps fracturé entre le verbe et la musique pour conjuguer flash-back et présent. Le moteur dramatique de la pièce est ce rapport de dualité entre le Comédien passeur de l’histoire et le Musicien, personnage de la pièce, enfoui dans le mutisme. Raconter le récit de S. sans pathos, directement, simplement, en offrande, en laissant poindre ses moments d’humour mais surtout d’incompréhension et de rage.
Dans cette confession que nous prenons en cours « Donc, moi en 1992… », faire entendre avant tout cette parole implacable qui émane de cette oeuvre belle et forte, compacte, troublante. Lover Man de Charlie Parker est le point de départ donnant naissance à une musique improvisée agissant quelquefois en contrepoint ou encore mettant en abîme le récit. Création d’un univers sonore pour inscrire la présence des interprètes dans le rapport au temps, à la blessure, au silence.
Nema problema, « Pas de problème » en serbo-croate, est la seule réponse possible pour vaincre la peur, pour alléger la souffrance, quand on est jeune Italien de vingt-trois ans, amateur de photographie et de jazz, et qu’on se retrouve tout d’un coup au cœur de la Guerre, au cœur du conflit.
Nema problema, c’est la Croatie en 92 et un homme devenu vieux qui raconte sa transformation, sa métamorphose quand son corps de jeune homme a côtoyé la mort. Cette pièce en effet, interroge les mécanismes de la violence et de la barbarie humaine. Elle nous invite à nous poser toujours les mêmes questions : comment naît et s’organise un génocide ? Comment ceux qui pétrissent le pain arrivent à tronçonner les corps ? Comment devient-on complice ? Comment s’alimente et s’attise la haine entre les voisins voire les amoureux d’antan ?
C’est cela Nema problema, un homme à qui on appris à tuer, « à sauver sa peau » et qui a survécu à la Guerre et qui pour oublier, pour vivre et pour respirer s’abandonne à la musique, avec frénésie, avec acharnement, avec espoir aussi. Le texte de Laura Forti répond à une urgence : en plus d’être un témoignage, c’est une preuve que le « plus jamais ça ! » est une belle utopie, une naïveté, car après la Shoah, il y a eu le génocide rwandais et les Tutsis massacrés à coup de machette et tant d’autres, et qu’il est donc urgent de rappeler, de solliciter la mémoire souvent défaillante des hommes.
Par la Compagnie La Mandarine Blanche.
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.